Faits, cible, suspect... Attaque contre la synagogue en France: ce que l'on sait

AFP

25.8.2024

Moins de 16 heures après l'attaque qui a visé une synagogue dans le sud de la France, l'assaillant présumé, un Algérien de 33 ans, a été interpellé samedi soir à une cinquantaine de kilomètres des lieux. Le point sur l'enquête, confiée au parquet antiterroriste.

Lors des faits, cinq personnes se trouvaient dans le bâtiment, dont le rabbin, mais aucune n'a été blessée.
Lors des faits, cinq personnes se trouvaient dans le bâtiment, dont le rabbin, mais aucune n'a été blessée.
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Les faits

Entre 08H00 et 08H30 (06H00 et 06H30 GMT) samedi, deux véhicules sont incendiés dans l'enceinte de la synagogue Beth Yaacov de La Grande-Motte (sud), station balnéaire proche de Montpellier, explique le Parquet national antiterroriste dans un communiqué. Deux départs de feu supplémentaires sont relevés au niveau de deux portes d'accès du bâtiment.

«Plusieurs départs de feu ont été signalés à la gendarmerie par des riverains, à 08H21», a précisé à l'AFP une source de la préfecture, qui représente l'Etat dans le département, en soulignant que dans ce bâtiment logent le rabbin de la synagogue mais aussi d'autres personnes «sans lien avec la communauté juive».

Selon cette source, ces feux ont visé deux voitures stationnées dans l'enceinte du bâtiment, une pergola servant d'espace de convivialité avec un barbecue, ainsi que la porte même de la synagogue et celle d'une salle de réunion. Un cinquième départ de feu est mentionné, sur une voiture stationnée à l'extérieur de l'enceinte de l'édifice religieux.

L'explosion entendue au même moment que les départs de feu est celle d'une bonbonne de gaz. Après avoir pensé que celle-ci se trouvait dans un des véhicules incendiés, les enquêteurs du parquet national antiterroriste (Pnat) ont finalement déterminé qu'elle était à côté de ces véhicules.

De source préfectorale, quatre bonbonnes de gaz, deux grandes et deux petites, se trouvaient sous la pergola, près du barbecue.

Selon le maire de la commune, Stéphan Rossignol, celle qui a explosé aurait été ouverte par l'assaillant lui-même, dans le patio de la synagogue. Les trois autres étaient vides.

La cible

La synagogue Beth Yaacov Atlan, installée dans un bâtiment d'un étage, dans une zone résidentielle de La Grande-Motte, a été inaugurée il y a 12 ans, à l'initiative de deux frères rapatriés d'Algérie.

Lors des faits, cinq personnes se trouvaient dans le bâtiment, dont le rabbin, mais aucune n'a été blessée. Le seul blessé léger est un policier municipal.

«D'après les premiers éléments dont nous disposons, nous pouvons considérer que nous avons échappé à un drame absolu», a commenté sur place le Premier ministre démissionnaire Gabriel Attal samedi en fin d'après-midi.

Ce samedi, jour de shabbat (jour de repos hebdomadaire dans la religion juive),  l'office était prévu à 09H00, selon le site internet de la synagogue. «Il y a eu une vraie volonté d'avoir des victimes, de tuer», a affirmé Perla Danan, présidente du conseil représentatif des institutions juives d'Occitanie, à l'AFP: «Ça aurait pu être l'heure de l'office si nous étions en hiver».

Le suspect

Sur les images des caméras de surveillance de la synagogue, un homme, apparemment relativement jeune, est filmé en train de quitter les lieux en courant, après l'incendie et l'explosion. Le visage découvert, un keffieh rouge sur la tête, un drapeau palestinien autour de la taille, vêtu d'un polo bleu et d'un pantalon, il tient dans chaque main une bouteille d'eau minérale en plastique contenant un liquide jaunâtre.

A la ceinture, la crosse d'une arme de poing semble dépasser. Possiblement un 9 mm, selon une source proche du dossier.

Moins de 16 heures après le début de sa cavale, l'individu recherché est finalement interpellé à 23H35 (21H35 GMT) samedi, lors d'une intervention menée notamment par des policiers d'élite, annonce le ministre de l'Intérieur démissionnaire, Gérald Darmanin, sur X.

Selon le Pnat, cette arrestation a eu lieu à Nîmes, à une cinquantaine de kilomètres au nord. De même source, l'homme interpellé a ouvert le feu sur la colonne d'intervention, qui a riposté et l'a blessé au visage.

De source proche du dossier, l'homme est un Algérien de 33 ans en situation régulière. De même source, son interpellation a eu lieu dans un secteur paupérisé de la ville de Nîmes gangréné par les trafics de stupéfiants.

L'enquête

Le Pnat s'était saisi des faits à 11H00 samedi, ouvrant une enquête pour tentative d'assassinats en relation avec une entreprise terroriste, destructions par moyen dangereux en relation avec une entreprise terroriste, et association de malfaiteurs terroriste en vue de préparer des crimes d'atteinte aux personnes.

L'enquête est menée par la sous-direction antiterroriste de la police judiciaire, la direction zonale de la police nationale sud et la direction générale de la sécurité intérieure.

Hormis l'annonce de l'interpellation, aucun élément supplémentaire n'a encore été apporté par le Pnat sur l'éventuel passé judiciaire de l'assaillant et ses éventuelles motivations. De même aucune revendication n'a encore été formulée.

Avant l'interpellation du suspect, plusieurs perquisitions ont été menées dans la journée de samedi et trois autres personnes, dont deux de l'entourage de l'assaillant présumé, ont été également arrêtées et placées en garde à vue.