Sa banque le croit mort et bloque ses comptes «J'ai dû passer au guichet pour prouver que j'étais vivant!» 

Valérie Passello

22.1.2025

Une drôle de mésaventure est arrivée récemment à un Vaudois. Tous ses comptes bancaires ont été bloqués et sont passés en mode «succession». Pour une raison obscure, sa banque -l'UBS- a cru qu'il était décédé. Récit.

Cartes et applications sont devenues caduques au moment où le client de la banque a été déclaré mort. Une fois l'erreur signalée, il a fallu tout reprendre à zéro.
Cartes et applications sont devenues caduques au moment où le client de la banque a été déclaré mort. Une fois l'erreur signalée, il a fallu tout reprendre à zéro.
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Valérie Passello

«Mardi dernier, j'ai reçu une notification de mon e-banking UBS sur mon natel m'indiquant que mes comptes avaient été bloqués pour raison de sécurité», raconte Martin*. Pour blue News, il a accepté de revenir sur une mésaventure «à la fois cocasse et étrange», comme il dit: sa banque a cru qu'il était décédé!

D'abord, ce Vaudois suppose que la mesure vise à protéger son compte d'un piratage informatique, ou alors qu'une limite a été dépassée et que tout rentrera bientôt dans l'ordre. Puis son épouse l'appelle. Manifestement, leurs comptes joints ont aussi été bloqués: la carte n'a pas été «reconnue» au moment de payer les courses au supermarché.

Le mardi soir, Martin vérifie si son e-banking est toujours accessible depuis son ordinateur. Sans succès. On l'invite à contacter la «helpline». Il s'exécute donc: « Là, la personne au bout du fil m'explique que mes comptes ont été placés sous 'succession', relate-t-il. On me demande si quelqu'un de mon entourage est décédé, mais je certifie que non». L'opérateur essaie alors de joindre le service «succession» de la banque, mais il est tard. Il enjoint Martin de rappeler le lendemain.

«Soudain je réalise qu'on parle de moi!»

Le père de famille contacte donc à nouveau le service client de bon matin: «Le mercredi, c'est une femme qui me répond sur la helpline. Je lui refais tout le topo et je plaisante, en disant que j'ai peut-être hérité d'une fortune. Elle me dit: 'si vous le prenez comme ça, tant mieux'. Alors soudain, je réalise qu'on parle de moi! Il y a peut-être eu une erreur humaine, quelqu'un qui s'est trompé en entrant des chiffres, ou alors un homonyme est décédé», suppose-t-il.

Martin s'étonne de constater que même en répondant à toutes les questions du protocole de l'opératrice, cette dernière ne peut malheureusement pas être certaine qu'il s'agit bien de lui. «Finalement, j'ai dû passer au guichet pour prouver que j'étais vivant!» Il s'interroge: «Le jour où il n'y aura plus de guichets, on fera comment?»

Tout reprendre à zéro

Malgré le fait que l'erreur ait été signalée rapidement, impossible pour la banque de faire marche arrière immédiatement, note le Vaudois: «Ce que ça implique, c'est que toutes les cartes et les applications sont devenues caduques. Il a fallu contacter le service informatique pour en générer de nouvelles, c'était long et fastidieux».

Pendant le temps des démarches - qui n'ont duré que quelques jours- toujours aucun accès possible aux comptes: «Heureusement que ma femme avait un autre compte où il lui était possible de retirer de l'argent. Aujourd'hui, on n'a plus le réflexe de garder du cash à la maison», remarque Martin.

«En gros, Twint l'a averti qu'il avait reçu l'argent d'un mort»

Dans l'intervalle, il reçoit des courriers adressés à «Feu M. Martin X. et/ou» à son épouse, ainsi qu'à la «Succession de M. Martin X.»: de quoi provoquer un drôle de sentiment à quelqu'un de bien vivant. Mais il le prend avec humour: «Pendant trois jours, j'ai plaisanté en disant aux gens qu'ils parlaient à un fantôme!»

Mais ça n'est pas terminé: après les démarches qui ont permis de rétablir ses comptes et ses accès, Martin envoie une somme d'argent par Twint à un ami. Le destinataire reçoit bien la somme, mais avec une notification lui indiquant que le versement est lié à un compte «en succession». «En gros, Twint l'a averti qu'il avait reçu l'argent d'un mort, sourit-il. Mon ami m'a alors demandé si j'allais bien ou si j'étais décédé entre-temps».

Après une petite semaine, tout est finalement rentré dans l'ordre. «Ce n'est pas la fin du monde, mais ça pose plein de questions sur la gestion des données personnelles, la communication entre les différents services, ou encore sur l'identité numérique», conclut l'intéressé, philosophe. 

Contactée par blue News, UBS «ne souhaite pas commenter pour des raisons de protection des données et de sécurité».

*Nom connu de la rédaction