«Ce travail m'a détruit» Rythme infernal, surmenage, sanctions... : le calvaire des livreurs DPD Suisse

Marc Schaller

2.11.2024

Derrière la livraison express de nos colis se cache une réalité bien moins reluisante. Une enquête menée par SRF Investigativ révèle les coulisses du géant de la livraison DPD Suisse: des journées interminables, des véhicules surchargés, de nombreuses sanctions et une pression constante.

Les livreurs manipulent quotidiennement des colis lourds, parfois jusqu'à 35 kg, allant de sacs de nourriture pour chiens à des roues de voiture complètes (image d'illustration).
Les livreurs manipulent quotidiennement des colis lourds, parfois jusqu'à 35 kg, allant de sacs de nourriture pour chiens à des roues de voiture complètes (image d'illustration).
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Rédaction blue News

DPD Suisse, qui compte 700 chauffeurs employés par des sous-traitants en plus de ses 200 chauffeurs salariés, impose un rythme effréné.

Les livreurs enchaînent les livraisons, jusqu'à 200 par jour, sans véritable pause. Les repas se prennent souvent au volant et les pauses toilettes sont réduites au strict minimum. Les journées de dix à quatorze heures sont monnaie courante.

Les livreurs manipulent quotidiennement des colis lourds, parfois jusqu'à 35 kg, allant de sacs de nourriture pour chiens à des roues de voiture complètes.

Les témoignages recueillis sont unanimes: la pression est telle qu'elle impacte gravement leur santé physique et mentale. Résultat? Douleurs dorsales, problèmes aux épaules, genoux et hanche...

Certains ont même dû abandonner leur emploi en raison de ces problèmes de santé. «Cela vous détruit psychologiquement», confie un ancien sous-traitant de DPD, qui se dit «physiquement brisé depuis longtemps».

50 francs pour une simple tache de café

En plus du rythme intense, DPD a instauré un système de contrôle très strict. Les livreurs sont sanctionnés pour la moindre faute: un colis endommagé, un véhicule sale, un retard… même une simple tache de café sur leur uniforme peut leur coûter 50 francs! Les amendes s'accumulent vite.

Le reportage révèle également que de nombreux chauffeurs roulent avec des camionnettes surchargées, faute de quoi ils ne pourraient livrer tous les colis. Pour dissimuler la surcharge, les sous-traitants renforcent les ressorts des véhicules ou augmentent la pression des pneus, jusqu'à doubler la valeur recommandée.

DPD Suisse réagit aux accusations

Face à ces accusations, DPD Suisse répond: «Nous attachons une grande importance à des conditions de travail équitables et conformes à la loi». L'affirmation d'après laquelle les véhicules seraient «presque toujours» surchargés est «dénuée de tout fondement».

L'entreprise poursuit: «La santé de nos chauffeurs est notre priorité absolue, c'est pourquoi nous proposons régulièrement des formations et des mesures préventives pour minimiser le stress.»

Avant de conclure: «Nous veillons à ce que tous nos chauffeurs et sous-traitants reçoivent au moins le salaire minimum légal.»