L'affaire va-t-elle vite se dégonfler? Voilà de quoi est capable un ballon espion

L'armée américaine a découvert un ballon espion dans son propre espace aérien. Le fait qu'il proviendrait de Chine pèse encore plus sur les relations déjà difficiles entre les deux pays. Mais cette agitation est-elle justifiée ?

Un ballon espion présumé chinois survole les Etats-Unis, selon le Pentagone

Les Etats-Unis et le Canada traquaient vendredi au moins un ballon volant au-dessus de l'Amérique du Nord, suspecté d'être un ballon espion chinois, ravivant les tensions entre Washington et Pékin.

03.02.2023

Les Etats-Unis sont convaincus que le ballon apparu dans l'Etat du Montana (nord-ouest) au-dessus d'une zone abritant des bases aériennes et des bases de lancement de missiles nucléaires est chinois et sert à l'espionnage. Il a été envisagé d'abattre le ballon, mais il a été décidé de ne pas le faire, car les débris pouvaient blesser des personnes.

TensionUn ballon espion chinois survole l'Amérique du Nord

Entre-temps, la Chine a fait savoir qu'elle voulait éclaircir ce qui se cache derrière les accusations des Etats-Unis. «La vérification est en cours», a déclaré une porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, ajoutant que tant que les faits ne seraient pas connus, un «battage médiatique» autour de cette affaire n'aiderait pas à la régler. 

«Involontaire»Pékin regrette l'entrée d'un ballon dans le ciel américain

Aux Etats-Unis, le ballon fait en effet beaucoup parler de lui. Les médias en parlent largement, les spéculations les plus folles s'expriment sur Twitter et les républicains voient dans ce ballon l'échec complet du gouvernement Biden.

Mais l'agitation autour du ballon espion présumé est-elle vraiment justifiée? Après tout, selon le Pentagone, aucune personne ne serait en danger et la probabilité d'être espionné serait relativement faible, raison pour laquelle l'armée américaine a jusqu'à présent renoncé à un tir. 

Rien du tout. Au contraire, cette technique d'espionnage a déjà quelques décennies d'existence. Pendant la guerre froide notamment, les militaires envoyaient des centaines de ballons pour surveiller le camp adverse. Avec le développement de la technologie satellite, ils sont toutefois passés de mode.

Les ballons sont difficilement détectables avec les technologies de surveillance traditionnelles, car ils n'émettent presque rien. De plus, l'électronique utilisée pour la surveillance est désormais si petite et légère que les ballons espions sont «plus petits, moins chers et plus faciles à lancer», explique l'ancien officier de l'armée de l'air australienne Peter Layton sur CNN.

De plus, les ballons peuvent être contrôlés dans une certaine mesure à l'aide d'ordinateurs de bord afin d'exploiter les conditions de vent et qu'ils puissent monter et descendre dans une mesure limitée. Cela leur permettrait de flotter plus longtemps au-dessus d'une zone et de fournir éventuellement de meilleures données.

«On ne peut jamais savoir exactement où ils vont dériver», ajoute Blake Herzinger de l'American Enterprise Institute. C'est un grand avantage par rapport aux satellites, dont la trajectoire est plus prévisible.

Les experts estiment que le ballon permettrait de surveiller les systèmes de communication à haute fréquence et à courte portée, les communications par téléphone portable et par radio. Comme les ballons sont très ciblés en raison de la visibilité, il est «possible qu'un ballon soit une meilleure plate-forme de détection qu'un satellite pour une telle détection technique spécifique», selon Peter Layton.

Il est en tout cas possible que le ballon ait été lancé en Chine et qu'il ait dérivé vers les États-Unis grâce à des vents d'altitude. Selon le «New York Times», un fonctionnaire du Pentagone a confirmé que le ballon avait plané ces derniers jours de la Chine vers l'Alaska en passant par les îles Aléoutiennes et le nord-ouest du Canada avant d'apparaître au-dessus du Montana.

Selon ses propres informations, le Canada travaille avec les Etats-Unis à la poursuite du ballon volant à haute altitude et examine en outre un «éventuel deuxième incident».

Ces dernières années, «une poignée» de ballons de surveillance ont déjà été aperçus au-dessus des Etats-Unis, a expliqué le Pentagone. Le ballon actuel, c'est la différence avec les cas précédents, «semble flotter pendant une période prolongée».

Le Pentagone n'en a pas dit beaucoup plus. L'expert militaire Ed Nash a résumé la réaction du ministère américain de la Défense sur Youtube (voir le clip ci-dessous) de la manière suivante : «Nous gardons un œil dessus, mais ce n'est pas une grosse affaire».