Royaume-Uni Transformation des habitudes alimentaires

ATS

2.12.2024 - 13:30

Au pays du fish and chips et du sunday roast, les habitudes culinaires sont en pleine mutation dans un contexte où le Royaume-Uni se bat contre l'obésité. A la culture street food, le fait-maison devient de plus en plus une alternative sérieuse pour éviter les aliments ultra-transformés, à un moment où les jeunes anglais s'inspirent largement des contenus sur les réseaux sociaux pour enfiler le tablier.

Les jeunes Britanniques s'inspirent largement des réseaux sociaux pour cuisiner.
Les jeunes Britanniques s'inspirent largement des réseaux sociaux pour cuisiner.
visualspace / Getty Images

ETX Studio, ATS

Alors que le Royaume-Uni a fait de l'obésité l'un de ses combats majeurs – plus d'un enfant sur cinq est en surpoids ou obèse avant l'entrée à l'école primaire tandis que 25% d'adultes sont concernés par l'obésité et 38% le surpoids, le rapport annuel des supermarchés britanniques Waitrose* révèle combien les comportements alimentaires sont en pleine mutation au pays de Charles III. Car non seulement les sujets de sa Majesté passent derrière les fourneaux, et délaissent davantage les repas et snacks pris à l'extérieur, mais en plus ils aiment faire la cuisine!

Pas moins de 55% des Britanniques ont en effet confié à Waitrose qu'ils préfèrent enfiler le tablier plutôt que de commander un repas à emporter. Aussi, 46% des quelque 3.200 consommateurs sondés ont révélé cuisiner eux-mêmes tous les jours. On ne dit pas que les Anglais réalisent la popote pendant des heures, mais qu'ils prennent désormais le temps de réaliser des recettes. D'après l'analyse de Waitrose, ils consacrent en moyenne trente minutes à la préparation. Le fait culinaire devient un vrai sujet alors que le dernier rapport de l'OCDE sur le temps passé à table classait le Royaume-Uni en bas de la liste, avec seulement 1h19 quotidiens. Par comparaison, les Français, champions du monde du genre, consacrent 2h13 aux repas assis.

Plusieurs raisons concomitantes expliquent cette transformation des habitudes. Ainsi, 38% des Britanniques interrogés par Waitrose disent fabriquer eux-mêmes leur pain tandis que 28% ont déjà essayé de réaliser leurs propres pickles. Une nouvelle passion à corréler à l'envie de mieux connaître le contenu de son assiette. D'après le distributeur, l'inquiétude notable des Anglais au sujet des aliments ultra-transformés ont incité 61% des cuisiniers amateurs à passer derrière les fourneaux.

Ces nouvelles aptitudes ont largement été stimulées par les réseaux sociaux où les apprentis puisent leurs idées de repas. Les livres de recettes comme sources d'inspiration apparaissent désormais désuets, en tout cas auprès des 18-34 ans, alors que les jeunes toques visionnent davantage les vidéos TikTok pour composer leurs menus. Et si le réseau social chinois est régulièrement critiqué pour ses astuces loufoques et ses informations biaisées, en matière de cuisine, celui-ci a au moins le mérite de laisser libre cours à l'imagination culinaire. En somme, les jeunes Britanniques suivent moins les instructions pour réaliser une recette. D'ailleurs, 72% d'entre eux disent se sentir en confiance quand ils cuisinent sans s'appuyer sur aucune recette. Et il y a quoi dans la casserole? Pour plus des trois quarts des Anglais (72%), la cuisine indienne constitue ainsi le répertoire dans lequel ils piochent le plus souvent pour préparer du fait-maison.

Mais, aussi étrange que cela puisse paraître étant donné le contexte inflationniste qui aiguille logiquement les consommateurs vers le fait-maison pour réduire les dépenses, les foyers britanniques s'intéressent aussi aux ingrédients haut de gamme, d'après Waitrose. Les ventes de flocons de sel de Cornouailles ont explosé de 79% en 2024 par rapport à l'année dernière. C'est le cas aussi de l'huile extra vierge de l'ordre de 15% tandis que celles du vinaigre de pommes de 6% dans les supermarchés du distributeur. Cet attrait ne vient en fait qu'appuyer cette envie d'améliorer le contenu de l'assiette sur le plan nutritionnel, tout en mettant aussi les petits plats dans les grands à un moment où on se donne du mal pour préparer la cuisine. 54% des Britanniques disent éviter les aliments ultra-transformés de façon proactive tandis que 67% intègrent volontairement des ingrédients bons pour leur santé intestinale.

*Cette étude a été réalisée auprès d'un panel de 3.239 consommateurs britanniques interrogés en octobre pour le Waitrose Food and drink report 2024