Signes inquiétants Dans le golfe de Naples, un supervolcan pourrait se réveiller

dpa/toko

29.6.2023

La croûte terrestre au-dessus des Champs Phlégréens en Italie s'affaiblit de plus en plus. Une éruption du plus grand supervolcan actif d'Europe aurait des conséquences désastreuses - et pas seulement pour les environs immédiats.

Champs phlégréens près de naples - sources sulfureuses.
Champs phlégréens près de naples - sources sulfureuses.
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Au premier coup d'œil, ils semblent insignifiants. Les champs Phlégréens, une région du sud de l'Italie à forte activité volcanique, sont relativement plats et n'ont pas bien l'air menaçants. Pourtant, sous la surface de la terre, dans le golfe de Naples, sommeille un énorme volcan - un supervolcan même.

L'Italie est célèbre aussi pour ses volcans. Les plus connus - l'Etna en Sicile et le Vésuve non loin de Naples - tiennent déjà le pays méditerranéen en haleine. Mais les chercheurs s'inquiètent actuellement des champs Phlégréens (en italien : Campi Flegrei) et du magma qui s'y trouve en profondeur.

En effet, la croûte terrestre qui recouvre le volcan géant s'affaiblit de plus en plus.

Des indices d'explosion à venir

Une nouvelle étude menée par des chercheurs de l'University College London (UCL) et de l'Institut national italien de géophysique et de volcanologie (INGV) a remis les «champs brûlants» et les conséquences possibles d'une éruption du supervolcan sous les feux de la rampe.

Selon les résultats des volcanologues, la surface terrestre des champs s'affaiblit et devient plus vulnérable aux fissures.

Les supervolcans se caractérisent par une chambre magmatique particulièrement grande. Contrairement aux volcans normaux, ils n'entrent pas seulement en éruption, mais explosent littéralement. Au lieu de former un cône volcanique, c'est-à-dire une montagne, ils laissent un énorme cratère après une éruption. C'est ce qu'on appelle une caldeira.

Selon les chercheurs, la caldeira des Champs Phlégréens passe actuellement d'une phase «élastique» à une phase «inélastique». Les spécialistes ont identifié des mouvements en profondeur qui indiquent une remontée de gaz. Cela se traduit par des soulèvements et des affaissements qui peuvent entraîner des fractures dans la croûte.

Les volcans qui se réveillent après une longue période de calme doivent d'abord briser l'épaisse croûte qui s'est formée pendant les années de repos pour pouvoir expulser le magma. Une telle rupture est justement précédée de ce soulèvement et de cet abaissement répétés ainsi que de tremblements volcaniques.

Selon les chercheurs, c'est donc exactement ce qui se passe actuellement dans cette zone d'environ 150 kilomètres carrés, située près de Naples et sur la côte méditerranéenne.

Effets potentiellement dévastateurs

Les Champs Phlégréens sont assez proches de leur voisin bien connu, le Vésuve. Ils se caractérisent par une zone volcanique active depuis plus de 80 000 ans, avec plusieurs centres volcaniques. A première vue, les nombreux cratères d'explosion sont discrets et visibles depuis les airs. Des fumerolles, c'est-à-dire des émanations de vapeur volcanique, ainsi que des sources thermales laissent penser que le sous-sol gronde. 

La crainte d'une éruption est donc grande, car les effets pourraient être dévastateurs - et pas seulement pour l'environnement immédiat. Lors d'une éruption il y a environ 40'000 ans, une énorme quantité de cendres a été projetée dans l'atmosphère, ce qui a eu un impact massif sur le climat, non seulement au niveau régional, mais aussi au niveau mondial.

Un phénomène qui s'est répété il y a 15 000 ans. La dernière éruption s'est produite en 1538. Depuis 70 ans, le sous-sol bouillonne à nouveau. Des dizaines de milliers de petits tremblements de terre ont secoué la région pendant cette période. Selon les données de l'INGV, 661 tremblements de terre ont eu lieu rien qu'en mai de cette année. Même s'ils sont faibles -633 d'entre eux ont une magnitude inférieure à 1,0- ils contribuent à l'instabilité.

Pas de certitude à ce stade

Depuis maintenant onze ans, la zone est placée en alerte jaune par la protection civile, qui appelle à la prudence. Malgré la crainte d'une éruption, il est toutefois possible que l'activité des Champs Phlégréens se stabilise, voire s'apaise complètement.

Ou alors qu'une «éruption interrompue» se produise : dans une autre étude de l'INGV, il apparaît clairement qu'il y a eu par le passé des éruptions au cours desquelles un transfert de magma a eu lieu entre une source située profondément dans la terre et une ouverture - le magma n'a toutefois jamais atteint la surface de la terre.

Et même lors de la dernière grande éruption de 1538, seul un centième de la quantité de magma qui s'était accumulée sous le volcan au cours des siècles précédents serait entré en éruption. Certes, les champs Phlégréens sont actuellement plus fragiles, mais une éruption n'est pas pour autant garantie.

Le directeur de l'observatoire INGV de Naples, Mauro di Vito, qui n'a pas participé à l'étude de l'UCL, se montre d'ailleurs relativement serein: «Actuellement, nous n'avons aucun signe de magma ascendant. Il faut néanmoins redoubler d'attention», dit-il, car le passé a montré que les éruptions dans les champs Phlégréens peuvent être puissantes et explosives.

«Nous ne pouvons pas encore dire avec certitude ce qui va se passer», souligne également Stefano Carlino, l'un des auteurs de l'étude de l'UCL. «Ce qui est important, c'est que nous soyons préparés à toute évolution».