«Reprise immédiate» La Cour suprême ordonne la levée de la suspension de X au Brésil

st

8.10.2024 - 23:28

Les Brésiliens vont à nouveau pourvoir utiliser le réseau social X, après la levée mardi de la suspension infligée par un juge de la Cour suprême fin août au nom de la lutte contre la désinformation.

L'accès à X avait été bloqué il y a plus d'un mois au nom de la lutte contre la désinformation. Plusieurs milliers de manifestants avaient défilé début septembre pour s'opposer à cette décision (archives).
L'accès à X avait été bloqué il y a plus d'un mois au nom de la lutte contre la désinformation. Plusieurs milliers de manifestants avaient défilé début septembre pour s'opposer à cette décision (archives).
sda

«J'ordonne la levée de la suspension et j'autorise la reprise immédiate des activités de X sur le territoire national», peut-on lire dans l'arrêt signé par le juge Alexandre de Moraes, qui donne 24 heures à l'agence régulatrice des télécommunications, Anatel, pour rétablir l'accès à la plateforme utilisée par 22 millions de Brésiliens.

M. Moraes a autorisé la réactivation de la plateforme d'Elon Musk dans le plus grande pays d'Amérique latine, considérant que toutes les exigences judiciaires avaient été remplies.

Parmi celles-ci, le paiement d'amendes d'un montant total de 28,6 millions de réais (environ 4,4 millions de francs ) et la suppression de comptes soupçonnés de disséminer de fausses informations. L'ancien Twitter a également dû nommer un nouveau représentant légal au Brésil.

M. Musk avait annoncé la fermeture des bureaux brésiliens de X le 17 août, tout en maintenant la plateforme en service.

Le juge Moraes avait suspendu le réseau le 30 août, estimant que X avait ignoré des ordres de bloquer des comptes soupçonnés de désinformation, liés pour la plupart à l'extrême droite brésilienne, et appartenant à des blogueurs, des entrepreneurs, des journalistes ou des anciens parlementaires.

Les usagers brésiliens ont toutefois eu à nouveau accès à la plateforme le 18 septembre, en raison d'une manoeuvre technique qui a permis de contourner le blocage.

X a expliqué que ce rétablissement de son service était un effet «involontaire» d'un changement de serveur.

Mais le juge Moraes a réfuté cet argument et a infligé de nouvelles amendes, estimant que X «s'est montré récalcitrant, de façon illicite, persistante et avec l'intention de ne pas respecter les ordres judiciaires».

Le lendemain, la plateforme était redevenue inaccessible au Brésil.

Depuis, X s'est montré disposé à remplir les exigences de la Cour suprême, enterrant la hache de guerre après plusieurs mois de bras de fer entre Elon Musk et le juge Moraes.

«Censure»

Le milliardaire avait accusé à maintes reprises le magistrat de «censure», le qualifiant le «dictateur» et le comparant à Voldemort, le méchant de la saga Harry Potter.

Le juge Moraes s'est longtemps montré inflexible, estimant que X constituait une menace contre la démocratie et favorisant la désinformation.

Une vision partagée par président brésilien de gauche Luiz Inacio Lula da Silva.

Fin septembre, lors de son discours devant l'Assemblée générale des Nations unies, ce dernier a affirmé que l'Etat ne devait «pas se laisser intimider par des individus, des entreprises ou des plateformes numériques qui se croient au-dessus des lois».

Mais son prédécesseur d'extrême droite Jair Bolsonaro (2019-2022) n'a cessé de soutenir M. Musk, criant à la «censure».

Le Brésil est un pays ultra-connecté, avec plus d'un smartphone par habitant.

Après la suspension, une partie des usagers de X s'était tournée vers les concurrents, Threads ou Bluesky, mais ces plateformes n'étaient pas parvenues à s'imposer totalement comme les remplaçants naturels de l'ancien Twitter.

st