Coronavirus La Suède continue de faire cavalier seul

ATS

20.5.2020 - 08:04

Le Premier ministre suédois Srefan Löfven
Le Premier ministre suédois Srefan Löfven
Source: KEYSTONE/EPA/IAN LANGSDON

A l'heure où de nombreux pays européens lèvent leurs mesures de confinement contre le nouveau coronavirus, la Suède envisage de maintenir ses restrictions encore longtemps. Stockholm a choisi une approche souple face à l'épidémie.

«Cette lutte est un marathon. Les mesures prises ont donc été choisies, car nous croyons fermement qu'elles sont viables sur le long terme», a martelé la semaine dernière le Premier ministre Stefan Löfven en conférence de presse.

Tandis que la plupart des Européens retournent progressivement travailler, le royaume nordique recommande toujours le télétravail. Et il conseille à sa population d'envisager à longue échéance les mesures actuelles. L'interdiction de se rendre dans les maisons de retraite, où plus de la moitié des décès ont été enregistrés, restera ainsi probablement en vigueur encore plusieurs mois, prévient le gouvernement.

Le pays scandinave a maintenu ouverts les écoles, cafés, bars et restaurants, demandant à chacun de «prendre ses responsabilités». Mardi, le royaume scandinave enregistrait 3743 décès sur un total de quelque 30'800 cas d'infection, une mortalité sans commune mesure avec celle observée chez ses voisins, qui ont imposé des mesures de semi-confinement.

La Suède déplore actuellement 371 décès par million d'habitants liés à la maladie (Covid-19), selon le site de collecte de données statistiques Worldometer. Au Danemark, ce chiffre n'est que de 95, en Finlande de 54, et en Norvège de 43.

Stratégie durable

Les autorités suédoises voient leur stratégie comme plus adaptée à long terme que celle de pays européens se posant mille questions sur la levée des mesures de confinement et le risque d'une deuxième vague d'infections. «Il est apparemment assez facile de commencer un confinement, mais l'arrêter est beaucoup plus difficile», juge l'épidémiologiste Anders Tegnell, de l'Agence de santé publique.

La Suède considère depuis le début que le virus ne va pas disparaître de sitôt et qu'il doit circuler lentement au sein de la société pour ne pas engorger les services hospitaliers. Même si des personnes âgées fragiles en ont payé le prix.

Jusqu'à présent, les hôpitaux suédois, bien que travaillant dans les conditions jugées «difficiles», n'ont pas encore été submergés. A l'hôpital de Danderyd, au nord de Stockholm, Klara Bergmark, cheffe de l'unité de soins intensifs, explique que ses équipes se préparent à travailler plus intensément que d'habitude cet été. Et aussi pendant «toute l'année». «L'endurance est très importante», déclare-t-elle à l'AFP.

Anders Tegnell pense qu'il est encore «trop tôt» pour dire si un confinement aurait permis de limiter le taux de mortalité dans le pays. Mais selon lui, l'éventuelle deuxième vague a des chances d'être moins agressive en Suède que dans les pays qui ont imposé des mesures d'isolement.

«Leçons à tirer»

La plupart des mesures sont soutenues par une majorité de l'opinion publique, selon des sondages. Elles ne sont pas contraignantes, et reposent sur la bonne volonté de chacun.

«Je pense que la stratégie suédoise s'est avérée durable. Nous avons maintenant des données montrant que les gens adhèrent de plus en plus à nos conseils», se félicite Anders Tegnell.

Un récent rapport du Centre de recherche et de politique en matière de maladies infectieuses de l'Université du Minnesota a averti que le monde «doit se préparer à au moins 18 à 24 mois supplémentaires de présence significative du virus, avec des points chauds qui apparaissent périodiquement dans diverses zones géographiques».

La Suède estime que dans ce cas son expérience pourrait être utile à d'autres pays. «Je pense qu'il y a peut-être des leçons à tirer de nos collègues en Suède», confirmait le responsable des urgences de l'OMS, Michael Ryan, lors d'une conférence de presse fin avril.

Avec un bémol: cette stratégie pourrait être difficile à reproduire ailleurs, là où les autorités ne bénéficient pas du même niveau élevé de confiance.

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