«Guanziroli au tribunal»Une personnalité suisse tombe dans les griffes de la mafia
Silvana Guanziroli
28.12.2018
Une personnalité suisse a mis sa villa en vente sur Internet – et s'est finalement fait extorquer 86'000 francs. Elle a donc été victime d'une véritable escroquerie. La victime revient pour la première fois sur les faits avec «Bluewin».
Cette femme* est régulièrement invitée sur les plateaux d'émissions télévisées. Dans son domaine, c'est une sommité. Elle semble sûre d'elle, comme si rien ne pouvait l'intimider. Cependant, cet événement a bien failli bouleverser sa vie. «Cette histoire reste une tache sombre dans ma vie», déclare-t-elle dans une tentative d'expliquer ce qu'elle ressent. Elle ne cesse de se demander comment elle a pu tomber aussi naïvement dans le piège. «Et s'il m'était arrivé bien pire?», se questionne-t-elle.
Elle souhaite désormais raconter son histoire, afin d'essayer d'en finir avec cette affaire. Cependant, elle n'ose pas s'exprimer ouvertement en public. «J'ai peur que mes opposants politiques s'en servent contre moi», explique-t-elle pour justifier son souhait de garder l'anonymat. «Mais je trouve important de mettre fin aux agissements de ces escrocs et de mettre les autres en garde.» C'est pourquoi elle a également porté l'affaire devant la justice. «J'ai déposé plainte auprès du ministère public zurichois.»
Inscription sur un portail immobilier
L'histoire de cette femme commence il y a environ dix ans. À l'époque, elle fait l'acquisition d'une vieille villa en Suisse romande. Pendant des années, elle investit énormément d'argent, de temps et d'énergie dans la rénovation du bien immobilier. «En réalité, ces travaux ont englouti presque toutes mes économies», explique-t-elle.
En mai 2008, elle décide de vendre sa propriété. Sa conseillère bancaire la soutient et inscrit la villa sur le portail immobilier «Homegate». Si les demandes de renseignements et les coups de téléphone se multiplient, la femme ne reçoit au départ aucune offre concrète. Jusqu'à ce qu'une personne intéressée se manifeste.
«Il s'appelait Kirilo Kostatin et nous a indiqué qu'un investisseur du nom d'Andrei Bellow souhaitait acheter la maison», explique la femme. L'homme explique alors, dans un allemand presque parfait, qu'il est homme d'affaires et vit à Berlin. Pendant plusieurs jours, il entretient des contacts étroits, tant par mail que par téléphone, avec la conseillère bancaire. «Il a finalement déclaré que l'investisseur Andrei Bellow souhaitait acquérir la maison pour la somme de trois millions de francs.»
Kirilo Kostatin propose à la femme une rencontre à Milan. «Il voulait payer une avance de 300'000 francs et signer le compromis de vente par la même occasion. C'était tout à fait sensé», se souvient-elle. «Il m'a ensuite demandé une faveur. Il m'a dit qu'il avait besoin de francs suisses et m'a demandé si je pouvais lui apporter 70'000 francs en échange d'euros.» La femme demande alors conseil à sa conseillère bancaire, qui la rassure. «Elle m'a dit que ces transactions étaient très courantes. Je lui ai fait confiance.»
Commande d'une montre Rolex par téléphone
Le rendez-vous est fixé. Peu avant que la femme ne parte pour l'Italie avec sa conseillère bancaire, Kirilo Kostatin la contacte à nouveau par téléphone. «Il m'a parlé d'une montre Rolex introuvable en Italie. Il voulait absolument ce modèle et a indiqué qu’il me rembourserait bien évidemment», explique la femme. «Je me suis donc rendue à Bahnhofstrasse et j'ai acheté cette montre. Quand j'y repense, je n'arrive pas à m'expliquer comment j'ai pu faire une telle chose.» Prix: 16'150 francs.
Le lendemain, les deux femmes arrivent à Milan avec 70'000 francs en liquide dans leurs valises – et la Rolex. Elles se rendent au lieu de rendez-vous, le «Doria Grand Hotel», situé à proximité de la gare centrale. «Je me souviens très bien que je n'étais pas dans mon assiette ce jour-là, mais pas au point de rentrer chez moi», explique-t-elle.
Ils finissent par se retrouver dans le hall de l'hôtel. «Un homme plutôt petit d’environ 35 ans s'est alors présenté à nous en disant être Andrei Bellow. Il portait un costume foncé, avait les cheveux foncés et nous a paru digne de confiance au premier abord», se souvient la femme. Après les salutations de circonstance, l'homme aurait rapidement commencé à parler affaires. «Il nous a présenté le compromis de vente signé et nous a demandé l'argent et la montre en contrepartie.» La femme lui remet les deux. Andrei Bellow l'invite à l'accompagner dehors, car il doit encore retirer les euros qu'il lui doit à la banque en face. «Tout s'est alors passé très vite. Il s'est subitement retourné, s'est mis à courir et est monté dans une petite Fiat qui l'a embarqué. J'étais comme pétrifiée, mais ai tout de même réussi à voir le numéro d'immatriculation.»
L'employée de banque prend alors son téléphone, appelle l'escroc et tente de le ramener à la raison. «Il a alors commencé à nous menacer. Il a dit qu'il se passerait quelque chose de grave si nous ne rentrions pas immédiatement en Suisse. Nous avions très peur.»
Un incident refoulé par honte et sentiment de culpabilité
De l'eau a coulé sous les ponts depuis cet incident. «Par honte et sentiment de culpabilité, j'ai tenté de refouler cet événement. Je pensais que je devais prendre le taureau par les cornes et tout simplement accepter le fait que j'avais perdu autant d'argent.»
Cependant, si elle n'a porté plainte que maintenant, c'est également pour un autre motif: sa conseillère bancaire. «Elle avait peur que la procédure lui coûte son poste. Et je ne voulais pas lui infliger ça.» Cependant, elle doit aujourd'hui penser à elle. «Si je n'agis pas, cette affaire ne me quittera jamais.»
Car la femme le sait aujourd'hui: elle est loin d'être la seule victime. Ces hommes commettent leurs méfaits dans toute l'Europe. La «Landeskriminalamt» de Graz, en Autriche, appuie les propos de la femme: «Grâce aux données que vous nous avez fournies au sujet du rip deal dont vous avez été victime, nous avons pu établir des liens avec d'autres affaires. Le numéro de téléphone que vous nous avez donné, par exemple, apparaît dans une autre affaire, dont la victime est également un citoyen suisse.» Et: «Fin 2011/début 2012, cinq escrocs ont pu être arrêtés, des escrocs que nous pensons issus de ce groupe.»
La femme espère qu'avec sa plainte, elle incitera la police à entreprendre des recherches pour retrouver la Rolex. «Nous pourrons ainsi peut-être retrouver la trace de cet escroc. S'il a échappé à la justice jusqu'à présent, il est grand temps qu'il soit sanctionné comme il se doit.»
La police cantonale de Bâle recherche ce braqueur de station-service depuis novembre 2017.
Photo: Kapo Basel
Dans la nuit du 19 au 20 mars 2010, un apprenti jardinier zurichois de 17 ans a été assassiné devant un club branché du 5e arrondissement de Zurich. Cette affaire n'a pas encore été résolue. Sur la photo, on peut voir l'auteur présumé des faits.
Photo: Kapo Zürich
Cela fait trois ans que la police cantonale de Saint-Gall est à la recherche du détenu en fuite Pajtim Haziraj.
Photo: Kapo St. Gallen
La police recherche ce braqueur, qui a attaqué une station-service située sur la route vers Bulle (Fribourg), depuis novembre 2017.
Photo: Kapo FR
À Berne, cela fait 15 ans que la police recherche le meurtrier de l'Albanais du Kosovo Imri Djeledini, retrouvé assassiné dans l'Altisbergwald, à Kräiligen (Berne), en 2003.
Photo: www.police.be.ch
Le 19 avril 2017, au cours du braquage d'un magasin au sein duquel se trouvaient deux employés, un homme armé et cagoulé s'est emparé de plusieurs centaines de francs en liquide. Personne n'a été blessé.
Photo: Kapo Zürich
Cet homme armé, qui a dérobé plusieurs centaines de francs au cours d'un braquage perpétré à la gare de Bülach le 3 mars 2017, est également activement recherché.
Photo: Kapo Zürich
Le 24 octobre 2017, cet inconnu a attaqué une agence bancaire Raiffeisen dans le quartier bernois de Bümpliz.
Le logement de Bruno Zwahlen à Kehrsatz (Berne), dans le congélateur duquel a été retrouvé le cadavre de sa femme au début du mois d'août 1985. Cliché pris en avril 1993.
Photo: Keystone
Portrait de Christine Zwahlen, assassinée à l'été 1985.
Photo: Keystone
Bruno Zwahlen, incarcéré pour le meurtre de sa femme. Cliché pris le 17 avril 1991 dans la cour de la prison de Thorberg, à Krauchtal (Berne).
Photo: Keystone
Thorberg, à Krauchtal (Berne), 1991.
Photo: Keystone
Libéré de prison, Bruno Zwahlen répond aux questions des journalistes au cours d'une conférence de presse. Cliché pris le 20 avril 1991.
Photo: Keystone
Bruno Zwahlen, à gauche, discute avec Verena Sala, de l'association «Justice pour Bruno Zwahlen». Cliché pris durant la conférence de presse du 20 avril 1991.
Photo: Keystone
Devant les médias, 20 avril 1991.
Photo: Keystone
Le 29 mai 1993, Bruno Zwahlen quitte la Cour suprême du canton de Berne après son acquittement.
Photo: Keystone
Bruno Zwahlen, au centre, photographié en compagnie de Peter Saluz, à gauche, et d'Eva Saluz, à droite, le 1er juin 1993. Bruno Zwahlen a été acquitté le 29 mai 1993.
Photo: Keystone
La Cour de cassation de la Cour suprême du canton de Berne a rejeté la demande de reprise de la procédure contre Bruno Zwahlen introduite par le procureur bernois Heinz W. Mathis en janvier 1996 en raison de prétendues «nouvelles informations sur l'arme du crime».
Photo: Keystone
Bruno Zwahlen reste donc un homme libre et le meurtre de son épouse, commis à l'époque plus de 12 ans auparavant, reste inexpliqué.
Photo: Keystone
Suivi de journalistes, Bruno Zwahlen pénètre dans les bâtiments de la Cour suprême du canton de Berne, où va reprendre le procès dans le cadre du meurtre de Kehrsatz, commis en 1985. Cliché pris le 14 avril 1993.
Photo: Keystone
L'affaire Bruno Zwahlen (image d'archive de 1993) entre dans une nouvelle phase. Le 2 juin 1997, un sellier de Kehrsatz doit répondre de ses actes devant le tribunal d'arrondissement de Berne-Laupen. Il est accusé d'avoir fait de fausses déclarations durant le deuxième procès principal de Bruno Zwahlen.
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