«Ce qui s'est passé est une honte» Drame sur le K2 : 50 alpinistes passent à côté d'un homme mourant

Le 27 juillet dernier, des scènes dramatiques se sont déroulées sur le K2,  deuxième plus haut sommet du monde (8611 mètres) et peut être le plus redoutable. Un alpiniste autrichien raconte.

Drame sur le K2 : 50 alpinistes passent à côté d'un homme mourant

Le 27 juillet dernier, des scènes dramatiques se sont déroulées sur le K2, deuxième plus haut sommet du monde (8611 mètres) et peut être le plus redoutable.

09.08.2023

Passé les 8000 mètres, la « zone de la mort » se présente.  Aucun humain ne peut survivre longtemps à cause du manque d’oxygène du à l’air raréfié. Sur le K2, 200 mètres plus haut se trouve la partie la plus dangereuse appelée le Bottleneck (goulot d'étranglement).  L'hôtelier et alpiniste tyrolien Wilhelm Steindl raconte au «Standard» ce qu'il y a observé.

Il n'était pas lui-même sur place, car il a fait demi-tour en raison des conditions météorologiques défavorables. Mais le cameraman Philipp Flämig a envoyé un drone juste avant le goulot pour filmer la situation.

De retour au camp de base, les deux hommes font une découverte macabre sur les images du drone. On y voit ainsi un homme mourant dont le torse est massé par une personne, sans doute pour le maintenir éveillé.

Une chute à 2h30 du matin

L'homme en question était l'alpiniste pakistanais Mohammad Hassan. Des témoins oculaires confirment qu'il a chuté à 2h30 du matin sur un terrain presque vertical et qu'il est resté suspendu à la montagne, la tête en bas et les jambes dénudées.

Pendant qu'Hassan était coincé, une nouvelle corde aurait été installée pour les touristes "payants" afin qu'ils puissent continuer. Après des recherches, Flämig a découvert qu'Hassan était resté suspendu pendant trois quarts d'heure avant d'être remonté.

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«Il est mort là, misérablement»

Flämig déclare : «Grâce au récit de trois témoins oculaires différents, je peux affirmer que cet homme était encore en vie alors qu'une cinquantaine de personnes étaient montées à côté de lui». Cela est également visible sur ses images de drone.

Il n'y aurait pas eu d'opération de sauvetage organisée. Certaines personnes qui revenaient du sommet ont même rencontré Hassan vivant. «Il est mort là, misérablement», dit Steindl. «Il aurait suffi de trois ou quatre personnes pour le faire descendre. Je n'étais pas sur le lieu de l'accident. Si je l'avais vu, je serais monté et j'aurais aidé ce pauvre homme».

La détentrice du record était également de la partie

La chasseuse de records norvégienne Kristin Harila figurait également parmi les conquérants du sommet*. Elle a gravi les 14 sommets de plus de 8000 mètres en seulement 92 jours - un record. «Ce qui s'est passé est une honte. On y laisse un être humain vivant pour que des records puissent être établis».

Plus tard dans la soirée, le record de la Norvégienne aurait été fêté au camp de base. Mais Steindl n'y est pas allé, car cela l'a dégoûté.