Gestion «indécente» des inondationsValence: des milliers de personnes réclament «justice»
ATS
9.11.2024 - 19:49
Aux cris d'«assassins», des milliers de personnes ont défilé samedi dans les rues de Valence pour dénoncer la gestion chaotique par la classe politique des inondations qui ont fait au moins 220 morts dans le sud-est de l'Espagne la semaine dernière.
09.11.2024, 19:49
09.11.2024, 22:17
ATS
Les manifestants se sont rassemblés en fin d'après-midi devant la mairie de Valence avant de rejoindre le siège de la région, a constaté un journaliste de l'AFP.
Une grande partie de la colère se concentre sur le président de la région de Valence Carlos Mazón (PP, droite) mais le Premier ministre socialiste Pedro Sánchez n'a pas non plus été épargné par les critiques dans les rangs de la manifestation.
Les deux hommes sont accusés d'avoir sous-estimé les risques et mal coordonné les secours après les inondations du 29 octobre.
Ana de la Rosa, 30 ans, regrette des «guerres politiques alors que ce n'était pas le moment parce que les citoyens avaient besoin d'aide et n'en avaient pas». La jeune archiviste réclame «justice» pour ce qu'elle qualifie d'«homicide involontaire».
Gestion «indécente»
Pour Julián García, 73 ans , «la gestion de Mazón a été indécente et il devrait démissionner. Le gouvernement valencien est responsable et n'a pas voulu demander ce qu'il pourrait demander au gouvernement central, aussi un peu responsable», estime le retraité.
Originaire de Valence, Trini Orduña a manifesté contre «la classe politique honteuse». «Nous sommes la risée du monde entier», juge-t-elle.
La tête de cortège a défilé sous une large banderole «Mazón démission» où figurait le portrait retourné du président de la région de Valence.
A Madrid, des centaines de personnes se sont également réunies, en scandant notamment «Mazón démission», «le peuple uni ne sera jamais vaincu», a constaté un journaliste de l'AFP.
Dizaines de disparus
Il lui est également reproché de s'être absenté pendant plusieurs heures alors qu'il commençait déjà à pleuvoir et que le comité d'urgence s'était réuni. Carlos Mazón s'est défendu en assurant qu'il participait à «un déjeuner de travail» dans un restaurant de Valence avec une journaliste, selon les médias espagnols.
Parmi les accusations également formulées par les sinistrés, le fait que l'ensemble de la population n'ait été alertée via ses téléphones portables que dans la soirée, alors que de nombreuses zones étaient déjà submergées. La principale responsable des urgences de la région, Salomé Pradas, a admis jeudi qu'elle ignorait l'existence de ce système d'alerte, avant de se rétracter.
En Espagne, un pays très décentralisé, la gestion des catastrophes relève de la responsabilité des administrations régionales, mais le gouvernement central, chargé, lui, d'émettre les alertes via l'Aemet, peut fournir des ressources et même prendre la main dans des cas extrêmes.
C'est précisément ce dernier point qui motive les critiques de l'opposition de droite, qui accuse le chef du gouvernement socialiste d'avoir laissé sombrer la région par calculs politiques au lieu de reprendre la main. Pedro Sánchez a agi «de mauvaise foi», a tancé Miguel Tellado, le porte-parole du PP au parlement.
Des sources proches du gouvernement assurent de leur côté vouloir en temps utile définir les éventuelles responsabilités de chacun et les éventuelles défaillances dans la gestion de la catastrophe, tout en affirmant que le gouvernement a fait tout ce qu'il pouvait faire dans le cadre institutionnel actuel.
Les autorités poursuivaient samedi leurs opérations de recherche des disparus qui se concentrent à Albufeira et sur la lagune de Valence. Des dizaines de personnes sont encore recherchées, d'après le tribunal supérieur de justice de la région de Valence.