«Manque de respect inconcevable» Le personnel des cabanes du CAS en a «plein le nez» des touristes

Dominik Müller

9.9.2024

Les gardiens de cabane en ont assez des touristes et du mauvais comportement de nombre d'entre eux. C'est pourquoi les refuges ferment de plus en plus.

Edith Lehner, gardienne de la cabane Hörnli à Zermatt, doit quotidiennement faire face à des clients irrespectueux.
Edith Lehner, gardienne de la cabane Hörnli à Zermatt, doit quotidiennement faire face à des clients irrespectueux.
Keystone

Edith Lehner (58 ans) de Zermatt VS en a assez. Elle gère depuis six ans, avec son mari et une équipe de 14 personnes, la cabane Hörnli, au pied du Cervin. Bien qu'elle aime son métier, elle se plaint du manque de respect de certains clients. «Le manque de respect est parfois inconcevable», déclare-t-elle au «Blick».

Lehner n'est pas la seule à faire de plus en plus de mauvaises expériences avec les clients. Claudia Freitag, gardienne de la Muttseehütte au-dessus de Linthal GL, en a elle aussi eu assez et a mis fin sans hésiter à son activité après quatre ans à la fin de la saison. Elle explique aux «Glarner Nachrichten» que les clients ne font pas la différence entre un bistrot dans la vallée et une cabane.

En Suisse, les refuges essaient d'offrir aux clients le plus de confort possible. Par exemple, la cabane Hörnli (3260 m d'altitude) est équipée du WLAN, de douches et de chambres confortables. Ce refuge peut accueillir 150 visiteurs. «Nous aimons nos hôtes, nous faisons tout pour qu'ils se sentent le mieux possible, le cas échéant pour qu'ils atteignent le sommet du Cervin», explique Lehner. Elle soutient même les hôtes dans leurs demandes de repas spéciaux, comme les repas végétaliens ou sans gluten. Jusqu'à 400 repas sont servis par jour, ce qui représente une charge de travail importante.

Des conditions déplorables dans les refuges de montagne suisses

Malgré ces efforts, il y a toujours des hôtes qui n'apprécient pas l'effort fourni. «Chaque jour, il y a des clients qui disparaissent sans payer», explique la gardienne des lieux. D'autres laissent des toilettes dans un état déplorable. L'équipe de la cabane doit ainsi régulièrement nettoyer des excréments à côté des WC ou enlever des serviettes hygiéniques collées au mur. «Bien sûr, le nettoyage fait partie du travail, mais faire volontairement des saletés n'est tout simplement pas une nécessité», explique Lehner.

Le chaos règne également dans les chambres après un séjour. Les déchets ne sont pas jetés dans les poubelles, alors que c'est obligatoire, et certains clients n'ont pas utilisé le sac de couchage de la cabane. «Ils nous mentent en face quand nous demandons des explications». Le sac de couchage de cabane a pourtant de bonnes raisons: il sert d'une part à l'hygiène et d'autre part à la protection des draps, car il n'y a pas de possibilité de lavage dans les cabanes.

Une tradition suisse menacée

Même après les repas, Lehner doit s'irriter de certains hôtes et de leurs coutumes. Les hôtes devraient débarrasser eux-mêmes leurs tables. «Mais dans de nombreux cas, la vaisselle est tout naturellement laissée sur place. Cela rend la vie du personnel très difficile. Nous sommes un refuge de montagne, pas un hôtel», explique la gardienne. Et pourtant, le travail est déjà difficile sans clients irrespectueux.

Lehner craint que cette tendance négative ne s'accentue et qu'à long terme, de plus en plus de gardiens de cabanes ferment, comme Claudia Freitag dans le canton de Glaris. «D'autres jetteront l'éponge ou il ne sera plus possible de trouver des successeurs», déclare Lehner. Une longue tradition des cabanes de montagne suisses pourrait ainsi être menacée.