Déchets dangeureuxStocamine: «On nous a baladés», regrette la CEA
ATS
24.1.2025 - 16:57
«On nous a baladés»: Frédéric Bierry, président de la Collectivité européenne d'Alsace (CEA) regrette l'entêtement de l'Etat sur le dossier Stocamine, cette ancienne mine proche de Mulhouse (Haut-Rhin) où sont entreposées 44'000 tonnes de déchets dangereux que les élus locaux aimeraient déstocker.
Keystone-SDA
24.01.2025, 16:57
24.01.2025, 17:20
ATS
Ancienne mine de potasse reconvertie en site de stockage, Stocamine héberge, à 550 mètres de profondeur 42'000 tonnes de déchets toxiques (cyanure, arsenic...) censés être non inflammables. La question de leur devenir se pose depuis un incendie survenu dans la mine en 2002, un sujet d'autant plus brûlant que les galeries de stockage s'affaissent progressivement.
«Franchement on nous a baladés, quand on voit comme ça pourrait être encore simple de sortir un certain nombre de déchets, il y a un parti pris», a fustigé vendredi le président de la CEA, fruit de la fusion des conseils départementaux du Bas-Rhin et du Haut-Rhin.
«Est-ce qu'il y a des choses à cacher, je ne sais pas. Il y a quand même des choses particulières qui se sont passées: on nous avait dit que ça ne pourrait jamais prendre feu... et ça a pris feu. Sur la réalité des déchets, on a sans doute des choses qu'on ne veut pas nous dire», a-t-il déclaré lors d'une rencontre avec la presse.
Grande nappe phréatique
Le site est situé sous la nappe phréatique d'Alsace, la plus grande d'Europe, qui selon une enquête d'utilité publique noiera les galeries et les matières toxiques qui s'y trouvent d'ici à 300 ans maximum.
Les élus locaux veulent sortir un maximum de déchets mais l'Etat, estimant l'opération trop dangereuse, a décidé de confiner définitivement les déchets restants dans du béton.
Après un recours en annulation déposé par la CEA, le tribunal administratif doit rendre dans les prochaines semaines une décision sur l'arrêté préfectoral autorisant ces opérations de confinement, alors que le coulage du béton a déjà commencé.
La CEA pointe les insuffisances de l'étude d'impact sur l'équilibre des cours d'eau et des milieux humides en surface, ainsi que le manque d'éléments sur la faisabilité d'un déstockage par des robots.
«Les progrès technologiques vont permettre le déstockage. Dans les dix ans à venir, avec la robotique, on sera en capacité de le faire, mais il faut inscrire dès à présent les budgets, il faut que l'Etat s'engage», a insisté Frédéric Bierry. En attendant, la CEA a décidé de missionner un expert de la Cour de cassation pour intervenir en référé dans le contentieux.