Allocution décousue Trump dénonce des «chasses aux sorcières» pour l'empêcher d'être élu

AFP

6.9.2024

A 60 jours de l'élection présidentielle américaine, le candidat républicain Donald Trump a prononcé vendredi une allocution décousue, s'épanchant sur ses ennuis judiciaires plutôt que sur sa stratégie pour battre Kamala Harris dans les urnes.

Sans prendre la moindre question de la presse, le septuagénaire, semblant particulièrement agacé, s'en est aussi pris à ses avocats, installés autour de lui le regard dans le vide, se disant «déçu» de leur travail.
Sans prendre la moindre question de la presse, le septuagénaire, semblant particulièrement agacé, s'en est aussi pris à ses avocats, installés autour de lui le regard dans le vide, se disant «déçu» de leur travail.
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L'ancien président avait convoqué des journalistes pour une conférence de presse dans l'une de ses propriétés à New York, la Trump Tower, sans motif particulier.

Arborant sa traditionnelle cravate rouge, il a évoqué pèle-mêle son procès au civil pour agression sexuelle et sa condamnation au pénal fin mai: des «chasses aux sorcières» pour l'empêcher d'être élu, selon lui.

Sans prendre la moindre question de la presse, le septuagénaire, semblant particulièrement agacé, s'en est aussi pris à ses avocats, installés autour de lui le regard dans le vide, se disant «déçu» de leur travail.

Ce n'est qu'au bout de 40 minutes de cette tirade singulière que le républicain a commencé à évoquer sa rivale Kamala Harris, assurant qu'il était «largement en tête» des sondages.

Les enquêtes d'opinion sont bien plus nuancées sur cette question, plaçant pour l'heure les deux candidats au coude-à-coude.

Après ce discours, le républicain doit se mettre en route pour la Caroline du Nord, l'un des Etats les plus disputés de la présidentielle, où l'envoi de premiers bulletins de vote par correspondance a été repoussé par la décision d'un juge.

Il s'exprimera devant un puissant syndicat de policiers.

L'ancien président reproche à Joe Biden et à la vice-présidente d'être responsables d'une vague de criminalité liée à l'immigration illégale, ce que les statistiques démentent.

La sécurité et l'immigration n'en restent pas moins des sujets sur lesquels Kamala Harris accuse un déficit de crédibilité, à en croire plusieurs sondages.

Préparation du débat

Son équipe de campagne a cherché à répliquer vendredi en publiant une lettre de soutien signée par des officiers de police.

«En novembre, les Américains devront choisir entre quelqu'un qui a passé sa vie à faire appliquer nos lois et quelqu'un qui a été condamné pour les avoir violées», lit-on dans ce message, en référence à l'ancienne carrière de procureure de la démocrate et à la condamnation de son adversaire au pénal dans l'affaire de paiements dissimulés à une ancienne actrice de films X.

Donald Trump, poursuivi dans plusieurs autres affaires, en particulier pour avoir tenté de renverser le résultat de la présidentielle de 2020, tiendra un meeting de campagne samedi dans le Wisconsin, un autre Etat très disputé de ce scrutin au suffrage universel indirect.

Sa rivale s'est elle installée jeudi en Pennsylvanie, son camp de base pour préparer le débat avec son adversaire républicain, organisé le 10 septembre par la chaîne ABC à Philadelphie.

La vice-présidente, qui n'a accordé qu'une seule interview depuis qu'elle s'est lancée dans la course, donne également un entretien à une radio hispanophone vendredi en milieu de journée.

Gros sous

Selon les médias, elle devrait faire quelques apparitions publiques avant le débat télévisé, rompant avec la stratégie de Joe Biden qui avait disparu des radars pendant plusieurs jours pour préparer sa confrontation de juin face à Donald Trump, lors duquel il avait complètement perdu pied.

La quinquagénaire va pouvoir s'appuyer sur un copieux trésor de guerre.

Son équipe de campagne a annoncé avoir levé 361 millions de dollars en août, soit «trois fois plus» que le camp adverse, assure-t-elle.

Cela porte le montant récolté depuis l'entrée en campagne de la vice-présidente, après le retrait de Joe Biden le 21 juillet, à 615 millions de dollars, selon un communiqué.

La démocrate a une réserve d'argent frais de 404 millions de dollars, à moins de deux mois d'une élection qui occasionne des dépenses pharaoniques de part et d'autre.

Ce sont ainsi pas moins de 370 millions de dollars qui seront dépensés du côté de Kamala Harris en publicités, à la télévision et sur internet, d'ici le 5 novembre.

L'équipe de campagne de Donald Trump avait pour sa part fait état mercredi de 130 millions de dollars levés en août, et d'un trésor de guerre de 295 millions de dollars immédiatement disponibles.