Prouesse au CHUV Après un an, un enfant sous assistance cardiaque sauvé sans greffe

uc, ats

26.7.2023 - 11:51

Après avoir passé une année aux soins intensifs du CHUV de Lausanne, un petit garçon de quatre ans n’a finalement pas eu besoin d’une greffe cardiaque: son cœur bat désormais tout seul. Une prise en charge multidisciplinaire a permis de réaliser cette opération technique et risquée, encore jamais tentée au CHUV.

L’enfant a pu quitter les soins intensifs quelques jours après l’intervention et rentrer chez lui un mois plus tard. (image d'illustration)
L’enfant a pu quitter les soins intensifs quelques jours après l’intervention et rentrer chez lui un mois plus tard. (image d'illustration)
KEYSTONE

L’histoire de ce patient est hors normes, a indiqué le Centre hospitalier universitaire vaudois (CHUV) mercredi dans un communiqué. Hospitalisé à l’âge de 3 ans, au début de l’été 2022, pour un cancer, il a développé une insuffisance cardiaque due à une infection qui a affaibli son cœur.

En raison de son traitement oncologique, l’enfant ne pouvait pas être mis sur liste d’attente pour une greffe cardiaque. Son cœur n’effectuant plus son travail de pompe, le garçon a donc été placé sous assistance cardiaque bi-ventriculaire à l'aide d'un dispositif externe.

L’équipe a opéré une première fois le garçonnet pour installer ce dispositif sur les deux ventricules. Cette machine est exclusivement réservée aux enfants qui souffrent d’insuffisance cardiaque et permet de gagner du temps en préservant le cœur, en vue d’une éventuelle greffe.

Le cœur récupère

Quelques mois après la pose de la machine, l’équipe de Marie-Hélène Perez, responsable des Soins intensifs pédiatriques du CHUV, a observé des signes indiquant une récupération cardiaque. C’est à partir de ce moment que l’idée d’un sevrage de l’assistance, sans passer par une greffe, a commencé à germer.

Pour pouvoir retirer le dispositif et maximiser les chances de succès, l’équipe a suivi un protocole très strict pour remuscler le cœur avec l’aide d’un médicament qui augmente la force de la contraction cardiaque et le prépare à fonctionner de manière autonome.

Nous avons décidé de retirer la machine et de conserver son cœur natif, explique Reza Hosseinpour, chirurgien cardiaque pédiatrique au CHUV. Un exercice jamais tenté à Lausanne et périlleux, notamment parce qu’il fallait s’attaquer au retrait de la machine non pas d’un seul, mais des deux ventricules.

«De la dentelle»

«En principe, on retire le dispositif pour greffer un nouveau cœur. Là, l’enjeu était de retirer cette machine sans endommager les tissus existants. De la vraie dentelle», souligne le Pr Hosseinpour, cité dans le communiqué.

Pour réaliser l’opération, le spécialiste s’est fait accompagner par le chirurgien Fabrizio De Rita, un spécialiste de Newcastle (GB) qui connait bien cette intervention. L’opération a duré une matinée entière et a été un succès.

L’enfant a pu quitter les soins intensifs quelques jours après l’intervention et rentrer chez lui un mois plus tard. En rémission de son cancer, il est aujourd’hui suivi en ambulatoire au CHUV.

uc, ats