Drame de Novi Sad Des milliers de Serbes s'apprêtent à passer la nuit à manifester

ATS

27.1.2025 - 22:41

Des milliers de Serbes s'apprêtent à passer la nuit de lundi à mardi à manifester à Belgrade pour dénoncer la corruption et réclamer justice pour les morts de l'accident de la gare de Novi Sad.

Les manifestants occupent depuis lundi matin le plus important noeud routier de Belgrade.
Les manifestants occupent depuis lundi matin le plus important noeud routier de Belgrade.
ATS

Depuis lundi matin, étudiants, lycéens, employés et retraités sont rassemblés sur le plus important noeud routier de Belgrade, dernière d'une série de manifestations qui secouent le pays depuis la mort de 15 personnes dans l'effondrement de l'auvent en béton de la gare de la deuxième ville de Serbie, le 1er novembre.

Ils voient dans la catastrophe une illustration de la corruption et de la négligence des autorités, dans un pays qui sous la présidence du nationaliste Aleksandar Vucic, au pouvoir depuis 2012, a multiplié chantiers et grands projets.

Leurs revendications n'ont pas changé depuis le début de la contestation: la publication de tous les documents relatifs à la rénovation de la gare – qui venait d'être achevée; l'arrestation des personnes soupçonnées d'avoir physiquement attaqué les étudiants et les professeurs depuis le début des manifestations; l'abandon des poursuites contre les étudiants arrêtés; et une hausse de 20% du budget de l'Enseignement supérieur.

«Tout ce que nous avons, nous l'avons publié»

Nous y avons répondu, a affirmé le président lundi soir lors d'une longue conférence de presse. Tableaux à l'appui, il a tenté de démontrer que les autorités avaient satisfait les revendications.

Les documents? «Tout ce que nous avons, nous l'avons publié. Il ne reste plus rien [à publier] sur la tragédie de la gare». Et tant pis si les manifestants affirment que ce n'est pas du tout le cas, et demandent encore la publication des contrats passés avec les entreprises chinoises chargées de la rénovation.

Les arrestations? «Les procureurs à travers la Serbie ont ouvert des enquêtes contre 37 individus pour des faits de violence contre des étudiants et des professeurs», a dit M. Vucic, tandis que dans le cadre de l'enquête sur l'effondrement de l'auvent, plus d'une dizaine de personnes ont été inculpées, dont l'ancien ministre des Transports, Goran Vesic.

Remaniement

Quant à la hausse des budgets de l'Education, le président a promis qu'elle serait bien adoptée. Son Premier ministre, Milos Vucevic, s'est ensuite chargé d'inviter les étudiants et leurs professeurs au dialogue pour «discuter des revendications», et espérer un retour en classe alors que des dizaines facultés sont bloquées à travers le pays.

«Au nom du gouvernement, j'invite les doyens, les professeurs et les étudiants à venir pour discuter de tous les sujets qu'ils ont mis en avant», a-t-il déclaré. «Nous avons besoin de toute urgence de faire baisser les tensions. Le gouvernement est prêt à faire le premier pas et à discuter avec des représentants des étudiants».

Dans son allocution, le président serbe a aussi affirmé avoir demandé «un remaniement de grande ampleur, car en ces temps politiques difficiles, on voit clairement qui est prêt à se battre et qui ne l'est pas, qui est prêt à travailler et qui ne l'est pas (...) Je m'attends donc à ce que plus de 50 % des ministres actuels soient remplacés». Quant aux étudiants, M. Vucic est certain qu'ils ont «gagné une grande victoire».

«Changer le gouvernement»

Dans la foule massée sur l'échangeur d'Autokomanda, l'ambiance a été joyeuse toute la journée, certains manifestants faisant même griller un cochon à la broche sous un soleil printanier, d'autres venant en famille, dansant et discutant. Et les déclarations du président et du Premier ministre n'ont pas semblé convaincre les manifestants de rentrer chez eux.

«Je pense qu'on ne peut même pas être certains que le contenu des documents publiés est véridique», avance Anja Miletic. «Et qu'on ne peut pas non plus être certains qu'ils n'ont pas été modifiés», ajoute cette programmeuse de 28 ans.

«Je pense que c'est une tentative de calmer les passions», abonde Vladimir Markovic, 48 ans. «Mais je ne pense pas que ça va marcher, car le plus important, c'est de changer le gouvernement».

ATS