Présidentielle américaine Benjamin Netanyahu «prie pour une victoire de Trump»

AFP

27.10.2024

Entre Kamala Harris et Donald Trump, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, va sûrement parier sur un retour du candidat républicain à la Maison Blanche le 5 novembre, malgré les incertitudes qui pèsent sur un soutien futur des Etats-Unis à Israël, estiment des experts.

Le retour au pouvoir de M. Trump, partisan d'une politique isolationniste, pourrait permettre à M. Netanyahu de mener les guerres à Gaza et au Liban comme il l'entend.
Le retour au pouvoir de M. Trump, partisan d'une politique isolationniste, pourrait permettre à M. Netanyahu de mener les guerres à Gaza et au Liban comme il l'entend.
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Pendant sa campagne, le Républicain s'est engagé à ce que Israël «ne soit plus menacé de destruction», affirmant que l'attaque sans précédent du Hamas le 7 octobre 2023 dans le sud du pays, qui a déclenché la guerre à Gaza, n'aurait «jamais eu lieu» s'il avait été au pouvoir.

Il a aussi encouragé le Premier ministre à bombarder les installations nucléaires iraniennes, un conseil que M. Netanyahu n'a semble-t-il pas suivi samedi lors des frappes nocturnes sur l'Iran.

Le retour au pouvoir de M. Trump, partisan d'une politique isolationniste, pourrait permettre à M. Netanyahu de mener les guerres à Gaza et au Liban comme il l'entend.

Netanyahu «a une très bonne relation avec les Républicains»

Benjamin Netanyahu «prie pour une victoire de M. Trump qui, pense-t-il, lui donnera beaucoup plus de liberté de mouvement pour faire ce qu'il veut», dit à l'AFP Gidon Rahat, professeur de sciences politiques l'Université hébraïque de Jérusalem.

L'analyste politique Aviv Bushinsky, ancien chef de cabinet de M. Netanyahu, estime lui que le dirigeant israélien «serait prêt à prendre le risque de l'imprévisibilité de M. Trump».

Plus largement, M. Netanyahu «a une très bonne relation avec les Républicains (...), contrairement aux Démocrates, qui lui ont mené la vie dure», explique M. Bushinsky.

En dix-sept ans de pouvoir, le Premier ministre israélien n'a eu qu'un interlocuteur républicain à la Maison Blanche, Donald Trump.

Lors de son premier mandat, l'ancien président avait déplacé l'ambassade américaine de Tel-Aviv à Jérusalem, reconnu la souveraineté d'Israël sur le Golan syrien occupé et convaincu deux pays arabes (Bahreïn et les Emirats arabes unis) de normaliser leurs relations diplomatiques avec Israël.

Ces décisions avaient fait monter la cote de popularité de M. Netanyahu, tant elles étaient alignées sur sa politique.

«Nous allons travailler avec eux de très près»

M. Trump a également vanté récemment ses discussions quasi quotidiennes avec M. Netanyahu, avec qui il assure avoir une «très bonne relation». «Nous allons travailler avec eux de très près», a-t-il affirmé lors d'un meeting de campagne.

Le soutien inconditionnel de l'administration Trump à Israël a également trouvé un écho dans l'opinion publique israélienne.

Selon un sondage réalisé en septembre pour l'Institut israélien pour la politique étrangère régionale (Mitvim), 68% des sondés estimaient M. Trump était le mieux placé pour protéger les intérêts du pays.

La vice-présidente démocrate, Kamala Harris, n'a recueilli que 14% d'opinions favorables malgré ses déclarations sur son soutien indéfectible à Israël, car elle doit aussi compter sur les voix de la communauté arabe américaine, majoritairement pro-palestinienne, pour l'emporter.

«En Israël, plus que dans n'importe quelle démocratie libérale hors des Etats-Unis, M. Trump est plus populaire que Mme Harris», dit Nadav Tamir, un ex-diplomate en poste aux Etats-Unis et membre du comité directeur de Mitvim.

Mais il pourrait y avoir des surprises avec une nouvelle administration Trump, prévient-il, car le candidat s'est entouré de Républicains «isolationnistes qui ne veulent plus que Washington soit le dirigeant du monde libre ou qu'il participe à des alliances internationales».

«Les Palestiniens n'ont confiance dans aucun des deux candidats»

Les Palestiniens voient l'élection américaine avec encore moins d'enthousiasme, estime Khalil Shikaki, professeur de sciences politiques à Ramallah, en Cisjordanie occupée.

«Il va sans dire que les Palestiniens n'ont confiance dans aucun des deux candidats et qu'ils voient peu de différences entre eux», rappelle le directeur du Centre palestinien de recherche sur les politiques et les sondages.

Un haut responsable du Hamas, Taher al-Nounou, affirme à l'AFP que «les administrations américaines successives ont toujours été partiales sur l'occupation israélienne et la considèrent comme faisant partie de leur projet dans la région».

Le dirigeant du mouvement islamiste voit lui aussi «peu de différences» entre les deux candidats dans leurs relations avec Israël et «leur position concernant le peuple palestinien, ses droits et sa résistance».

Sa vision est partagée par une partie de la population palestinienne. «Je ne pense pas que l'élection américaine aura un effet positif sur notre réalité politique», estime Leen Bassem, une étudiante de 21 ans à l'Université Birzeit à Ramallah.

Hassan Anwar, ingénieur du son de 42 ans, ne voit «aucune différence entre Harris et Trump, la politique américaine est très claire sur son soutien à Israël».