Une attaque au couteau a fait six blessés jeudi à Annecy. Quatre enfants en bas âge font partie des victimes. Le suspect, de nationalité syrienne, a été interpellé par la police.
France: une attaque sanglante sème l'épouvante dans un parc d'Annecy
Un réfugié syrien armé d'un couteau a blessé jeudi matin six personnes, dont quatre enfants de 22 à 36 mois dans un parc à Annecy, une attaque qui a suscité une vague d'émotion en Europe.
08.06.2023
Trois des victimes, deux enfants et un adulte, ont un pronostic vital engagé, selon une source proche du dossier. Le caractère terroriste ou non de l'attaque est en cours d'évaluation.
L'homme s'est attaqué à des enfants âgés d'environ trois ans sur une aire de jeu dans le grand parc qui borde le lac d'Annecy, dans le centre historique. «Ca s'est passé à 09h45 ce matin, à l'arme blanche» aux abords du jardin de l'Europe, parc très fréquenté situé sur les bords du lac d'Annecy, a rapporté de son côté la préfecture.
Pas de «motivation terroriste»
De nationalité syrienne, né en 1991, l'agresseur avait obtenu le statut de réfugié en Suède où il a vécu pendant 10 ans, par une décision du 26 avril 2023. Il était entré en situation régulière sur le territoire français où il avait cependant déposé une deuxième demande d'asile en novembre 2022, selon une source au sein de la police.
L'assaillant, qui portait une croix chrétienne quand il a été interpellé, s'était présenté comme un «chrétien de Syrie» lors de sa demande d'asile à l'Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra) le 28 novembre 2022. Il a crié «au nom de Jésus Christ» à deux reprises lors de l'attaque.
«En l'état il n'y a pas d'éléments qui pourraient nous laisser entendre qu'il y a une motivation terroriste», a indiqué la procureure d'Annecy Line Bonnet-Mathis lors d'une conférence de presse, précisant que l'enquête était ouverte pour tentative d'assassinats.
«Il voulait attaquer tout le monde»
Selon différents témoignages, l'homme a tenté de s'enfuir de l'aire de jeu et attaqué une personne âgée avant d'être interpellé très rapidement par la police. Les secours ont été alertés à 09h41, l'intervention déclenchée immédiatement et l'agresseur interpellé quatre minutes plus tard, selon un chronométrage diffusé par la police.
«Il voulait attaquer tout le monde. Je me suis écarté et il a foncé tout droit sur un papy et une mamie, et il poignarde le papy», a confié au Dauphiné Libéré l'ancien joueur de Saint-Etienne et de Liverpool Anthony Le Tallec.
«C'était la panique totale. Je pense qu'il avait une quarantaine d'années, type arabe, il avait un bandana ou un turban, il l'a enlevé devant moi. Il ne disait rien de spécial», a dit le sportif qui faisait son footing au bord du lac.
«C'était un peu irréel (...) il criait, c'était pas forcément compréhensible ce qu'il disait. Il s'attaquait aux bébés (...) il a pris la fuite, les policiers sont arrivés. Ils ont essayé de l'arrêter dans un premier temps sans ouvrir le feu, quand il a compris qu'il était piégé il s'est attaqué à une personne âgée et là ils lui ont tiré dans les jambes», a pour sa part témoigné Malo, un témoin joint par BFMTV qui se trouvait près de l'aire de jeu.
Un enfant conduit aux HUG
Les abords du parc ont été bouclés par un important dispositif policier, a constaté sur place une journaliste de l'AFP. L'attaque a semé l'effroi dans cette ville d'eau habituellement très calme. «C'est un choc», a confie Kévin Poncin, 27 ans, sur son vélo arrêté à proximité du parc.
Selon le quotidien Dauphiné libéré, la plupart des victimes ont été transférées au centre hospitalier Annecy Genevois et les témoins acheminés dans un bâtiment proche des lieux du drame.
Un des enfants a été transporté aux Hôpitaux universitaires de Genève (HUG), a indiqué le centre hospitalier à Keystone-ATS, confirmant une information du Temps. Il n'y aura pas d'autre hospitalisation, ont ajouté les HUG, sans faire d'autre commentaire.
«Effroi» et «colère»
L'ensemble de la classe politique a immédiatement réagi. «L'effroi nous saisit tous», a tweeté la présidente du groupe Renaissance à l'Assemblée, Aurore Bergé, tandis qu'Éric Ciotti (LR) faisait état d'une «immense émotion et grande colère!».
«L'enquête déterminera les conditions, mais il semble que l'auteur ait le même profil que l'on retrouve souvent dans ces attaques. Il faudra en tirer toutes les conséquences sans naïveté, avec force et en lucidité», a-t-il complété à l'Assemblée.
«Comment est-ce possible? Attaquer des petits! Les frapper avec un couteau! Notre coeur est en miettes à devoir le vivre», a abondé de son côté Jean-Luc Mélenchon.
«L'horreur. Émotion et colère», a écrit le patron des députés socialistes Boris Vallaud, sur le même réseau social. «Effroi et horreur», a réagi de son côté Marine Le Pen.
Le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes, où les faits se sont déroulés, Laurent Wauquiez (LR), a dénoncé de son côté «l'horreur, encore». «Cette attaque sur des enfants est le sommet de l'abomination», a-t-il ajouté, remerciant les «policiers pour le courage dont ils ont fait preuve en interpellant l'assaillant».