«Affaire Zahia» Victime de «slut-shaming», Zahia Dehar confie avoir envisagé de se suicider

Covermedia

14.10.2024 - 15:18

Dans C l'hebdo, Zahia Dehar est revenue sur le scandale qui portait son prénom en 2010. Et les idées noires qui ont suivi.

Zahia évoque le « slut-shaming» et « la putophobie qui est extrême dans notre société» dont elle a été victime.
Zahia évoque le « slut-shaming» et « la putophobie qui est extrême dans notre société» dont elle a été victime.
IMAGO/ABACAPRESS

Zahia Dehar est mieux connue par son prénom. « Zahia», popularisé par « l'affaire Zahia», qui avait agité le monde du football français. C'était en 2010, et alors que la jeune femme, aujourd'hui âgée de 32 ans, était mineure.

Elle avait été présentée dans les médias comme le « cadeau» d'anniversaire de footballeurs et ayant eu des relations sexuelles tarifées avec des joueurs membres de l'équipe de France, dont Karim Benzema et Franck Ribéry, juste avant la Coupe du monde de football. Accusée de se prostituer, la jeune fille assure qu'elle n'était qu'une « escort-girl».

Une distinction qui n'a pas beaucoup impressionné l'opinion publique sept ans avant #MeToo. Zahia évoque le « slut-shaming» et « la putophobie qui est extrême dans notre société» dont elle a été victime. Une terrible réputation pour débuter dans la vie, fait-elle valoir.

« J'étais effondrée par ce que je savais que j'allais commencer ma vie, à l'âge de 18 ans avec la pire étiquette qu'une femme puisse avoir», confie-t-elle dans C l'hebdo.

Les idées noires ne la quittent plus. « Quel est mon avenir concrètement? Je vais chercher du travail, je vais être humiliée par toutes les personnes. Ils vont rire de moi, tout le temps. J'aurais été insultée tous les jours par tout le monde», ajoute-t-elle.

Zahia pense même au suicide, mais elle finit par vaincre sa douleur et refuse de se laisser enfermer dans la « catégorie des mauvaises femmes» que la société lui destine. Elle abandonne sa profession d'escort-girl et veut devenir comédienne. Le milieu de la mode la repère. Elle défile pour Jean Paul Gaultier, part en Angleterre faire une formation, revient et joue dans plusieurs films dont celui de Rebecca Zlotowski (2019) et dans un Capitaine Marleau, en 2023.

Lorsque sa photographie, prise par Pierre et Gilles d'elle en Marianne, devient virale après les attentats de Paris, Zahia Dehar est alors considérée comme l'égérie de la liberté des femmes. En septembre 2023, la jeune femme née en Algérie avait, sur le plateau de Quelle époque, assuré avoir été élevée par sa mère qui « est contre ces coutumes lourdes» et voulait la liberté pour les filles. Zahia avait évoqué « l'idéologie par rapport à la sexualité de la femme», et avait insisté, inquiète, « ça c'est une chose qu'on doit pas lâcher, même en Occident».

Cette végétalienne convaincue, soutien de PETA, n'abandonne pas non plus ses sœurs: « Si je peux aider les femmes à se sentir plus libres et à ne pas être effrayées par les jugements, c'est un honneur. En tout cas, j'essaie de le faire tous les jours dans ma vie avec des petites actions. Si ça peut aider, j'en suis ravie», dit celle qui, comme Brigitte Bardot, veut abolir les tabous et les préjugés.

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