France Le diocèse de Lyon indemnise 14 victimes, d'autres «dans l'attente»

ATS

19.2.2021 - 17:30

Quatorze victimes de l'ancien prêtre Bernard Preynat, condamné pour agressions sexuelles sur mineurs et insolvable, ont été indemnisées par un fonds exceptionnel du diocèse de Lyon. D'autres attendent toujours de l'être.

Quatorze victimes de l'ancien prêtre Bernard Preynat, condamné pour agressions sexuelles sur mineurs et insolvable, ont été indemnisées par un fonds exceptionnel du diocèse de Lyon. (Image prétexte)
Quatorze victimes de l'ancien prêtre Bernard Preynat, condamné pour agressions sexuelles sur mineurs et insolvable, ont été indemnisées par un fonds exceptionnel du diocèse de Lyon. (Image prétexte)
Keystone/Alexandra Wey

Ces 14 personnes, «dont les faits étaient prescrits et qui ne pouvaient donc pas saisir le tribunal judiciaire, ont obtenu une indemnisation de l'Eglise qui leur a été versée en décembre», a précisé vendredi à l'AFP un porte-parole du diocèse.

Les sommes allouées proviennent d'une enveloppe globale de 169'500 euros récoltée en quelques mois auprès de «donateurs ciblés» via une association dédiée, selon la même source. Ce fonds a été abondé «uniquement à hauteur des montants demandés par le Tribunal ecclésiastique».

Cette indemnisation, une première dans l'Eglise de France, a été annoncée au printemps dernier après que le tribunal inter-diocésain lyonnais eut reconnu le statut de «victime» à 21 anciens scouts agressés par Bernard Preynat entre 1971 et 1991, ayant adressé «une demande de réparation» à l'archevêché.

Sept d'entre eux, pour lesquels les agressions n'étaient pas prescrites, n'ont pas encore été indemnisés car il fallait attendre pour cela la fin du processus judiciaire engagé contre l'ex-curé. Condamné le 16 mars 2020 à cinq ans de prison ferme, Bernard Preynat, 75 ans, avait fait d'abord appel avant d'y renoncer à l'automne.

Sentence exécutoire

«Le Tribunal ecclésiastique attendait que la sentence pénale concernant Bernard Preynat soit rendue exécutoire, c'est-à-dire que tous les appels soient tombés, ce qui est le cas désormais, pour pouvoir examiner la question des victimes qui n'étaient pas prescrites et qui sont dans les deux jugements, le jugement civil et le jugement ecclésiastique», a précisé vendredi le porte-parole du diocèse.

Une réunion est prévue à cette fin «dans les prochaines semaines» mais il est «improbable qu'il soit permis d'accorder aux sept victimes non prescrites une indemnité supplémentaire à celle obtenue auprès de la justice civile», prévient-on de même source. «Le droit ne permet pas à deux juridictions différentes de se prononcer sur un même crime ou délit, et la justice civile prime sur la justice de l'Église», explique-t-on.

«Que l'Eglise tienne ses engagements de reconnaissance et de réparation jusqu'au bout. Pour toutes les victimes. On est dans l'attente d'un geste cohérent et digne pour tourner la page définitivement», a réagi Pierre-Emmanuel Germain-Thill, partie civile au procès Preynat.

L'initiative lyonnaise est intervenue alors que l'épiscopat catholique a voté à l'automne 2019 le principe d'un fonds spécifique pour les victimes d'agressions sexuelles. Mais sa mise en oeuvre patine depuis, une partie des fidèles, appelés à participer s'ils le souhaitaient, ayant très mal perçu l'annonce de ce dispositif.

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