La France en ébullitionMacron invite Le Pen à relire la Constitution - Eric Ciotti s'accroche à son poste
AFP
12.6.2024
Menacé d'être exclu du parti qu'il préside, Eric Ciotti ne participera pas au bureau politique décisif des Républicains mercredi après-midi, où ses cadres entendent à tout prix le «destituer» après son alliance avec le Rassemblement national. De son côté, Macron ne fera pas campagne et ne débattra pas avec Le Pen.
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12.06.2024, 14:06
12.06.2024, 15:56
Marc Schaller
La réunion promettait d'être musclée, mais le personnage principal s'est finalement dérobé. M. Ciotti ne sera pas présent au bureau convoqué à 15H00 par sa numéro deux Annie Genevard, a indiqué son entourage.
Le président de LR conteste même la validité de cette réunion, organisée selon lui «en violation flagrante (des) statuts» du parti et qui n'a donc «aucune valeur juridique».
Ce qui confirme son intention de s'accrocher à son poste, après avoir déjà affirmé que «seuls les militants pourraient (lui) enlever» sa fonction acquise d'une courte tête fin 2022.
Le député des Alpes-Maritimes, accusé par le président de la République, Emmanuel Macron, d'avoir signé «un pacte du diable», a ordonné la fermeture du siège de LR situé à proximité immédiate du Palais Bourbon, a constaté l'AFP.
Macron ne fera pas de débat avec Marine Le Pen
Emmanuel Macron ne mènera pas la campagne de la majorité aux législatives, qui sera «portée par le Premier ministre» et ne fera pas de débat avec Marine Le Pen, a-t-il indiqué mercredi lors de sa conférence de presse.
«Le président de la République, il doit donner un cap, une vision. Mais il n'est pas là pour faire campagne aux législatives», a-t-il déclaré.
Quant à un débat avec Marine Le Pen, «j'ai fait cette offre de clarification avant les européennes parce qu'elle l'avait soumise. Elle ne s'est pas rendue au rendez-vous (...) Je comprends que madame Le Pen voulait rejouer la présidentielle en disant (...) qu'il fallait ensuite que je démissionne. Je l'invite à relire la Constitution. Donc, non».
Pour ses nombreux opposants internes, il a déjà cessé d'être président de LR. «Il ne l'est plus à l'instant où il a pris cette décision folle» de s'allier avec le RN de Jordan Bardella, a ainsi estimé Aurélien Pradié sur France 2.
Une décision annoncée à la surprise générale mardi au 13H00 de TF1, et qui a pris de court l'appareil du parti, en pleine course contre la montre des législatives anticipées du 30 juin.
«S'il le faut, nous le sortirons du bureau des héritiers du général de Gaulle», a ajouté le député du Lot, avant que M. Ciotti ne décide d'esquiver la confrontation.
Qu'importe sa volonté de rester en place, «il ne sera plus président des Républicains à 15H00 (...) il va être destitué», a affirmé sur BFMTV la sénatrice Agnès Evren.
Pas de cadeau
«Eric Ciotti, dehors!», a également tonné Xavier Bertrand sur BFMTV et RMC, accusant le député de Nice d'avoir «trahi pour une circonscription» et «pour être ministre de Marine Le Pen».
«Il doit quitter ses fonctions de président mais pas seulement, il ne doit plus être adhérent de LR», a réclamé le président de la région Hauts-de-France, rappelant que Rachida Dati, Bruno Le Maire ou Gérald Darmanin ont été «virés dans la journée», lorsqu'ils ont rejoint Emmanuel Macron.
Considérant lui aussi que M. Ciotti «n'a plus vocation à être président du parti», le chef des députés LR Olivier Marleix l'a invité sur BFMTV «à faire preuve d'un minimum de sens de l'honneur» et à «quitter ses fonctions» puisqu'il «s'est engagé tout seul dans cette voie».
Mais sans lui faire de cadeau, puisque «Les Républicains présenteront des candidats dans toutes les circonscriptions, y compris la sienne» dans les Alpes-Maritimes, a-t-il assuré.
A défaut d'un départ volontaire, «il faut qu'il soit sanctionné», a insisté Vincent Jeanbrun sur LCI, prévenant que si M. Ciotti «ne démissionne pas avant le bureau politique, (il) demander(a) son exclusion».
«Nos statuts permettent de décider qu'un adhérent, quel qu'il soit (...) puisse être sanctionné», a expliqué le maire de l'Haÿ-les-Roses, souhaitant «que le vote ait lieu à l'unanimité» car «s'il y a le moindre atermoiement cet après-midi (mercredi), alors effectivement LR risque d'imploser».
«Ce n'est pas une question juridique ou statutaire, c'est une question pleinement politique», a abondé l'ancien député Guillaume Larrivé sur franceinfo.
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