Demande refuséeMarc Dutroux reste en prison, ses trois complices ont été libérés
ATS
12.8.2021 - 09:30
Vingt-cinq ans après la découverte de Laetitia Delhez et Sabine Dardenne dans la cache de Marcinelle, Marc Dutroux se trouve toujours derrière les barreaux. Condamné en 2004 à la réclusion à perpétuité, sa récente demande de libération s'est soldée par un échec.
12.08.2021, 09:30
12.08.2021, 09:33
ATS
En théorie, Marc Dutroux est libérable depuis le 30 avril 2013. En pratique cependant, ses demandes ont peu de chances d'aboutir. Ses perspectives de réinsertion sociale sont inexistantes, selon le parquet. En février 2013, le tribunal de l'application des peines (TAP) a rejeté sa demande de port de bracelet électronique pour ce motif.
Sa peine de prison à perpétuité est de plus assortie de dix ans de «mise à disposition» du gouvernement (du TAP aujourd'hui). Cette peine complémentaire permet, le cas échéant, d'empêcher sa libération à l'échéance de sa peine principale.
En octobre 2017, pourtant, son avocat Bruno Dayez annonce vouloir introduire une demande afin que des psychiatres extérieurs et indépendants puissent examiner son client en vue d'une demande de libération conditionnelle. Dans cette même optique, Marc Dutroux envoie par l'intermédiaire de son avocat une lettre aux familles des victimes dans laquelle il se dit prêt à répondre à leurs questions.
En septembre 2019, Marc Dutroux introduit une nouvelle demande de libération après 23 ans d'incarcération. Il y renoncera en octobre 2020 après que les cinq experts psychiatres chargés de l'évaluer ont rendu un rapport accablant pointant notamment un risque élevé de récidive.
Libération critiquée
Son ex-épouse Michelle Martin est quant à elle sortie de prison le 28 août 2012, après 16 ans de détention. Le TAP a décidé de la libérer sous conditions, une décision confirmée par la Cour de cassation.
Michelle Martin avait été condamnée en 2004 à 30 ans de prison pour association de malfaiteurs impliquée dans les enlèvements et les séquestrations d'enfants, séquestrations, tortures et pour avoir participé au viol d'une jeune Slovaque.
La condamnée a séjourné deux ans et demi dans un monastère de Clarisses à Malonne, près de Namur. Les religieuses devant déménager, Michelle Martin s'est ensuite installée, en avril 2015, dans la propriété de l'ancien président du tribunal de première instance de Namur, Christian Panier.
«J'ai la conviction que la réinsertion est ce qui fait la différence entre la justice de la vengeance et la justice de civilisation», avait alors expliqué le magistrat.
La libération conditionnelle de Michelle Martin a suscité un tollé. En réaction, le Parlement a durci en 2013 l'accès à la libération conditionnelle. Cette loi prévoit notamment qu'un condamné à 30 ans ou à perpétuité ne puisse plus introduire sa demande de libération qu'après 15 ans de réclusion, au lieu de 10. La décision doit en outre être adoptée à l'unanimité de cinq juges, et non plus à la majorité simple de trois juges.
Conditions
Troisième condamné de l'affaire, Michel Lelièvre est pour sa part sorti de prison en décembre 2019 après que sa demande de libération conditionnelle a été acceptée. La principale condition étant de trouver un logement dans les six mois suivant sa libération.
Condamné à 25 ans de prison pour association de malfaiteurs, enlèvements et séquestrations d'enfants ainsi que pour trafic de drogue, Michel Lelièvre avait déjà introduit plusieurs demandes de libération depuis 2005.
En juin 2013, le TAP de Bruxelles lui a accordé cinq permissions de sortie pénitentiaire en guise de préparation et de test à une éventuelle détention limitée. M. Lelièvre souhaitait suivre une formation en menuiserie, mais l'association qui devait l'accueillir a finalement fait marche arrière à cause de la pression médiatique. Le TAP a donc rejeté sa demande de détention limitée pour absence de plan de réinsertion.
La sortie de prison de Michel Lelièvre a été très critiquée. L'homme a été agressé à Bruxelles deux semaines après sa libération. Un homme a également été condamné à un an de prison avec sursis pour avoir appelé à la violence contre l'ancien détenu.
«Taisez-vous!»
Dernier condamné, Michel Nihoul est sorti de prison en 2006. Blanchi pour tous les faits liés aux enlèvements d'enfants, il avait écopé d'une peine de cinq ans d'emprisonnement pour trafic de drogue et association de malfaiteurs. Il a depuis fondé une association d'aide aux justiciables et a publié un livre autobiographique intitulé «Taisez-vous!». Il est décédé en octobre 2019 à l'âge de 78 ans.