Procès pénal historique Donald Trump dénonce une «attaque contre l’Amérique»

ATS

15.4.2024 - 15:18

Donald Trump a qualifié «d'attaque contre l'Amérique» son procès à New York pour une affaire de paiements destinés à acheter le silence de l'ancienne star du X Stormy Daniels. Il devient le premier ex-président américain à comparaître devant la justice pénale.

Juste avant que l'audience ne s'ouvre lundi au tribunal de Manhattan, le candidat républicain a dénoncé une fois de plus une «persécution politique» ourdie par l'administration du président démocrate Joe Biden.

Il est ensuite entré dans la salle du tribunal derrière un de ses avocats, où il s'est assis, une expression de profonde gravité sur le visage, engageant un intense conciliabule avec son conseil sans prêter attention au procureur Alvin Bragg.

Le juge Juan Merchan a ensuite ouvert la séance vers 10h00 et commencé à examiner des recours présentés par la défense, rejetant notamment une demande de se récuser.

Peine de prison possible

Donald Trump est jugé pour une affaire de paiements destinés à acheter le silence de l'ancienne star du X Stormy Daniels, à quelques jours de l'élection de 2016 qui avait fait de lui le 45e président des Etats-Unis.

Un peu plus de trois ans après avoir quitté la Maison Blanche dans le chaos, il risque, en théorie, une peine de prison. Cela ne l'empêcherait pas d'être candidat au scrutin présidentiel du 5 novembre, où il rêve d'une revanche contre Joe Biden, mais placerait la campagne dans une situation totalement inédite. S'il est déclaré non coupable, ce serait au contraire une victoire majeure pour le candidat républicain.

«Les enjeux sont très élevés, parce que Trump et ses avocat ont réussi jusqu'à présent à ralentir les (autres) procès» sur des accusations de tentatives illégales d'inverser les résultats de la présidentielle de 2020 et sa gestion de documents classifiés, souligne Carl Tobias, professeur de droit de l'université de Richmond.

Présent

Et le dossier Stormy Daniels, qualifié de fragile par des experts, «pourrait être le seul jugé avant les élections», ajoute-t-il. Jusqu'aux derniers jours, les avocats ont vainement multiplié les recours pour retarder l'échéance. Samedi soir, en meeting en Pennsylvanie, il a assuré qu'il témoignerait au procès.

Le tribunal de Manhattan est placé sous très haute sécurité. Des manifestations pro et anti-Trump sont attendues, tout comme les caméras des médias du monde entier. Les audiences ne seront elles pas télévisées.

Première étape lundi, la sélection des douze jurés qui auront la charge de déclarer à l'unanimité Donald Trump «coupable» ou «non coupable», un processus qui pourrait prendre plusieurs jours. Au moins une centaine de résidents de Manhattan seront réunis dans la salle d'audience, où ils devront répondre à un long questionnaire sur leurs affiliations politiques, et leurs sympathies ou non pour Donald Trump.

Falsifications comptables

Le milliardaire est inculpé pour 34 falsifications de documents comptables de son entreprise, la Trump Organization, qui auraient eu pour but de cacher, sous couvert de «frais juridiques», des paiements survenus dans la toute dernière ligne droite de la présidentielle de 2016 pour acheter le silence de Stormy Daniels.

Contre 130'000 dollars, cette dernière avait accepté de se taire sur une relation sexuelle avec le milliardaire républicain dix ans plus tôt, alors qu'il était déjà marié avec Melania Trump. Donald Trump a toujours nié cette relation et sa défense entend démontrer que les paiements relevaient de la sphère privée.

Mais l'accusation, menée par le procureur élu sous l'étiquette démocrate, veut démontrer qu'il y a bien eu des manoeuvres frauduleuses pour cacher des informations aux électeurs quelques jours avant la présidentielle, remportée de justesse par le républicain contre Hillary Clinton. L'un des enjeux du procès sera de déterminer ce que Donald Trump savait de ces paiements quand ils ont eu lieu.

Ancien avocat, témoin clé

Son ancien avocat personnel, Michael Cohen, qui avait versé l'argent à Stormy Daniels - à la demande de son patron, assure-t-il - et a déjà été condamné devant la justice fédérale pour cette affaire, sera l'un des témoins clé de l'accusation.

La défense compte pilonner ce témoin, devenu l'ennemi juré de Donald Trump, et qui a aussi été condamné pour mensonges devant le Congrès américain.