Rencontre avec un détective privé«J'ai tout un attirail: des caméras, des moustaches, des faux tatouages...»
Valérie Passello
30.12.2024
Alors que la formation de détective privé n'est pas réglementée en Suisse, ils sont pourtant nombreux à exercer cette profession... dans l'ombre. Il existerait entre 500 et 700 agences ou indépendants dans notre pays, dont près de 300 rien que dans le canton de Genève. blue News a rencontré l'un d'entre eux, actif en Suisse romande.
Valérie Passello
30.12.2024, 08:45
Valérie Passello
Il a suffi de quelques clics sur internet pour trouver plusieurs adresses de détectives privés en Suisse romande. Le hasard a désigné Stéphane Mignon. Le rendez-vous a rapidement été fixé dans un lieu suffisamment spacieux pour éviter les oreilles indiscrètes.
Lorsqu'il arrive, première surprise: alors que l'on s'attendait à voir un petit bonhomme taciturne caché sous un chapeau de feutre, c'est un grand gaillard qui se présente, avenant, volubile. On peut s'en apercevoir très vite: en voilà un qui est véritablement passionné par son métier!
Mais est-ce vraiment un «métier», détective privé? La réponse est oui, mais le cursus pour obtenir le titre n'est pas réglementé en Suisse, selon le site orientation.ch. Il existe des écoles privées, dont les diplômes ne sont pas officiellement reconnus, mais aussi des écoles accréditées pour former des spécialistes de l’observation dans le cadre des assurances sociales (LPGA).
À ce jour, seuls les cantons de Genève, de Neuchâtel et du Tessin imposent une autorisation préalable.
Après plusieurs expériences professionnelles, allant de la boulangerie au métier de vigile en passant par la garde rapprochée, Stéphane Mignon a suivi diverses formations de détective, dont une récente, qui complète son expertise dans le domaine de la lutte contre les fraudes en assurances.
Les conditions requises par les écoles sont généralement d'avoir 18 ans révolus, de posséder un casier judiciaire vierge et un permis de conduire.
Pour le reste, Stéphane Mignon estime: «Il faut savoir analyser les situations rapidement, être curieux, avoir du sang-froid et de la patience, connaître l'environnement dans lequel on évolue et être prêt à sortir n'importe quelle excuse crédible au cas où l'on tombe nez à nez avec la personne que l'on suit».
«Être capable de changer dans l'heure»
Pour ne pas se faire remarquer durant ses filatures, Stéphane Mignon est équipé. «Si cela dure plusieurs jours, je change régulièrement de véhicule. Mais j'ai aussi tout un attirail dans mon coffre: des petites moustaches, des boucles d'oreilles, des faux tatouages... il faut être capable de changer dans l'heure. Parfois, je me balade aussi avec mon casque de moto», explique le détective privé.
Mais en termes d'équipement, ce n'est pas tout. Les caméras jouent aussi un grand rôle dans la surveillance d'autrui. Le détective sort son téléphone: «Regardez le zoom que je viens d'acheter, c'est impressionnant!»
Sur l'écran, on voit un film tourné depuis le balcon d'un immeuble. Au loin, une route et encore plus loin, en tout petit, une voiture parquée devant une villa. En zoomant, il est possible de distinguer parfaitement la plaque d'immatriculation de l'auto: impressionnant, en effet. De quoi voir sans être vu, de très très loin!
Des caméras, il en possède de toute sortes, qui détectent les mouvements lors de longues planques, mais aussi certaines qu'il peut glisser dans sa chemise ou... dans un gobelet de café. «Il existe des entreprises spécialisées dans la fabrication de ce type de matériel, difficilement trouvable dans le commerce classique», avance Stéphane Mignon.
Enfin, savoir s'entourer est tout aussi primordial, selon lui: «Il est essentiel d'avoir un ami qui possède un chien: c'est une excellente excuse pour se trouver en pleine campagne au milieu de nulle part». Avoir des contacts peut s'avérer utile à tout moment: «Récemment, on m'a prêté un scooter électrique pour effectuer une filature nocturne sans bruit et les phares éteints. C'était le seul moyen de ne pas être repéré sur une route où il n'y avait vraiment personne».
Mais qui sollicite le plus Stéphane Mignon et pour quel genre d'affaires? La suite de cette série «Rencontre avec un détective privé» demain, sur blue News!