Un expert met en garde «Une nouvelle pandémie surviendra, probablement plus tôt qu'on le pense»

Relax

19.7.2024 - 11:29

(AFP) – Yuen Kwok-yung, éminent chercheur et médecin hongkongais qui a combattu les virus les plus dangereux, avertit qu'une nouvelle pandémie est inévitable et pourrait causer des dégâts bien plus graves que le Covid-19.

Yuen Kwok-yung avertit qu'une nouvelle pandémie est inévitable et pourrait causer des dégâts bien plus graves que le Covid-19.
Yuen Kwok-yung avertit qu'une nouvelle pandémie est inévitable et pourrait causer des dégâts bien plus graves que le Covid-19.
ISAAC LAWRENCE / AFP

Le scientifique à la voix douce, parfois comparé à l'expert américain Anthony Fauci, ex-conseiller en santé publique des présidents américains, appelle les responsables politiques mondiaux à prendre la mesure des risques.

«Le grand public et les dirigeants doivent admettre qu'une nouvelle pandémie surviendra, et probablement plus tôt qu'on le pense», a-t-il déclaré dans un entretien à l'hôpital Queen Mary de la ville où il travaille et enseigne.

«Si je fais une prédiction aussi effrayante, c'est parce que, comme on le voit clairement, les changements géopolitiques, économiques et climatiques sont très rapides», explique-t-il à l'AFP.

Les hommes politiques doivent «revenir à la raison» et résoudre les «menaces existentielles mondiales», avertit le chercheur dans sa nouvelle autobiographie intitulée «My Life in Medicine: A Hong Kong Journey» (non traduit en français).

Alors que les dirigeants mondiaux sont occupés par des questions «d'intérêt national ou régional», M. Yuen estime que l'évolution rapide du climat et les maladies infectieuses émergentes devraient être une priorité absolue. «C'est quelque chose de si important que nous ne devrions pas l'ignorer».

- Origines modestes –

Autorité mondialement reconnue sur les coronavirus, l'homme a des origines modestes.

Né à Hong Kong à la fin des années 1950, il a grandi avec ses parents et ses trois frères dans un appartement étriqué. Diplômé de médecine en 1981, il a travaillé dans les hôpitaux publics de la ville, où les médecins sont beaucoup moins bien payés que dans le privé.

C'est en 2003 qu'il s'est fait connaître du grand public, après avoir réussi, avec son équipe, à isoler et à identifier le Syndrome respiratoire aigu sévère ou SRAS, maladie infectieuse des poumons causée par un coronavirus.

Il s'agissait d'une étape essentielle pour tester, diagnostiquer et traiter la maladie, apparue dans le sud de la Chine et à Hong Kong avant de se propager dans le monde entier.

Le virus a tué près de 300 personnes dans la ville en l'espace de deux mois, un bilan surpassé seulement par celui de la Chine continentale.

Cette expérience l'a guidé quand est survenue la pandémie de Covid-19, qui a ravagé Hong Kong en raison d'un taux de vaccination très bas, en particulier chez les personnes âgées.

«Nous avons bénéficié des 20 années d'études qui ont suivi l'épidémie de SRAS», écrit-il dans son livre.

Les mesures de prévention ont été efficaces pour gagner du temps en attendant le développement des vaccins «jusqu'à l'intervention d'autres facteurs que l'on n'a pas pu arrêter ou surmonter – la peur, l'ignorance, une mauvaise communication et la désinformation», note-t-il.

Malgré des mesures de confinement rigoureuses et de longues quarantaines, Hong Kong a enregistré quelque trois millions de cas d'infections au Covid-19, soit environ la moitié de sa population, et plus de 13.800 décès.

C'était une période intense pour M. Yuen, qui s'est fait connaître comme expert auprès du gouvernement et qui a rédigé plus de 100 études sur le virus, évaluées par des pairs.

A plusieurs reprises, il s'est également retrouvé en position délicate, notamment quand son appel à lever les restrictions en 2022 a été rejeté, les autorités de la ville choisissant de d'aligner les mesures sur la politique chinoise du «zéro Covid», qui consiste à fermer les frontières et à instaurer des strictes quarantaines.

Celui qui se décrit comme un «détective» médical a également été ciblé par des plaintes qui ont mis sa licence de médecin en péril pour avoir qualifié de «scène de crime» le marché aux fruits de mer de Wuhan, en Chine, où les premiers cas de Covid-19 ont été détectés.

- «Enquête transparente» –

Aujourd'hui, M. Yuen choisit ses mots avec soin et évite les sujets politiques, mais il continue à affirmer qu'il est essentiel de comprendre les origines du Covid-19.

Il est «important de mener une enquête de manière ouverte et transparente» afin d'en tirer des enseignements pour la prévention des pandémies futures.

L'Organisation mondiale de la Santé (OMS) a demandé à la Chine d'être plus transparente sur les origines de la pandémie, sans toutefois tirer de conclusions définitives sur la source.

L'année dernière, M. Yuen a créé l'Alliance pour la recherche sur les pandémies, avec ses homologues de Chine continentale et des Etats-Unis, dans le but de partager des informations et la recherche sur les menaces futures.

«C'est une mauvaise idée d'arrêter ou d'empêcher ces échanges, car ils protègent tout le monde, a-t-il déclaré. «Si nous n'en parlons pas (...) et qu'une autre pandémie survient, nous devrons à nouveau payer un lourd tribut».

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