70 coups de couteau Ouverture du procès d'un féminicide ayant bouleversé l'Italie

ATS

23.9.2024 - 17:26

Un procès pour féminicide s'est ouvert lundi à Venise pour juger l'ex-petit ami d'une étudiante dont le meurtre en 2023 a bouleversé l'Italie.

Plus d'un millier de personnes participant à la « marche de la colère » Cacerolazo (manifestation bruyante avec des casseroles), qui s'est déroulée à Vigonovo, la ville natale de Giulia Cecchettin, en Italie, le 26 novembre 2023. Elena, la sœur de la victime, avait appelé à cette manifestation afin de sensibiliser les institutions et l'opinion publique au phénomène des féminicides et de la violence à l'égard des femmes.
Plus d'un millier de personnes participant à la « marche de la colère » Cacerolazo (manifestation bruyante avec des casseroles), qui s'est déroulée à Vigonovo, la ville natale de Giulia Cecchettin, en Italie, le 26 novembre 2023. Elena, la sœur de la victime, avait appelé à cette manifestation afin de sensibiliser les institutions et l'opinion publique au phénomène des féminicides et de la violence à l'égard des femmes.
KEYSTONE

Le parquet et la défense ayant renoncé à leurs témoins, peu d'audiences seront nécessaires pour arriver au verdict de ce crime qui a choqué l'Italie, pays où la lutte contre les violences faites aux femmes est à la traîne. Le verdict devrait donc tomber le 3 décembre, a décidé le tribunal

Le meurtre en novembre 2023 de Giulia Cecchettin, 22 ans, étudiante en génie biomédical à Padoue, ville universitaire à une quarantaine de km de Venise, a jeté un éclairage sinistre sur les féminicides en Italie. L'accusé Filippo Turetta, 22 ans, n'était pas présent à l'ouverture des débats lundi matin.

«Turetta mérite une peine, pas un procès médiatique. Il ne doit pas devenir le visage d'une bataille culturelle contre la violence de genre», a fait valoir son avocat, Giovanni Caruso, au moment de s'opposer à la volonté d'associations militantes de se constituer parties civiles.

«Ce n'est pas le procès du féminicide mais celui de Filippo Turetta», a abondé le procureur de Venise, Bruno Cherchi, cité par la presse locale. Le père de la victime, Gino Cecchettin, s'est refusé à toute déclaration à son arrivée au tribunal.

Tous les trois jours

Selon les chiffres officiels, une femme est tuée tous les trois jours en Italie, un chiffre comparable à la France, mais très supérieur au nombre de meurtres par habitants dont les victimes sont des hommes.

L'Italie est majoritairement catholique. Les rôles traditionnels des hommes et des femmes y perdurent et la culture de la drague va souvent de pair avec des comportements machistes et sexistes.

Giulia Cecchettin a été portée disparue le 11 novembre 2023.

Des caméras vidéo installées près de son domicile ont saisi les premiers instants de l'agression et la fuite en voiture du meurtrier avec sa victime. Une chasse à l'homme s'engage alors, qui durera une semaine, suivie heure par heure par les médias italiens.

Le corps de l'étudiante est finalement retrouvé le 18 novembre dans un ravin près du lac Barcis, à environ 120 kilomètres au nord de Venise. Sa tête et son cou portent les traces de plus de 70 coups de couteau, selon les médias citant l'autopsie.

Filippo Turetta, à court d'essence, est arrêté près de Leipzig, en Allemagne.

Prison à vie

Filippo Turetta encourt la prison à vie pour assassinat et enlèvement. Des extraits vidéo de son audition par un juge le 1er décembre 2023 ont été diffusés la semaine dernière dans l'émission «Quarto Grado» de la chaîne privée Rete 4. «Je suis responsable, je suis coupable. Je suis responsable de ces actes, oui», dit-il.

D'une voix calme, il explique comment Giulia Cecchettin a refusé de lui offrir un animal en peluche, lui disant qu'elle voulait mettre fin à leur relation et provoquant une dispute à bord de la voiture.

Tentant de s'enfuir à pied, la jeune femme est rattrapée par son meurtrier qui la poignarde d'abord au bras, avant de la ramener dans le véhicule et de s'enfuir. «Je lui ai donné, je ne sais pas, environ 10, 12, 13, je ne sais pas, plusieurs coups de couteau», a raconté M. Turetta.

ATS