«Cinq dossiers crédibles»Raffinerie de Collombey-Muraz: l'avenir du site se précise
fazw, ats
10.1.2025 - 10:49
Il y a pratiquement dix ans jour pour jour – ce sera lundi -, Tamoil Suisse SA annonçait la cessation des activités de la raffinerie de Collombey-Muraz (VS). Le groupe pétrolier et les autorités communales ont aujourd'hui davantage l'esprit au futur qu'au passé.
Keystone-SDA, fazw, ats
10.01.2025, 10:49
10.01.2025, 10:52
ATS
L'accord entre l'entreprise et la commune sur l'avenir du site remonte au printemps 2021. Il prévoit un projet d'envergure, visant à créer entre 4000 et 5000 emplois sur la zone de la raffinerie, à l'arrêt depuis 2015.
Plusieurs centaines de millions de francs devraient être investis dans un quartier qui doit progressivement voir le jour sur une vingtaine d'années. L'ensemble du projet est mené conjointement par la commune et Tamoil Suisse SA (TSSA), même si cette dernière reste propriétaire de sa parcelle de 116 hectares, sur un total de 147 hectares.
Entreprises intéressées
L'idée demeure aujourd'hui de créer un pôle technologique basé sur la transition énergétique, divers quartiers industriels et une gare. Celle-ci permettrait aux futures entreprises du site de pouvoir acheminer leur fret via la ligne du Simplon.
«L'idée est de relier le site à la future halte CFF de Collombey-le-Grand située à proximité, à l'horizon 2028», indique le président de la commune, Olivier Turin, contacté par Keystone-ATS. Exit donc l'option d'un raccordement avec la gare de Saint-Triphon (VD), comme initialement envisagé.
Plusieurs entreprises se sont déjà déclarées intéressées à s'installer dans le Chablais, sans qu'aucun contrat de bail n'ait, pour l'heure, été paraphé. «Nous avons reçu cinq dossiers que nous jugeons crédibles», révèle Stéphane Trachsel, membre de la direction de Tamoil Suisse. «J'espère que les premières sociétés s'installent fin 2027», avoue Olivier Turin. «Et même en 2026», espère le porte-parole du groupe pétrolier.
Les partenaires envisagent également la création d'un pôle d'activité de sport et de loisirs, des espaces verts et de détente ainsi que des voies de mobilité douce, afin de rapprocher plusieurs des villages qui constituent la commune de Collombey-Muraz.
Enfin, du terrain d'une surface à définir serait rendu aux agriculteurs. Sur ce point, un projet d'échange de terrain est en cours de réflexion. Huit hectares dévolus à l'agriculture seraient déplacés de quelques centaines de mètres afin de raccorder plus facilement le futur site avec la Satom. La société oeuvre à la valorisation de l'énergie contenue dans les déchets incinérables et la méthanisation des déchets biodégradables.
Quid de la mobilité?
La question de la mobilité est au coeur des présentes réflexions. «Nous avons en projet avec la commune d'Aigle de construire deux ponts – un pour le fret, l'autre pour la mobilité douce entre la zone industrielle d'Aigle, celle de la raffinerie et le futur hub de transport public du Corbier», détaille Olivier Turin.
«Pour le pont dévolu au transport public, nous allons l'inscrire en priorité A dans le projet d'agglomération de 5e génération de Chablais Agglo (période 2028-2032). Pour le second ouvrage d'art, on parle plutôt d'une réalisation vers 2045», explique-t-il.
Les partenaires de ce «projet du siècle» se sont donné jusqu'au 1er semestre 2026 pour boucler leur planification. Ils devront donc régler cette question de la mobilité, mais aussi celle des surfaces d'assolement en lien avec la 3e Correction du Rhône, la gouvernance et le traitement des PFAS découverts sur place.
Nouvelle pollution découverte
Si l'assainissement demandé par le Service valaisan de l'environnement a été effectué par le propriétaire des lieux, celui-ci a eu la désagréable surprise d'apprendre la présence de PFAS dans une partie du sol du site. Leur présence est liée à l'infiltration de la mouse utilisée lors d'exercices de pompiers.
Afin d'éliminer ces PFAS, Tamoil Suisse pompe depuis l'an dernier l'eau de la nappe phréatique, «puis l'a fait passer à travers un silo formé de charbon actif. Dépolluée, l'eau est ensuite rejetée dans le Rhône», indique Olivier Turin. Problème: la Confédération n'a toujours pas fixé les normes à respecter en matière de présence de PFAS dans les sols. L'opération pourrait donc prendre plusieurs années.
A noter finalement que les travaux de démolition de la raffinerie, entamés en 2021, sont aujourd'hui terminés à 98%. Reste à définir quand les deux cheminées du site seront détruites. «Nous sommes en contact avec une entreprise spécialisée pour effectuer ce travail. Celui-ci devrait voir le jour durant le premier semestre 2025», indique Stéphane Trachsel.