Hôtellerie Palafitte: un été sous une bonne étoile

ATS

30.5.2020 - 09:34

Après deux mois de fermeture, l'hôtel Palaffite à Neuchâtel devrait vivre un bel été. Malgré les difficultés dans la branche, les réservations ont afflué. L'automne s'annonce plus incertain pour le mythique établissement conçu les pieds dans l'eau pour Expo.02.

Seul hôtel d'Europe à être construit sur pilotis, le cinq étoiles neuchâtelois a rouvert ses portes le 15 mai, tout d'abord les week-ends, puis en continu depuis la Pentecôte. «Après deux mois d'arrêt, nous avons dû mettre les bouchées doubles pour tout remettre à flot et nettoyer les lieux, notamment les grandes quantités de pollen qui s'étaient accumulées», raconte Pauline Laurent, la nouvelle directrice adjointe.

Dès l'ouverture, le carnet de réservation s'est rempli. «Ce qui est incroyable, c'est la vitesse à laquelle les chambres se sont vendues pour cet été», se réjouit le directeur Yves Chavaillaz. «Le produit est attrayant notamment pour la clientèle alémanique, dont on sait qu'elle est friande du lac de Neuchâtel», remarque-t-il.

Seul au monde à Neuchâtel

Alors que la branche a sombré dans la sinistrose, ce succès est réjouissant. «Pour juin, les prévisions font état d'un taux de remplissage de 70%, avec une forte demande de dernière minute. Les week-ends sont quasi complets», détaille le directeur.

En juillet, la demande est extrêmement forte pour atteindre plus de 90%. Un résultat identique est attendu pour août, prévoit-il. Les prévisions sont encore meilleures que celle de 2019. L'ouverture des frontières risque cependant de provoquer quelques annulations, tempère M. Chavaillaz. Quant à l'automne, il s'avère incertain.

Maldives de la Suisse

Et Pauline Laurent de souligner que la configuration de l'hôtel constitue un atout en période de crise sanitaire. «Si un client ne veut croiser personne, il peut être seul au monde à Neuchâtel».

Les 38 pavillons, dont 24 sont construits sur l'eau et s'avancent sur le lac, permettent de rester confiné ou de déconfiner en douceur, tout en ayant un accès privé au lac et aux activités proposées par l'hôtel, telles que canoë ou paddle. «Nous sommes les Maldives de la Suisse», illustre-t-elle.

Pas encore de retour

Essentiellement suisse, la clientèle est composée de couples, mais aussi de familles qui viennent profiter du cadre et du lac. «Outre les Alémaniques, nous accueillons aussi des Vaudois, des Genevois et même des Neuchâtelois venus se ressourcer», se réjouit Mme Laurent.

Le monde des affaires n'a en revanche pas fait son retour dans l'établissement. «C'est encore très calme la semaine. Tout autour, l'économie n'a pas redémarré. L'horloger Bulgari qui a son siège non loin va par exemple faire du télétravail jusqu'en août».

Service en chambre

Avec neuf pages de directives, les mesures anti-Covid se sont avérées compliquées à mettre en place. Les espaces publics sont désinfectés plusieurs fois par jour, des distributeurs de gel hydroalcoolique ont été installés. Les collaborateurs en cuisine et en chambre sont munis de matériel de protection.

Les brunches connus loin à la ronde ont dû être annulés. Les places au restaurant ont passé de 60 à 32. «Si la terrasse est fermée, nous n'avons pas assez de place pour accueillir tout le monde. Certains hôtes se voient proposer de manger dans leur pavillon. Les repas leur sont livrés en voiturette dans des boîtes isothermiques. Les clients comprennent cette situation particulière», note Pauline Laurent.

Double du temps

Reste qu'en raison de ces mesures, il faut le double du temps pour faire les chambres et pour le service de restauration, constate la directrice adjointe qui a dû engager du personnel supplémentaire.

Voici une dizaine de jours, l'hôtel a d'ailleurs reçu la visite surprise du Service cantonal des affaires vétérinaires. «Les inspecteurs ont proposé quelques ajustements, notamment l'espace entre les tables, mais ont validé notre concept de protection», se réjouit Mme Laurent.

Pendant la fermeture, les pertes financières ont été limitées, en partie grâce aux indemnités pour réduction de l’horaire de travail dont a bénéficié la quarantaine d'employés. La Fondation Sandoz, propriétaire de l'hôtel, a comblé les 20% manquants.

Bientôt 20 ans

Référence internationale en matière d'architecture, l'hôtel conçu par Kurt Hoffmann aurait dû être démonté après les festivités d'Expo.02. Son succès en a décidé autrement: il va bientôt fêter ses 20 ans.

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