«Tolérance zéro» Remarques et blagues sexistes à l'armée: 81% de victimes 

kigo, ats

31.10.2024 - 13:46

L'armée suisse doit faire des efforts pour mieux lutter contre la discrimination et la violence sexualisée. Elle a annoncé jeudi des mesures. Pas moins de 81% des personnes interrogées dans le cadre d'une étude disent avoir subi des remarques et des blagues sexistes.

Les minorités que sont les femmes, les personnes non hétérosexuelles et les personnes transgenres sont particulièrement visées. (image d'illustration)
Les minorités que sont les femmes, les personnes non hétérosexuelles et les personnes transgenres sont particulièrement visées. (image d'illustration)
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«Il faut en faire davantage», «il y a encore des efforts à fournir», «le besoin d'agir est patent»: l'armée ne mâche pas ses mots après avoir pris connaissance des résultats d'une étude sur la discrimination et la violence sexualisée fondées sur le genre et/ou l'orientation sexuelle dans l'armée suisse.

Ces résultats concluent que ces discriminations et violences sont répandues dans l'armée. Les minorités que sont les femmes, les personnes non hétérosexuelles et les personnes transgenres sont particulièrement visées. Il ne s'agit pas de cas particuliers, note le rapport: la discrimination et la violence sexualisée sont étroitement liées avec la culture d'entreprise de l'armée.

Six champs d'action

Face à ce constat, l'armée annonce des mesures complémentaires à sa stratégie diversité, afin de renforcer la protection des militaires et d'accélérer le changement de culture au sein de l'armée. L'étude conclut qu'il est nécessaire de démultiplier les images du soldat-type pour reconnaître tous les militaires dans leur diversité, ainsi que de mettre en place une culture d'entreprise inclusive.

Les mesures sont réparties en six champs d'action. Les trois premiers entrent dans la catégorie de la prévention. Il s'agit de détecter rapidement et d'empêcher les comportements déviants, de développer les capacités à détecter ces comportements, de sensibiliser les militaires à la discrimination et la violence sexualisée, ainsi que de les former à mieux lutter contre.

Le quatrième champ d'action vise à renforcer les droits des victimes et à protéger les témoins. Le cinquième doit permettre d'améliorer la procédure, notamment en l'accélérant et en la rendant plus accessible. Il s'agit aussi de consigner tous les cas disciplinaires pour actes de discrimination ou de violence sexualisée.

Dans le dernier champ d'action, l'armée doit collaborer plus intensément avec d'autres organismes ou services spécialisés externes pour échanger savoir-faire et expériences.

«Phénomène d'autosélection»

Depuis 2023, l'armée s'engage en faveur d'une stratégie de tolérance zéro. Elle a déjà pris de premières mesures, en créant notamment un service spécialisé «Femmes dans l'armée et diversité».

L'étude commandée à l'institut d’études YouGov Suisse fait partie du train de mesures. Elle montre que de nombreux militaires s'engagent déjà en faveur de l'égalité et de la protection contre la discrimination: 78,4% des personnes interrogées indiquent que la stratégie de tolérance zéro de l’armée est appliquée, au moins en partie et parfois de manière très systématique.

Ce sont 2085 femmes militaires et 1869 hommes militaires qui ont été invités à participer à l'enquête. Seules 1126 personnes (764 femmes et 362 hommes) y ont répondu anonymement et volontairement, entre janvier et mars 2023.

Pour expliquer la participation relativement élevée de femmes et de personnes queer, le rapport parle d'un «phénomène d'autosélection». Cela veut dire qu'il est fréquent que les personnes qui participent aux enquêtes soient particulièrement intéressées par le sujet abordé.

Une évaluation intermédiaire des mesures supplémentaires est prévue au second semestre 2026. En 2027, l'armée mènera une nouvelle enquête sur la discrimination et la violence sexualisée. L'étude s'inscrit dans le cadre de la Stratégie Egalité 2030 de la Confédération.

kigo, ats