Reportage Allo Houston, tout va (presque) bien dans l'espace 

Valérie Passello/ATS

11.3.2022

Nourriture lyophilisée, combinaisons d'astronautes, missions scientifiques... Décollage immédiat pour une expérience spatiale plus vraie que nature avec de petits Vaudois en séjour sur l'astéroïde Cérès. Une expérience qu'ils ne devraient pas oublier de sitôt. Reportage.

Valérie Passello/ATS

Le premier constat que l'on fait en arrivant sur Cérès, c'est que ça sent un peu la vieille chaussure militaire. Normal: en fait d'astéroïde, ce sont les couloirs du fort de Champex, en Valais, qui font office de terrain de jeu. Mais très vite, on s'aperçoit que les élèves de l'école privée d'Ecublens ayant investi les lieux pour trois jours se prêtent au jeu on ne peut plus sérieusement.

11h30. La quinzaine d'astronautes en herbe déguste de bonne grâce, mais non sans quelques moues, des plats lyophilisés autour d'une grande table. Pâtes carbonara, couscous, hachis Parmentier... en sachets! Il faut prendre des forces pour les missions de l'après-midi. 

Et justement, Noémie, l'animatrice parascolaire, pointe son doigt sur le planning.  «Communication avec la terre, sortie extra-véhiculaire, étude des prélèvements», énumère-t-elle. C'est le programme des différents groupes pour la suite de la journée. Nous allons suivre l'équipe qui part en exploration à 12h15 dans les galeries pour y récupérer des minerais.

«Go» ou «No go», telle est la question

Neuf mois de préparation
VP

Ils sont une quinzaine d'enfants, âgés de huit ans et vêtus de combinaisons spatiales pour l'occasion, à se déplacer dans les 600 mètres de galeries creusées dans la montagne. Durant trois jours, ils font de leur mieux pour mener à bien la mission «Petit Prince» qu'ils préparent depuis neuf mois. L’équipage s’est préparé en suivant des cours aussi bien en physique, en mathématiques ou encore en robotique. Ils ont aussi passé une série d’évaluations et assisté à des workshops avec l’astronaute suisse Claude Nicollier et des consultants de l'association Space@yourService de l'EPFL dont Chloé Carrière. 

Du haut de leurs huit ans, les petits astronautes savent ce qu'ils ont à faire. Il se sont préparés. Vérification du matériel, attribution des tâches: c'est sûr, il vont obtenir le «Go» de leur professeur Pascal Lopez, qui les suit en observateur exigeant. Il s'agit d'une validation de l'exercice. Ils doivent en réussir trois pendant leur séjour et ce n'est pas l'échec de la veille qui va les démotiver. «Hier, quelqu'un a ouvert la porte du sas avant que tout le monde ait son masque», relate une fillette.

C'est parti! Mais un premier hic survient dans le sas: deux membres de l'équipe ont oublié leur masque. «Débrouillez-vous pour trouver une solution, il ne vous reste que 35 minutes», lance Pascal Lopez. Solution trouvée. Les deux étourdis repartent chercher leur matériel, le reste de l'équipage avance.

Mais un enchaînement d'événements malheureux va frapper la mission. Un robot perd une roue. Tout le monde à genoux dans le noir pour chercher l'écrou manquant à la lueur des lampes frontales. Tant pis, on fera sans. Il ne reste que 25 minutes. Retour des deux éléments manquants, bien masqués, cette fois... mais l'un d'entre eux a oublié la télécommande du robot transporteur. Alors que le robot excavateur perd une autre roue et sa chenille dans la foulée. 

Malgré les cafouillages, les enfants finissent par récupérer le minerai tant convoité. Retour à la station spatiale, la mine un peu déconfite derrière les vitrages embués de leurs masques. Le débriefing va être corsé. Ce sera un «No go », tranche Pascal Lopez. «Je ne suis pas sévère, mais nous nous sommes beaucoup préparés, je suis là pour les cadrer», précise l'enseignant.

Point par point, l'opération est disséquée. «Il y a des éléments qui n'ont pas fonctionné pour des raisons techniques, mais d'autres étaient sous votre responsabilité», relève le professeur. Chacun est invité à s'exprimer, mais surtout, et c'est le plus important, à proposer des solutions. Avant de passer à l'examen de l'échantillon prélevé dans l'espace, les astronautes établissent une check-list des choses à faire pour valider l'exercice dès 9h le lendemain. Pour les élément techniques, ils appelleront un spécialiste resté «sur terre».

Mais l'opération du jour n'a pas véritablement été un échec, souligne encore Pascal Lopez: «Ce que je remarque, c'est que malgré les erreurs, personne n'a blâmé les autres. Les enfants ont réagi en groupe de manière constructive». Si les élèves ramèneront des tas de données importantes à l'issue de leur séjour, ils reviendront aussi avec des valeurs humaines telles que l'entraide, la solidarité et la capacité de vivre en groupe dans leurs bagages.