Fondation de Beaulieu En appel, l'ex-secrétaire général réfute tout enrichissement

sj, ats

17.4.2024 - 17:44

L'affaire de l'ancienne Fondation de Beaulieu à Lausanne a rebondi mercredi en appel au Tribunal cantonal. Acquitté en première instance en août dernier, son ex-secrétaire général s'est à nouveau défendu de tout enrichissement personnel. Le parquet, lui, demande cette fois huit mois de prison avec trois ans de sursis pour gestion déloyale aggravée.

L'affaire de l'ancienne Fondation de Beaulieu à Lausanne et de son ex-secrétaire général, qui n'a cessé de se dégonfler et a même abouti à un acquittement, aujourd'hui rejugé en appel, ne concerne qu'une petite partie de la vraie débâcle financière du Palais de Beaulieu (archives).
L'affaire de l'ancienne Fondation de Beaulieu à Lausanne et de son ex-secrétaire général, qui n'a cessé de se dégonfler et a même abouti à un acquittement, aujourd'hui rejugé en appel, ne concerne qu'une petite partie de la vraie débâcle financière du Palais de Beaulieu (archives).
ATS

17.4.2024 - 17:44

Le Ministère public vaudois avait initialement requis dix mois de prison avec trois ans de sursis, mais le Tribunal d'arrondissement de La Côte à Nyon avait blanchi Marc Porchet pour ce seul chef d'accusation retenu. Il avait jugé qu'il n'y avait pas eu de «système Porchet», dans ce qui ne concerne qu'une petite partie de la débâcle financière du Palais de Beaulieu à Lausanne, soit six cas de refacturations.

Ses trois juges avaient même estimé qu'il y avait «une absence d'intention» de celui qui avait à l'époque une double casquette (secrétaire général de la Fondation et patron de sa fiduciaire mandatée). Le tribunal correctionnel de Nyon s'était aussi dit convaincu qu'il n'était «pas mû par un enrichissement illégitime».

Aucune faute pénale donc, mais les juges avaient retenu une «faute civile», de l'ordre de 84'000 francs, concernant les marges bénéficiaires «importantes» dans lesdites refacturations.

«Je déplore me retrouver seul»

Toutes les parties ont fait appel contre ce jugement. Le Ministère public veut remettre le curseur sur l'élément subjectif, soit la question de l'intention de la gestion déloyale. La partie plaignante – la Fondation Beaulieu aujourd'hui dissoute – souhaite obtenir une révision à la hausse du montant de l'indemnité à la charge du prévenu. La défense, elle, conteste la faute civile et les conclusions allouées à la partie plaignante».

Mercredi, Marc Porchet a redit avoir «essayé de faire du mieux possible». «Je m'excuse si je n'ai pas fait toujours tout juste ou de manière assez précise. Mais je n'ai jamais cherché à nuire ni à m'enrichir. Je me suis investi sans compter», a-t-il affirmé, estimant avoir toujours fait preuve de loyauté, valeur cardinale à ses yeux.

Aujourd'hui «surendetté» à hauteur de 700'000 francs, il s'est dit «effaré de voir que personne ne cherche à savoir où sont passés les millions de perte» de la vraie débâcle de Beaulieu. «Je déplore me retrouver seul» devant la justice.

«On se trompe de cible»

Son avocat, Me Stefan Disch, a plaidé à nouveau l'acquittement. Il a redit que son client n'était pas responsable de la déconfiture de Beaulieu. «On se trompe de cible, d'homme et sur la qualité de l'homme. La Fondation, c'était toute sa vie. Pas un instant il a été agi dans une perspective déloyale de profit à tout prix».

Il est revenu sur la genèse des premiers soupçons à l'encontre de M. Porchet sur la base de «l'audit bâclé» commandé par la Ville de Lausanne. Puis il a vertement critiqué le communiqué de presse de décembre 2017 du Conseil d'Etat annonçant le dépôt d'une plainte pénale pour malversation, articulant un montant de 27 millions de francs.

«C'est monstrueux, c'étaient des mensonges éhontés. Les faits de cette plainte sont absolument faux. M. Porchet paie le prix de ce crime de dénonciation calomnieuse depuis bientôt sept ans», a affirmé Me Disch.

Il a repris sinon dans les grandes lignes sa défense de première instance, rappelant que le tarif horaire de refacturation de 135 francs était modeste et que les marges bénéficiaires l'étaient aussi au regard des risques entrepreneuriaux pris par son client, des charges d'infrastructures à intégrer et du contexte de surcharge de travail.

«Voulue et cultivée»

Le procureur François Danthe, a, lui aussi, repris ses principaux arguments, à savoir la «double casquette porteuse d'un conflit d'intérêts patent», la «confiance trahie» envers la Fondation Beaulieu et la «gestion dysfonctionnelle».

«M. Porchet a agi de façon intentionnelle, mû par une volonté de s'enrichir personnellement», a-t-il réaffirmé. Selon lui, la structure de la gestion complexe de Beaulieu était «organisée, recherchée, voulue et cultivée».

Le verdict de la Cour d'appel du Tribunal cantonal est attendu dans les cinq jours.

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