Salon de l'auto La voiture électrique doit encore faire son chemin dans les esprits

ATS

7.3.2019


Parmi les vedettes du Salon de l'auto de Genève, la voiture électrique peine encore à convaincre le grand public, selon les impressions recueillies parmi les visiteurs. Le manque de bornes de recharge, le prix ou encore la fabrication et le recyclage des batteries font partie des obstacles qui empêchent ces personnes de franchir le pas et d'acquérir un de ces véhicules.

«Le problème, ça reste le prix. C'est difficile de trouver ces voitures en dessous de 40 000 euros (45 400 francs) en tant qu'hybride rechargeable ou autre. Ce n'est pas encore assez accessible», a expliqué jeudi à AWP David, 18 ans, un résident d'Annemasse, en France voisine, qui visite le Salon avec des amis. La manifestation a été inaugurée dans la matinée en présence du conseiller fédéral Ignazio Cassis.

Au-delà du prix à l'achat, les coûts de fonctionnement représentent un frein. «Ce qui me dérange un peu, c'est qu'il faut louer les batteries», affirme Aurélie Baud, âgée de 26 ans. «On gagne de l'argent avec l'essence, mais il faudrait faire le calcul de la rentabilité avec la location», souligne cette habitante de la Tour-de-Trême, dans le canton de Fribourg.

«La voiture électrique est beaucoup trop chère par rapport à la technologie qui est utilisée. Un moteur électrique, c'est très simple. Mais ces véhicules sont 40% plus chers que les voitures à essence», selon Yves Reymond, originaire de la région de Grenoble et âgé de 67 ans.

Tout autant polluant

Jean-François Baud, père d'Aurélie, vient d'acquérir une voiture. Ce sexagénaire n'a pas opté pour une propulsion alternative, en raison du prix mais pas uniquement. «Je ne suis pas certain que (...) le problème de l'élimination des batteries soit vraiment résolu. Au bout du compte, je ne pense pas que ce soit vraiment écologique.»

Le scepticisme est encore plus fort chez le Grenoblois Yvan, qui visite le Salon avec Yves Reymond. «Pour le moment, je pense qu'on est parti dans une sacrée galère», s'emporte-t-il, faisant allusion aux enjeux liés à l'appropriation des terres rares pour la fabrication des batteries.

Esther Alegret, une Catalane de 28 ans travaillant sur le stand du constructeur Seat, s'inquiète également des impacts sociétaux et géopolitiques liés aux batteries. «Où allons-nous chercher les matériaux? Cela va-t-il déclencher des guerres? Nous tentons de résoudre un problème mais, peut-être, nous en créons un nouveau.»

Les constructeurs rivalisent d'innovation pour tenter d'améliorer l'autonomie des véhicules électriques. Le président du Salon de l'auto, Maurice Turrettini a rappelé lors de son allocution jeudi matin qu'une voiture pouvant tenir 500 kilomètres sans recharge venait d'être présentée à Genève.

Problème d'approvisionnement

Recharger à la maison au lieu de faire le plein durant le trajet, un concept qui ne convainc pas Catherine Cron, 54 ans. «Dans ce cas, c'est impossible de partir en vacances avec une voiture électrique. 400 kilomètres autour de votre lieu de résidence, ce n'est pas suffisant», selon cette Française, qui habite en banlieue parisienne.

«Et si l'on arrive à destination, comment je fais (pour être mobile) s'il faut 11 heures de charge? C'est un véritable problème approvisionnement énergétique», surenchérit Ludovic, l'époux de Catherine. Le nombre insuffisant de bornes de recharge est pointé du doigt.

D'autres prennent ce virage technologique avec fatalisme. Jean-Daniel, un Gruérien en visite avec son jeune fils, n'a pas encore franchi le pas. «Pour l'instant, je n'ai pas encore de véhicule électrique. Quand on n'aura plus le choix, peut-être», plaisante cet agriculteur, plutôt adepte du marché de la voiture d'occasion.

La nécessité de trouver une alternative à l'essence n'est toutefois pas remise en cause. «Nous avons commencé à opérer un changement, même s'il aurait fallu le faire plus tôt», note Esther Alegret qui, en tant que Barcelonaise, dit beaucoup souffrir du bruit et de la pollution engendrés par les moteurs à essence.

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