Jacqueline de Quattro «Voiler des enfants, c'est absurde. Ce ne sont pas des objets de désir»

blue News

12.6.2024

La conseillère nationale PLR Jacqueline de Quattro milite pour l'interdiction du voile dans les écoles maternelles et primaires en Suisse. «Le port du voile entrave l’intégration et la liberté de mouvement des petites filles», déplore-t-elle dans les colonnes de Blick. Le Conseil national a accepté son postulat.

Jacqueline De Quattro pointe du doigt l'hypocrisie de notre société «progressiste» qui soutient les femmes iraniennes dans leur lutte contre le voile, mais s'indigne lorsqu'il s'agit de l'interdire aux petites filles en Suisse (archives).
Jacqueline De Quattro pointe du doigt l'hypocrisie de notre société «progressiste» qui soutient les femmes iraniennes dans leur lutte contre le voile, mais s'indigne lorsqu'il s'agit de l'interdire aux petites filles en Suisse (archives).
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«Tous les enfants doivent pouvoir se développer sans entrave dans nos établissements de formation, sans devoir porter un voile. Ces vêtements, qui discriminent les filles musulmanes et témoignent de leur obligation de faire acte de soumission, sont contraires à la Constitution suisse»: ce postulat, initié par la sénatrice argovienne Marianne Binder-Keller (Centre) et repris par Jacqueline de Quattro, a été accepté par le Conseil national lundi.

Le voile pourrait donc être banni des écoles primaires en Suisse, du moins pour les activités sportives. 

«Un intérêt public prépondérant»

Pour la conseillère nationale PLR, il est évident que les fillettes en maternelle ou primaire, n'étant pas pubères, n'ont rien à cacher. «Voiler des enfants ne correspond en rien à ce qu'on nous raconte sur les femmes qui doivent être modestes pour ne pas titiller les désirs. C'est absurde. Les enfants ne sont pas des objets du désir», déclare-t-elle à «Blick».

Pour sa part, le Conseil fédéral a recommandé de rejeter le postulat, affirmant qu'il empiète sur la compétence des cantons et serait anticonstitutionnel. En 2015, le Tribunal fédéral avait jugé qu'une interdiction générale faite aux écolières de porter le voile dans les écoles publiques serait une atteinte grave et disproportionnée à la liberté religieuse.

La Vaudoise rétorque que, dans sa décision, le Tribunal fédéral n'exclut pas «une interdiction ponctuelle fondée sur un intérêt public prépondérant». De fait, une interdiction du voile pour les cours de gym et de piscine devrait être possible.

«Cela les met vite de côté»

«Si on ne veut pas le proscrire dans les salles de classe, qu'on le fasse au moins pour le sport», plaide la libérale-radicale. Selon elle, le port du voile «entrave l’intégration et la liberté de mouvement des petites filles», les empêchant de participer pleinement aux cours de gymnastique et de natation. «Cela les met vite de côté et en fait des camarades de classe 'qui ne jouent pas avec nous'», dénonce-t-elle. 

Pour l'ancienne ministre, cet «intérêt public prépondérant» repose sur la nécessité d’offrir les mêmes chances à tous les enfants. «Nos écoles sont des espaces de liberté où l'enfant peut s'épanouir, quel que soit le cadre à la maison. Nos valeurs suisses, l'État de droit, la liberté de mouvement, l’égalité des chances et la laïcité de l’école publique doivent être respectées», insiste-t-elle.

Enfin, elle pointe du doigt l'hypocrisie de notre société «progressiste» qui soutient les femmes iraniennes dans leur lutte contre le voile, mais s'indigne lorsqu'il s'agit de l'interdire aux petites filles en Suisse.

Le postulat a été accepté par 104 voix contre 77, avec 10 abstentions. Le Conseil fédéral examinera la possibilité de créer une base légale pour cette interdiction, qui pourrait être inscrite dans la Constitution.