Coronavirus AstraZeneca de nouveau sur la sellette

ATS

23.3.2021 - 19:18

Une agence américaine a mis en doute mardi l'efficacité revendiquée par AstraZeneca pour son vaccin, un nouveau coup pour le laboratoire déjà sous pression en Europe, alors que le Royaume-Uni rendait hommage aux victimes du Covid-19.

AstraZeneca avait défendu lundi son vaccin, mis en doute par une bonne partie des Européens et pas encore approuvé aux Etats-Unis.
AstraZeneca avait défendu lundi son vaccin, mis en doute par une bonne partie des Européens et pas encore approuvé aux Etats-Unis.
KEYSTONE

Alors que le recours au vaccin AstraZeneca est crucial au moment où s'accélère la troisième vague de la pandémie en Europe, un institut américain a lancé un nouveau pavé dans la mare: le laboratoire suédo-britannique a pu utiliser des données «obsolètes» lors de ses essais cliniques aux Etats-Unis.

Selon l'Institut national des maladies infectieuses et des allergies (NIAID), qui supervise des essais cliniques de vaccins aux Etats-Unis, cela peut «avoir abouti à une estimation incomplète de l'efficacité» du vaccin».

AstraZeneca, pressé par l'institut de «rendre publiques au plus vite» les données «les plus précises, les plus récentes et les plus efficaces possibles», a indiqué qu'il fournirait sous 48H des données récentes au régulateur américain.

AstraZeneca avait défendu lundi son vaccin, mis en doute par une bonne partie des Européens et pas encore approuvé aux Etats-Unis, affirmant qu'il était efficace à 80% contre le Covid chez les personnes âgées et n'augmentait pas le risque de caillots, après des essais cliniques de phase III menés aux Etats-Unis, avec 32'449 participants.

Pour ces résultats, il a précisé mardi avoir utilisé des données remontant à avant le 17 février.

Plus de 126'000 morts en un an

Pays le plus endeuillé d'Europe, le Royaume-Uni s'est figé à 12H00 GMT lors d'une minute de silence en hommage à ses 126'000 morts de la pandémie, un an jour pour jour après la mise en place du premier confinement.

En Allemagne, la décision a été annoncée au terme de près de douze heures de négociations entre la chancelière et les Etats-régions: la plupart des magasins seront fermés, les offices religieux annulés le week-end de Pâques, du 1er au 5 avril, et les rassemblements interdits.

Vacciner «matin, midi et soir»

«La situation est grave, très grave. Le nombre de cas augmente de manière exponentielle et les lits de soins intensifs se remplissent à nouveau», a souligné Angela Merkel. Pire, l'Allemagne est entrée dans une «nouvelle pandémie» en raison de la propagation des nouveaux variants.

En France, où la vaccination est le «coeur de la bataille» selon Emmanuel Macron, quelques 35 «vaccinodromes» seront opérationnels les prochains jours. Il faut vacciner «au maximum», «matin, midi et soir», a résumé mardi le président. Le Stade de France aux portes de Paris se convertit en centre de vaccination contre le Covid-19 à partir du 6 avril, avec un objectif d'accueillir 10'000 personnes par semaine.

Parallèlement, les chefs de la diplomatie russe et chinoise ont fustigé mardi la politique des Occidentaux en matière de vaccins, se défendant de leur côté de tout «opportunisme» et assurant ne chercher qu'à «sauver des vies».

Ces propos interviennent en pleine période de tensions autour de l'homologation du vaccin russe Spoutnik V dans l'UE, la Russie accusant Bruxelles de ralentir volontairement ce processus. Bruxelles accuse de son côté Moscou et Pékin d'"instrumentaliser les vaccins à des fins de propagande».

Le Vietnam vient lui d'approuver le Spoutnik V, après avoir autorisé le vaccin AstraZeneca. Au total, 56 pays ont autorisé le vaccin russe.

Poutine se vaccine

Le président russe Vladimir Poutine, 68 ans, devrait se faire vacciner dans la soirée, une annonce longuement attendue alors qu'il avait fait une promesse en ce sens en décembre.

Mais ce sera sans caméra, et sans préciser s'il se fait injecter le Spoutnik V, l'injection phare de Moscou, ou l'un des deux autres vaccins développés par le pays.

La Commission européenne adoptera mercredi un durcissement du contrôle des exportations de vaccins anti-Covid fabriqués sur son sol, une mesure qui devrait cibler AstraZeneca et qui alimente les tensions avec le Royaume-Uni sans faire l'unanimité des 27.

L'exécutif européen «adoptera une révision du mécanisme de transparence et d'autorisation des exportations» de vaccins, a annoncé mardi un porte-parole de l'institution, lors d'une conférence de presse.

La pandémie a fait au moins 2,723 millions de morts à ce jour, selon un bilan établi mardi par l'AFP à partir de sources officielles.

Réinfections

Et l'Ukraine a enregistré mardi un record de décès quotidiens liés au coronavirus avec 333 morts, les autorités reconnaissant que la situation «s'aggrave» dans le pays où la vaccination est très à la traîne.

En République tchèque, ce sont les réinfections qui inquiètent: le nombre de cas de personnes infectées deux fois recensées depuis le début de la pandémie est passé à 1400 à la date du 28 février, contre 158 cas fin janvier.

Au Brésil, les réserves d'oxygène destinées à la respiration artificielle de patients gravement atteints de Covid-19 ont atteint des niveaux «préoccupants» dans six Etats du Brésil, où la pandémie flambe, a révélé mardi le parquet dans un communiqué.

Seule lumière, venue d'Espagne: Madrid lèvera le 30 mars les restrictions en vigueur depuis décembre sur les arrivées en provenance du Royaume-Uni.