Etats-Unis Le Sénat dit «non» à d'autres témoins

ATS

1.2.2020 - 00:21

Le Sénat à Washington refuse d'entendre de nouveaux témoignages dans le procès de destitution du président américain Donald Trump. Ce rejet ouvre la voie à une conclusion rapide de la procédure.
Le Sénat à Washington refuse d'entendre de nouveaux témoignages dans le procès de destitution du président américain Donald Trump. Ce rejet ouvre la voie à une conclusion rapide de la procédure.
Source: KEYSTONE/AP/SAW

Le Sénat à Washington refuse d'entendre de nouveaux témoignages dans le procès de destitution du président américain Donald Trump. Ce rejet ouvre la voie à un vote sur l'acquittement du président républicain «dans les prochains jours».

Fort de sa majorité républicaine, les élus de la chambre haute du Congrès se sont opposés par 51 voix contre et 49 pour à la convocation de témoins et à l'admission de nouvelles preuves à ce procès historique, comme le demandaient les démocrates.

«C'est une grande tragédie», a déploré le leader de la minorité démocrate du Sénat Chuck Schumer. «Les Américains se souviendront de ce jour (...) où le Sénat s'est détourné de la vérité», a-t-il ajouté. On a entendu plus qu'il n'en fallait», a pour sa part estimé le sénateur républicain Ted Cruz. «Il est temps d'acquitter» le président, a-t-il ajouté sur Twitter.

Les sénateurs doivent désormais se prononcer sur les deux chefs d'accusation retenus contre Donald Trump: abus de pouvoir et entrave à la bonne marche du Congrès. La Constitution américaine imposant une majorité des deux tiers (67 voix) pour déclarer un président coupable, il a toutes les chances d'être acquitté.

La date de ce vote fait encore l'objet d'un débat. Il interviendra «dans les prochains jours», s'est borné à déclarer le chef des sénateurs républicains Mitch McConnell, semblant écarter un verdict le soir-même.

Confidences de John Bolton

Lancé à pleine vapeur dans sa campagne de réélection, le milliardaire républicain est pressé d'en finir. Selon ses proches, il espère être blanchi avant de prononcer son traditionnel discours sur l'état de l'Union, mardi soir devant le Congrès.

Il doit également donner une interview sur la chaîne préférée des conservateurs Fox dimanche avant le Super Bowl, la finale du championnat de football américain, un événement qui réunit environ 100 millions de téléspectateurs.

Au nom de «l'équité» et pour marquer les esprits à moins de 300 jours de la présidentielle, les démocrates avaient réclamé l'audition de plusieurs proches du président. Des confidences de l'ancien conseiller à la sécurité nationale John Bolton, rendues publiques ce week-end, avaient renforcé leur cause. La sénatrice républicaine modérée Lisa Murkowski s'était ainsi dite lundi «curieuse» d'entendre M. Bolton.

«Procès truqué»

Vendredi, elle a pourtant voté avec la majorité. Critiquant «la nature partisane» des débats, elle a jugé «qu'il n'y aurait pas de procès équitable au Sénat». «Je ne crois pas que continuer changera quoi que ce soit», a-t-elle ajouté dans un communiqué amer.

La veille au soir, son collègue Lamar Alexander avait pris la même décision. «On n'a pas besoin de preuves supplémentaires pour établir ce qui a déjà été prouvé, mais qui n'est pas passible de destitution au regard de la Constitution», a-t-il justifié. Au final, seuls les républicains modérés Susan Collins et Mitt Romney ont voté avec les 47 élus du camp démocrate.

Anticipant la suite, Chuck Schumer a estimé que, sans témoins, «l'acquittement du président ne voudrait rien dire parce qu'il serait le résultat d'un procès truqué».

«Salir» un rival

Forts de leur majorité à la Chambre des représentants, les démocrates ont mis en accusation Donald Trump lors d'un vote dit d'«impeachment» le 18 décembre qui avait quasi strictement suivi les lignes partisanes.

L'enquête s'est déroulée dans un climat acrimonieux et a donné lieu à des échanges très tendus entre les représentants républicains et démocrates. Le cadre du procès au Sénat, beaucoup plus strict et formel, a feutré les débats, sans empêcher l'émergence de deux discours aux antipodes.

Les procureurs démocrates ont reproché à Donald Trump d'avoir demandé à l'Ukraine d'enquêter sur Joe Biden, son adversaire potentiel lors du scrutin du 3 novembre, et d'avoir au même moment gelé une aide militaire cruciale pour ce pays. Donald Trump a usé des moyens de l'Etat pour «salir» son rival et «tricher» à l'élection, ont-ils argué.

Une fois démasqué, il a tout fait pour bloquer l'enquête du Congrès, en violation de la Constitution, ont-ils encore assené.

«Pas assez grave»

Donald Trump s'inquiétait de la corruption en Ukraine et pouvait légitimement «poser des questions» sur Joe Biden et les affaires de son fils Hunter dans ce pays, ont rétorqué ses avocats.

Quand bien même il aurait commis ce qui lui est reproché, cela n'est pas assez grave pour justifier sa destitution, ont-ils encore avancé, en implorant les sénateurs de «laisser les électeurs décider».

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