YvorneLes vignerons se fédèrent pour le développement durable
nt, ats
8.6.2022 - 15:21
Le projet Yvorne Grandeur Nature passe à la vitesse supérieure. L'immense majorité des producteurs de vins de l'appellation contrôlée ont signé mercredi un cahier des charges de développement durable. Première suisse, cette démarche communautaire a pour objectif une viticulture respectueuse de la nature et de la biodiversité végétale et animale.
08.06.2022, 15:21
08.06.2022, 15:31
ATS
Imaginé il y a quatre ans par Philippe Gex, du Domaine de la Pierre latine et son nouveau propriétaire, le philanthrope et homme d'affaires André Hoffmann, Yvorne Grandeur Nature (YVN) veut transformer les 500 parcelles de l'appellation en modèle de développement durable.
Il ne s'agit pas uniquement de cultiver en mode bio, mais bien de tenir compte de l'entier de l'écosystème qui entoure le vignoble: forêts, cours d'eau, animaux et humains, expliquent les partenaires d'YVN dans leur communiqué.
Inventaire réalisé
Une des qualités du projet est d'avoir su rassembler différentes compétences, a déclaré Jean-Daniel Suardet, responsable technique des vignobles Schenk, à Keystone-ATS. Le projet réunit en effet les vignerons autour d’un cahier des charges établi par la Haute Ecole de viticulture et d’oenologie de Changins. Pour l'heure, une soixantaine d'exploitants sur 85 ont paraphé le cahier des charges, a-t-il précisé.
Le biologiste Raymond Delarze du Bureau d'études biologiques d'Aigle suit le projet comme conseiller. Il a auparavant été mandaté pour effectuer un inventaire de l’écosystème vuargnéran. Selon lui, le «milieu est à la fois très riche et à la fois très menacé», avec pas moins de 384 espèces de fleurs vivant dans le vignoble, de multiples espèces d’oiseaux, des insectes, des papillons, des reptiles, dont plusieurs sur la liste rouge nationale des espèces menacées.
Cahier des charges précis
Pour les vignerons, la démarche est progressive, mais contraignante. Avec l’aide de la HES-SO de Changins, un cahier des charges très précis a été rédigé en 22 points. Pour l'heure, une soixantaine d'exploitants sur 85 y ont adhéré, a précisé M. Suardet.
Pour chaque point, trois types de mesures sont proposées, une mesure de base, une intermédiaire et une avancée «afin de gommer les disparités». L’exploitant est tenu à suivre les premières en 2022 déjà, et de choisir également une mesure intermédiaire. Il a droit à un joker.
De son côté, la HES-SO de Changins effectue un suivi pour vérifier et valider les mesures prises. Elle cartographie le vignoble d’Yvorne pour y noter le potentiel de mécanisation, le régime hydrique et azoté, le potentiel de stockage du carbone organique, de biodiversité végétale et animale, sans oublier le risque d’érosion et les transmissions de produits phytosanitaires.
Bruants zizi et papillons
Développement de la biodiversité, stratégie phytosanitaire, gestion des ressources en eau, durabilité socio-économique, mesures de formation continue sont autant de thèmes que suivra le projet au cours des prochaines années.
«Parce que produire du vin est une chose, protéger la population, les vignerons comme les soucis des champs, les orlayas à grandes fleurs, les bruants zizi, les linottes mélodieuses, les papillons azurés porte-queue ou le lézard vert local, c'est encore mieux», relèvent les partenaires.
Soutien d'une fondation
Côté finances, la Fondation Mava, qui oeuvre en faveur de la conservation de la nature, soutient le projet à hauteur de 600'000 francs sur cinq ans, jusqu'en 2026. Ensuite, les partenaires espèrent un soutien de l'Office fédéral de l'agriculture et du Canton de Vaud.