Drame en Alsace Le gîte incendié n'était pas aux normes

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10.8.2023 - 10:22

Onze morts et deux étages qui partent en fumée. L'enquête qui démarre sur les causes de l'incendie de Wintzenheim (Haut-Rhin) a révélé jeudi que le gîte de vacances accueillant des personnes handicapées n'avait pas sollicité la commission de sécurité.

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«Si vous voulez conduire une voiture, il faut un permis, si vous voulez héberger du monde, il faut le passage de cette commission», a indiqué à l'AFP Nathalie Kielwasser, vice-procureure de la République de Colmar. Cette commission «donne des préconisations sur la capacité d'accueil, etc. On va vous imposer un certain nombre de règles de sécurité», a-t-elle expliqué.

Ainsi, la maison disposait bien de détecteurs de fumée mais pas du type prévu pour des structures accueillant du public. Toutefois, il faut «corréler juridiquement la raison du sinistre (...) est-ce que ça a un lien avec les règles de sécurité? Je n'ai pas le retour des investigations criminelles pour le moment», a ajouté la magistrate.

Quant à l'éventuelle responsabilité pénale de la propriétaire du gîte, qui a donné l'alerte et se trouve en état de choc, c'est quelque chose qu'on «ne peut pas du tout affirmer» pour le moment, a-t-elle insisté.

Alsace: incendie d'un centre d'accueil pour handicapés

Alsace: incendie d'un centre d'accueil pour handicapés

Images des pompiers tentant de maîtriser l'incendie d'un centre d'accueil pour handicapés mentaux légers près de Colmar qui s'est embrasé ce matin à l'aube et où onze personnes seraient «potentiellement décédées». (COMPLETE VID33QW4GU_FR) IMAGES

09.08.2023

Laboratoire mobile

Mercredi, la magistrate avait indiqué que «l'origine serait vraisemblablement pour le moment un feu qui a couvé», sans pouvoir «à ce stade» déterminer les causes de ce sinistre, le plus meurtrier en France depuis l'incendie d'un bar à Rouen en 2016.

Jeudi matin, le calme était revenu autour du bâtiment éventré. Les enquêteurs de la gendarmerie ont investi le site où deux équipes de l'Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale (IRCGN), basé à Pontoise, ont été envoyées, soit un peu plus d'une vingtaine de personnes.

Ils sont appuyés par un laboratoire mobile pour l'identification des victimes, du même type que celui que la gendarmerie a donné à l'Ukraine. Il permet des analyses rapides d'ADN, avec des résultats obtenus en l'espace de deux à trois jours.

Mercredi matin, les pompiers ont dû lutter contre un «embrasement généralisé». Arrivés en moins d'un quart d'heure, vers 06h45, ils n'ont rien pu faire pour venir en aide aux vacanciers installés pour la nuit dans les étages du bâtiment.

Au total, 28 personnes se trouvaient dans le bâtiment, dont 17 ont pu sortir à temps, selon la préfecture du Haut-Rhin. Les 13 pensionnaires logés au rez-de-chaussée par Idoine, une association de Besançon, ont été rapatriés indemnes en Franche-Comté.

Onze personnes, dont 10 adultes souffrant de handicaps mentaux légers, ont péri parmi les résidents logés dans les étages. Plusieurs d'entre elles dormaient dans une mezzanine qui s'est effondrée, ce qui a compliqué la récupération des corps, avait indiqué mercredi le lieutenant colonel Philippe Hauwiller, commandant des opérations de secours.

«Drame inqualifiable»

«Le gîte avait le droit d'accueillir 28 personnes», a indiqué Mme Kielwasser à BFMTV, alors que la question d'une jauge peut-être trop élevée avait été soulevée mercredi.

«Un drame inqualifiable», a déclaré la ministre chargée des Personnes handicapées, Fadila Khattabi, venue à Nancy jeudi au siège de l'AEIM (Adultes enfants inadaptés mentaux), une association qui prend en charge des personnes handicapées intellectuelles et dont cinq de ses membres s'étaient inscrits de manière individuelle à ce séjour. Seule une jeune femme de 25 ans a survécu.

La ministre, qui a rencontré les familles des quatre victimes - trois femmes et un homme âgés de 23 à 49 ans et qui se prénommaient Jennyfer, Claude, Jérôme et Jimmy -, doit se rendre dans l'après-midi en Moselle d'où sont originaires sept autres des victimes.

L'unique rescapée a été «réveillée» par l'incendie et a réussi à sauter du premier étage et a été rattrapée par «un résident du rez-de-chaussée qui était déjà sorti», a expliqué Denis Renaud, président de l'AEIM. Elle était «excessivement choquée, en pleurs pendant une partie de la journée» de mercredi, a-t-il confié, mais «elle a récupéré ensuite» et a «fait preuve d'énormément de résilience».