Affaire mystérieuse Genève : un vendeur de voitures comparaît pour un assassinat

aula, ats

29.11.2024 - 09:16

Le Tribunal pénal fédéral va se pencher dès lundi sur une affaire restée longtemps mystérieuse, l'assassinat d'un diplomate égyptien en 1995, dans le garage souterrain de son immeuble genevois. Sur le banc des accusés, un vendeur de voitures et une femme soupçonnée de complicité.

En 1995, un diplomate égyptien avait été assassiné à Genève (image d’illustration).
En 1995, un diplomate égyptien avait été assassiné à Genève (image d’illustration).
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Keystone-SDA, aula, ats

Au soir du 13 novembre 1995, un membre du bureau commercial de la Mission égyptienne à Genève était abattu de six coups de pistolet au thorax et à l'abdomen. Outre les balles et les douilles, les enquêteurs retrouveront sur place un silencieux artisanal confectionné avec des mousses d'appuie-tête de voiture et de la bande autocollante. Une empreinte sera mise en évidence sur celle-ci.

Durant plus de 20 ans, la police est restée bredouille. Jusqu'à ce que ses soupçons se portent en 2018 sur un vendeur de voitures mis en cause pour des viols et des agressions.

Condamné à plusieurs reprises en France et en Suisse, ce quinquagénaire italo-ivoirien est accusé aujourd'hui par le Ministère public de la Confédération (MPC) d'être l'auteur des tirs. Une double nationale suisse et italienne, soupçonnée d'avoir participé à la fabrication du silencieux, comparaît à ses côtés.

Un pistolet 9 mm

Selon le scénario reconstitué par les enquêteurs, le prévenu aurait profité du passage de la voiture du diplomate pour franchir la porte automatique du garage. Il aurait ensuite suivi la victime avant de faire feu avec un pistolet Sig Sauer calibre 9 mm, d'un modèle similaire au P75 de l'armée suisse.

Les deux accusés répondent d'assassinat, respectivement de complicité d'assassinat. Jusqu'à présent, l'auteur présumé n'aurait pas «balancé» ses commanditaires, ni dévoilé le montant reçu pour ce «contrat». La Cour des affaires pénales reviendra certainement sur ce point lors des débats.

Le double national est également prévenu de viols, de lésions corporelles et de menaces au détriment d'une ancienne compagne. Lors d'une altercation avec un tiers, il aurait lancé: «La prochaine fois, je vous tue comme les autres.»

Torture et pornographie

Aux infractions contre l'intégrité physique s'ajoute l'importation en Suisse, sur le téléphone mobile du prévenu, de vidéos tournées probablement en Afrique montrant des scènes de torture, de passages à tabac ou de pornographie dure (pédophilie et zoophilie). L'accusé répond aussi d'enregistrement illicite pour avoir enregistré pas moins de 87 conversations téléphoniques sans le consentement de ses interlocuteurs. Parmi ceux-ci figurent plusieurs policiers.

Dans le cadre de son activité dans le commerce de voitures, le double national répond enfin d'escroquerie et de gestion déloyale, notamment. Il aurait mis en scène des accidents de la circulation afin de toucher des prestations d'assurance. Plusieurs infractions routières – conduite sans permis notamment – lui sont aussi reprochées.

Le procès débute lundi. L'audience sera ensuite suspendue pour reprendre le 9 décembre et les jours suivants. La lecture du jugement est fixée au 27 janvier 2025. Jusqu'à l'entrée en force d'un jugement définitif, les deux prévenus sont présumés innocents. (affaire SK.2024.47)