Stéphanie Chuat et Véronique ReymondDeux Lausannoises aux commandes d'une série Netflix!
Elvire Küenzi
5.7.2023
Stéphanie Chuat et Véronique Reymond se connaissent depuis l’enfance. Elles ont embarqué ensemble vers un voyage qui les a menées à jouer sur les planches, à écrire et à réaliser films et séries avec une finesse d’esprit et une humanité rare. Aujourd’hui, elles nous parlent de leur travail commun en tant que lead directors de la série « Transatlantic » produite par Netflix. Mettons les voiles pour une traversée haute en couleurs.
Elvire Küenzi
05.07.2023, 12:21
05.07.2023, 12:51
Elvire Küenzi
Tout a commencé par un mail. Quelques mots d’Anna Winger, la créatrice de la célèbre série « Unorthodox », qui leur fait part de son admiration pour leur travail. Si les deux femmes pensent d’abord à une plaisanterie, elles se rendent vite compte que, parfois, la réalité dépasse la fiction. Ni une ni deux, les voilà embarquées dans la réalisation des quatre premiers épisodes de la série « Transatlantic », une screwball comédie qui revient sur l’engagement humanitaire de Varian Fry, jeune intellectuel américain envoyé à Marseille en 1940. Son but ? Trouver des visas à des artistes fuyant le nazisme.
Le projet est titanesque : 30 millions de francs de budget, une équipe de deux-cent cinquante personnes, huit mois de travail et des actrices et acteurs venus d’horizons aussi divers que variés. Pour garder le cap et mener le bateau à bon port, les deux réalisatrices font appel à toutes les compétences qu’elles ont pu développer durant leurs années de pratique. Si Anna Winger les a choisies, c’est aussi parce qu’elles naviguent entre les genres avec aisance, de la comédie au drame, apportant humour, originalité et émotions à leur œuvre.
Une vision commune…
Alors, comment s’articule le travail de réalisation quand on se voit confier la direction d’une série aussi ambitieuse ? L’acteur Cory Michael Smith qui interprète Varian Fry les caractérise volontiers de « two people, one extra large brain ». Les deux femmes partagent-elles cet avis ?
« Nous avons effectué un gros travail de préparation durant la phase de préproduction pour proposer une vision commune une fois sur le plateau. Pendant le tournage de Transatlantic, nous consacrions tous nos samedis à préparer la semaine suivante, à clarifier nos idées, à jouer les scènes comme les acteurs et les actrices avec nos scripts en mains pour trouver les meilleurs placements ou les mouvements les plus cohérents afin qu’ils ou elles se sentent à l’aise et connectés-ées aux sentiments de leurs personnages », confient-elles.
Chaque jour, les deux réalisatrices devaient relever un défi de taille : produire huit minutes de fiction. Pas le temps donc de laisser libre cours à l’improvisation une fois sur le set, surtout avec les décors, costumes et autres contraintes de prises de vue qu’implique une série historique.
… et des personnalités complémentaires
Même si elles partagent une vision commune dans leur œuvre, Véronique Reymond et Stéphanie Chuat ont bien chacune leur place dans ce duo et jouissent d’une complémentarité qui s’est aiguisée depuis leurs débuts. « Nos forces se sont transformées avec le temps. Notre tandem utilise les compétences de chacune.
Durant la phase de développement, Véronique se plonge dans l’écriture pure, et Stéphanie sert d’alter ego pour malaxer la matière et apporter un regard frais sur le scénario en chantier, tout en travaillant sur les « affaires extérieures » du duo. En revanche, durant la phase de tournage et montage, nous sommes toutes deux présentes en permanence à tous les stades, sans répartition des tâches. »
Les personnages, l’âme du récit
« Transatlantic », c’est aussi et avant tout l’histoire de figures historiques fascinantes qui tentent de sauver des artistes et des intellectuels au péril de leur vie. Pour leur donner corps, les réalisatrices ont pu compter sur un casting international : Gillian Jacobs, Cory Michael Smith (gros coup de cœur pour son interprétation de Varian Fry), Corey Stoll, Lucas Englander, Ralph Amoussou, Deleila Piasko ou encore Grégory Montel.
« Les actrices et les acteurs avec lesquelles-les nous avons eu la chance de collaborer sont des professionnelles-els incroyables. Ils et elles possèdent une maîtrise technique admirable. Leur offrir un cadre clair leur a permis de se concentrer sur leur rôle, sur l’appropriation de leur personnage et sur leur créativité. Eux et elles donnent l’émotion et sont dans l’instant ».
Créer un personnage et le faire vivre à l’écran est un long processus qui débute par la vision du personnage sur papier, dans le scénario. « L’acteur ou actrice est dans le corps, analysent les réalisatrices. Il ou elle est l’incarnation du personnage. Le déclic de cette personnification se passe parfois au moment des essayages, c’est là qu’il ou elle trouve véritablement son rôle. Quant à nous, nous apportons des propositions très concrètes, nous trouvons des idées d’actions visuelles pour caractériser les personnages de chacun et de chacune afin que leur essence transparaisse à l’écran ».
Les petits ruisseaux font les grandes rivières
Les deux femmes tiennent à préciser l’implication de chacun des collaborateurs et collaboratrices avec qui elles ont eu la chance de partager cette expérience : « Tourner un projet de cette ampleur est un travail d’équipe. Tout était très bien organisé, chacun-e avait un rôle à tenir dans la fabrication de Transatlantic. Les acteurs et actrices sont régulièrement mis en lumière mais on oublie souvent les monteurs et les monteuses alors qu’ils et elles effectuent un travail incroyable. Trois monteuses et un monteur ont œuvré avec nous pour arriver à dévoiler le meilleur de cette série ».
Stéphanie Chuat et Véronique Reymond ont le vent en poupe. Et on se réjouit de suivre ces deux femmes inspirantes dans leurs futures aventures. Nul doute qu’elles garderont le cap en direction des étoiles…
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