Six mois après la disparition «C’est devenu très courant» - Les révélations chocs de la mère de Lina

AFP

22.3.2024

Six mois après la disparition de Lina en Alsace, sa mère continue d'espérer que l'enquête aboutisse un jour à des retrouvailles et se mobilise pour que l'attention autour de cette affaire ne faiblisse pas.

Lina a disparu depuis six mois.
Lina a disparu depuis six mois.
Photo de profil Facebook/ capture d'écran

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«C'est trop long. Les délais, c'est des mois, c'est trop long depuis le début», confie à l'AFP Fanny Groll à quelques jours du 23 mars, date qui marque les six mois de son premier appel aux gendarmes pour signaler l'absence de l'adolescente de 15 ans.

Le 23 septembre, Lina avait quitté son domicile de Plaine (Bas-Rhin) en fin de matinée pour se rendre à la gare de Saint-Blaise-la-Roche, à environ trois kilomètres de là. Elle devait prendre un train afin de rejoindre son petit ami à Strasbourg. Ne la voyant pas arriver, c'est lui qui a alerté la mère de la jeune fille.

Des témoins, dont l'ancien maire du village, ont vu Lina sur le chemin de la gare entre 11H15 et 11H30. Le téléphone de l'adolescente a cessé d'émettre à 11H22 et n'a pas été retrouvé.

«J'espère qu'on va continuer d'en parler», dit sa mère, qui tient vendredi après-midi une conférence de presse à Strasbourg avec son avocat, Matthieu Airoldi. «Sur toutes les interventions que je fais, j'espère, à chaque fois, que Lina puisse entendre, ou que cela puisse déclencher quelque chose, un cas de conscience» chez des personnes qui seraient liées à cette disparition, poursuit-elle.

Sur le plan judiciaire, une enquête est menée par deux juges d'instruction strasbourgeoises. D'après une source proche de l'enquête, «toutes les hypothèses restent ouvertes, il n’y a pas de priorisation d'une éventuelle piste».

«Investigations de longue haleine»

Dans sa dernière communication sur l'affaire, le 2 octobre, le parquet de Strasbourg avait annoncé que l'enquête s'orientait «vers des investigations de longue haleine».

«On reste fortement mobilisés sur le dossier», assure à l'AFP la source proche de l'enquête. «Il y a toujours une vingtaine d'enquêteurs qui travaillent sur le dossier, c'est le cœur du réacteur. Et en fonction des besoins et des technicités», ces enquêteurs bénéficient de renforts, «notamment sur les investigations numériques».

Ils peuvent également recevoir le soutien de l'IRCGN (Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale), et du SCRC (Service central de renseignement criminel de la Gendarmerie nationale).

«Ce qu'on veut, c'est des retours de la justice, des avancées, qu'il se passe quelque chose», insiste Mme Groll. Elle attend également des résultats dans l'enquête sur un viol dénoncé par sa fille en 2022, plusieurs mois avant sa disparition. L'affaire, initialement classée sans suite par le parquet de Saverne, a été reprise par le parquet de Strasbourg, qui a ouvert une information judiciaire le mois dernier.

Concert de soutien

Pour conjurer l'angoisse, la mère de l'adolescente se «concentre sur l'association» qu'elle a créée en janvier, «Les bonnes étoiles de Lina». Un concert de soutien est organisé le 20 avril à Plaine.

Autre conséquence inattendue de la disparition de sa fille, Fanny Groll est depuis plusieurs mois la cible de cyberharcèlement. «Rien que le fait que j'ai un avocat, c'est un déferlement de commentaires qui n'ont pas lieu d'être», explique-t-elle. «On a beau ne pas se laisser atteindre, ils existent quand même, il faut se protéger, c'est compliqué.»

Elle a découvert que sa fille avait elle aussi été victime du même phénomène. «J'imagine qu'elle a subi des choses sans l'exprimer, ça me touche énormément».

Alors, avec son association, elle souhaite également «informer la population utilisatrice d'internet sur le cyberharcèlement». «Je pense que c'est devenu très courant, et ça a des conséquences dramatiques, ça fuse à la vitesse de l'éclair, ça peut faire beaucoup de mal», déplore-t-elle. «Je parle par expérience».