Procès des viols de Mazan «Sans remords et sans empathie»: le portrait glaçant d'un ex-gardien de prison

AFP

22.10.2024

Quentin H., un ex-gardien de prison, a été blâmé pour son manque de considération à l'égard d'autrui, «notamment des femmes», mardi par une psychologue au procès des viols de Mazan devant la cour criminelle de Vaucluse.

Quentin H. et les cinq autres accusés de cette semaine devraient s'exprimer sur les faits à partir de mercredi, en étant confrontés à Dominique Pelicot.
Quentin H. et les cinq autres accusés de cette semaine devraient s'exprimer sur les faits à partir de mercredi, en étant confrontés à Dominique Pelicot.
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Keystone-ATS

L'accusé souffre d'un «trouble de la personnalité psychopathique: il a tendance à très peu considérer autrui dans son individualité, dans ses désirs, dans le sujet qu’il peut représenter. Tant au niveau social qu’au niveau de sa représentation des femmes, il y a un rejet de la personne et une froideur, notamment à l'égard des femmes justement», a expliqué Marie-Pierre Guis, psychologue qui l'avait interrogé après son arrestation.

Cet homme de 34 ans désormais ambulancier, à la carrure imposante et à l'époque en couple, avait pris contact avec Dominique Pelicot en novembre 2019 via le site Coco.fr. Il s'était ensuite rendu à son domicile de Mazan (Vaucluse) pour y agresser sexuellement, ensemble, Gisèle Pelicot, préalablement droguée aux anxiolytiques par son ex-mari.

Il avait déclaré à la psychologue s'être rendu compte que Mme Pelicot était sédatée mais n'avoir réalisé qu'il avait commis un viol «qu'en rentrant à son véhicule».

«Le discours reste autocentré»

S'il figure parmi les 14 accusés sur 51 ayant reconnu les accusations de viol lors de l'ouverture du procès le 2 septembre, il n'a toutefois eu «aucune» considération pour la victime, selon Mme Guis.

«Le discours reste autocentré. Il est surtout préoccupé par sa détention et quand il va pouvoir retrouver sa famille. Madame Pelicot n'est pas mentionnée. Il n'y a aucune prise en considération de la victime dans sa subjectivité, dans sa souffrance ni dans son parcours», a-t-elle estimé.

Il lui aurait expliqué qu'il s'agissait de sa première expérience libertine et qu'il était normalement fidèle mais que «ses sentiments s'étaient érodés».

«Il a besoin d’une décharge d’adrénaline. Il ne s'interroge pas sur le fondement opératoire», l'a-t-elle décrit, expliquant qu'il s'était exprimé «sans remords et sans empathie, avec une suradaptation et un manque de culpabilité».

«Jamais entré en contact avec Dominique»

L'accusé a d'ailleurs été un temps en poste à la prison du Pontet (Vaucluse) où fut notamment incarcéré à partir de fin 2020 Dominique Pelicot, avant d'être lui-même incarcéré dans le cadre de cette procédure en mars 2021. Il avait cependant affirmé lors de son interrogatoire n'être «jamais entré en contact avec lui» et avoir appris les faits en lisant la presse, s'attendant alors «à être entendu» à son tour.

Quentin H. et les cinq autres accusés de cette semaine devraient s'exprimer sur les faits à partir de mercredi, en étant confrontés à Dominique Pelicot.

Pendant dix ans, de juillet 2011 à octobre 2020, ce septuagénaire avait drogué sa femme aux anxiolytiques pour ensuite la violer et la faire violer par des dizaines d'hommes qu'il invitait sur Internet.

Mercredi, alors que le procès arrive à mi-parcours, Gisèle Pelicot sera à nouveau auditionnée par la cour.