Poussières de four ou oxyde de fer?Un navire avec les déchets suspects reste coincé au large de l'Albanie
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5.11.2024 - 06:46
Une semaine après son arrivée dans les eaux albanaises, un navire transportant 2100 tonnes de déchets supposés toxiques, renvoyés par la Thaïlande, est toujours coincé au large du port de Durrës, en attendant la prise en charge de la cargaison par les autorités, a constaté lundi l'AFP.
05.11.2024, 06:46
ATS
Les autorités portuaires albanaises n'avaient pas permis lundi 28 octobre au porte-conteneurs Moliva, battant pavillon turc, d'accoster dans le principal port du pays. Le navire, ancré à environ un kilomètre de la côte, n'a pas bougé depuis.
«Les autorités portuaires de Durrës et les autres institutions, dont celles de la justice, sont en train de coopérer pour assurer le stockage des conteneurs dans un endroit écologiquement et physiquement sécurisé», a expliqué à l'AFP Elitjona Doko, responsable de la communication du port.
A défaut d'un espace approprié, les autorités portuaires ont exclu toute possibilité de stockage des conteneurs dans le port.
«Le navire Moliva est obligé de rester ancré dans la rade du port, sous la surveillance de la police nationale, jusqu'à la fin des procédures judiciaires», a indiqué le parquet dans un communiqué, en ajoutant que «les retards (étaient) liés à la complicité de ce dossier».
Selon la Basel Action Network (BAN), une ONG spécialisée dans la traque des déchets toxiques, le navire transporte «102 conteneurs, soit 2100 tonnes» de déchets suspects.
Le directeur exécutif de l'organisation, Jim Puckett, qui attendait l'arrivée du bateau dans le port, a affirmé être «sûr à 95%» qu'il s'agit de «poussières de four électrique à arc» qui proviendrait «des aciéries d'Elbasan», dans le centre du pays.
En route depuis quatre mois
Il demande aux autorités de participer aux prélèvements d'échantillons pour déterminer le contenu des conteneurs. Classées dans la catégorie des déchets toxiques, ces poussières doivent être stockées et transportées dans des conditions très strictes.
La cargaison avait quitté l'Albanie en juillet. Selon les documents fournis alors aux douanes albanaises, il s'agit de déchets industriels, plus précisément d'«oxyde de fer», dont l'exportation est autorisée. Mais la BAN a été contactée par un lanceur d'alerte qui affirmait le contraire.
Finalement refusés par la Thaïlande, les déchets ont fait demi-tour et ont regagné l'Albanie après plusieurs mois en mer et des escales en Espagne, au Portugal, en Italie et en Turquie.
Le parquet de Durrës a ouvert une enquête pour «contrebande de marchandises interdites» et «abus du pouvoir», en coopération avec l'Office européen de lutte antifraude (OLAF).
Si le gouvernement albanais communique peu sur l'affaire, l'opposition dénonce un manque de transparence. «Ce gouvernement essaie de cacher le scandale et de manipuler les enquêtes», a déclaré jeudi Agron Shehaj, un député de l'opposition, lors d'un débat au Parlement.