Gare de LausanneDes retards dus à des divergences entre la Confédération et les CFF
nipa, ats
28.1.2025 - 12:12
Le retard dans les travaux de transformation de la gare de Lausanne est notamment dû à des divergences entre la Confédération et les CFF, selon la commission de gestion du Conseil national. Un rapport publié mardi pointe aussi une gestion en partie «lacunaire» des CFF.
28.01.2025, 12:12
28.01.2025, 12:13
ATS
Ce projet mammouth à 1,7 milliard de francs, démarré en 2021, devait initialement durer jusqu'en 2032. Or, au printemps 2023, les CFF annoncent que le chantier de la gare de Lausanne doit être repensé. Cela devrait repousser la fin des travaux à 2037, soit quatre ans et demi plus tard que prévu.
Des questions de statique du site et l'augmentation du nombre de voyageurs sont évoquées. Canton, Ville et lobby romand du rail sont fâchés.
Le retard pris par ce projet a des conséquences négatives pour les transports publics dans toute la Suisse romande, lance la commission de gestion du National dans un communiqué. Suite à une enquête et des auditions, l'autorité de surveillance parlementaire a constaté plusieurs problèmes.
Mauvaise collaboration
Premièrement, la collaboration entre l'Office fédéral des transports (OFT) et les CFF au niveau du pilotage stratégique du projet a été marquée, durant plusieurs années, par des divergences et un manque de dialogue, constate la commission.
«Le manque de volonté des CFF et de l'OFT de coopérer de manière constructive (...) a visiblement eu des répercussions négatives sur l'avancement du projet», lit-on notamment dans le rapport.
La collaboration s'est améliorée à partir de 2023 et des progrès significatifs ont pu être enregistrés depuis, note cependant la commission avec satisfaction. Malgré tout, les CFF et l'OFT «continuent de présenter une lecture très divergente des faits passés et des raisons ayant mené aux retards».
Le Département fédéral des transports (DETEC) d'Albert Rösti doit suivre de près le dossier, recommande la commission. Les travaux doivent se terminer dans les délais prévus. D'une manière générale, le Conseil fédéral doit s'assurer que l'office et l’entreprise collaborent à l'avenir de manière constructive dans les projets d'infrastructure.
Pressions politiques
Le projet a mis en évidence les défis posés par le double rôle de l'OFT, poursuit la commission de gestion. D'un côté, l'office a une fonction de pilotage des projets d'aménagement ferroviaire et, de l'autre, il est l'autorité compétente en matière d'autorisation dans la procédure d'approbation des plans.
Selon l'OFT, cité dans le rapport, des tensions pouvaient naître entre ces deux rôles. De plus, dans ce cas, un projet «d'une complexité sans égale», le canton et la Ville ont exercé sur lui une forte pression politique, estime l'office, notamment pour trouver un compromis sur la question sensible des destructions d'immeubles prévues par la transformation.
Devant la commission, le canton de Vaud et la Ville de Lausanne se sont montrés de leur côté critiques au sujet du double rôle de l'OFT, estimant que l'office avait des difficultés à concilier ses deux fonctions. Le canton et la Ville ont aussi reproché à l'OFT de ne pas être assez «coopératif» et de faire preuve d'un formalisme «excessif», est-il écrit dans le rapport.
Selon les constatations de la commission, l'OFT a fait au mieux, mais doit informer plus clairement ses partenaires sur ce double rôle. Le DETEC doit en outre s'assurer que l'OFT est protégé des pressions politiques.
Gestion interne des CFF
Autre problème, selon la commission, les CFF n'ont pas exercé un contrôle interne suffisant des plans établis par les bureaux d'ingénieurs qu'ils avaient mandatés, avant de transmettre ceux-ci à l'OFT. L'entreprise n'a de toute évidence pas toujours accordé assez d'importance à cet aspect dans le cadre du projet lausannois.
Les CFF ont visiblement tiré les leçons nécessaires sur ce point, observe toutefois la commission. Sur le plan général, elle demande au Conseil fédéral de s'assurer que l'entreprise continue d'appliquer son système interne de gestion de la qualité de manière conséquente pour tous les projets d'aménagement ferroviaire.
Au final, la commission pense que le DETEC aurait dû intervenir plus tôt dans ce dossier, dans sa fonction d'autorité de surveillance. Cela nécessite toutefois que le département soit informé à temps d'éventuelles difficultés. Une première rencontre à haut niveau avec la cheffe du département de l'époque, Simonetta Sommaruga, n'a eu lieu qu'en novembre 2022.
Dans une réaction séparée envoyée à Keystone-ATS, les CFF disent «prendre note» du rapport. Les CFF «ont pris des mesures qui ont permis d'améliorer la transparence et l'efficacité de la gestion du projet de modernisation de la gare de Lausanne», ainsi que la collaboration avec tous les partenaires. Ces mesures ont porté leur fruit avec l'avancement du projet.
Le DETEC et l'OFT disent eux accepter les recommandations de la commission. La numérisation des processus et des échanges avec les parties prenantes, notamment, est une priorité de l'OFT.