Procès des viols de Mazan Quelle peine infliger à Dominique Pelicot et aux 49 coaccusés? Place au réquisitoire

ATS

24.11.2024 - 09:10

Quelle peine infliger à Dominique Pelicot, ce septuagénaire français qui pendant dix ans a drogué et violé son épouse? Quelles peines méritent les 49 hommes à qui il l'avait livrée? La parole sera à l'accusation lundi, au procès des viols de Mazan, avec le réquisitoire du parquet.

Couvert en mondovision ou presque, avec 138 médias accrédités, dont 57 étrangers, le procès des viols de Mazan a un écho bien au-delà des frontières françaises.
Couvert en mondovision ou presque, avec 138 médias accrédités, dont 57 étrangers, le procès des viols de Mazan a un écho bien au-delà des frontières françaises.
AFP

La parole de l'accusation, devant la cour criminelle à Avignon (sud de la France), sera écoutée avec attention, tant ce procès est devenu symbolique de la lutte contre les violences sexuelles et sexistes faites aux femmes.

Couvert en mondovision ou presque, avec 138 médias accrédités, dont 57 étrangers, il a un écho bien au-delà des frontières françaises, comme en a encore témoigné jeudi la déclaration de la présidente de la chambre des députés chilienne, qui a salué «le courage et la dignité» de Gisèle Pelicot, «citoyenne ordinaire qui a donné une leçon au monde entier».

La question des complices

Au-delà du mari, qui reconnaît l'intégralité des faits, la grande question sera la suivante, pour les deux représentants du ministère public, Jean-François Mayet et Laure Chabaud: les complices de Pelicot, ces «Monsieur-tout-le-monde» âgés de 26 à 74 ans, pouvaient-ils légitimement croire qu'ils participaient au scenario d'un couple libertin, où l'épouse faisait semblant de dormir?

Ou leur discernement était-il altéré au moment des faits, comme l'ont encore assuré les avocats de 33 d'entre eux mercredi matin, même si aucun des psychologues ou psychiatres qui les ont examinés n'a retenu ce point?

Sur le planning officiel, le réquisitoire est prévu pour trois jours. Selon les informations recueillies auprès des différentes parties par l'AFP, il pourrait en fait se clôturer mercredi en fin de matinée, le parquet estimant à environ 15 minutes en moyenne le temps qu'il consacrera à chaque accusé.

Après onze semaines de débats dédiées à l'examen des faits, la phase des plaidoiries avait débuté mercredi avec les avocats des victimes: Gisèle Pelicot, 71 ans, ses trois enfants, ses deux belles-filles et ses petits-enfants.

Il faut que «justice et vérité» soient rendues pour cette famille, avait plaidé Me Antoine Camus.

Les peines seront prononcées fin décembre par les cinq magistrats professionnels de la cour, présidée par Roger Arata.

Vingt ans maximum

Poursuivis pour la plupart pour viols aggravés, les 51 accusés encourent au maximum 20 ans de réclusion criminelle.

Pour Dominique Pelicot, le premier sur lequel devrait se pencher le parquet lundi, «le chef d'orchestre» de ces viols, cette peine semble acquise. Il dit lui-même souhaiter la prison, accusé d'avoir, de juillet 2011 à octobre 2020, assommé son épouse d'anxiolytiques pour la violer et la livrer, inconsciente, à des dizaines d'inconnus recrutés sur internet.

La peine maximale devrait aussi être demandée pour un homme de 63 ans, alias «Rasmus», jugé pour avoir répliqué sur sa propre épouse le procédé de Dominique Pelicot, pour la violer une douzaine de fois, dont plusieurs fois en compagnie de son mentor. «Disciple» de Pelicot, il est le seul des 51 accusés à ne jamais s'être rendu au domicile du couple Pelicot, à Mazan.

Parmi les 49 autres coaccusés, 35 ont fermement nié avoir participé à un «viol». Certains avaient pourtant répondu six fois à l'invitation du mari.

Les peines demandées seront-elles plus sévères pour les dix hommes venus plusieurs fois? Et comment les magistrats du parquet vont-ils différencier leurs réquisitions pour ceux venus une seule fois?

Après le cas Pelicot, le parquet a annoncé qu'il allait d'abord évoquer les dossiers plus «mineurs» de deux hommes de 69 ans, et 39 ans, respectivement accusés d'agression sexuelle et de tentative de viol.

Après le réquisitoire, mercredi après-midi ou jeudi au plus tard, la parole sera donnée aux avocats de la défense, et ce jusqu'au 13 décembre. C'est Me Béatrice Zavarro, l'avocate de Dominique Pelicot, qui s'exprimera en premier.

Restera alors une semaine à la cour pour délibérer, à partir du lundi 16 décembre, pour un verdict attendu le 20 décembre au plus tard.

ATS