Novak Djokovic, menacé d'expulsion par l'Australie, qui a annulé son visa, a obtenu un sursis jusqu'à lundi, mais s'apprêtait jeudi à passer sa deuxième nuit en rétention. Un nouvel épisode d'une saga rocambolesque qui a viré à l'incident diplomatique.
Le Serbe, refoulé mercredi soir à son arrivée à Melbourne où il comptait participer à l'Open d'Australie de tennis (17-30 janvier), avait déposé jeudi un recours contre la décision des autorités de lui refuser l'entrée.
Au cours d'une première audience jeudi devant un juge de Melbourne, un avocat du gouvernement a indiqué que l'expulsion n'interviendrait pas avant une autre audience prévue lundi. Le juge Anthony Kelly, devant lequel s'est déroulée l'audience de jeudi, a averti que la justice suivrait son cours sans précipitation et sans se laisser influencer par la polémique. «Le cavalier ne se laissera pas mener par sa monture», a-t-il averti.
Une poignée hétéroclite de supporters - des Serbes agitant des drapeaux, des anti-vaccins ou encore des défenseurs des migrants - se sont rassemblés jeudi devant le Park Hotel de Melbourne, une installation controversée utilisée par le gouvernement pour retenir des personnes en situation irrégulière, et où Djokovic est supposé se trouver.
Cet hôtel, devant lequel se déroulent régulièrement des manifestations, a mauvaise réputation. Un incendie y a éclaté en décembre, forçant son évacuation. Des personnes retenues se sont plaintes sur les réseaux sociaux, photos à l'appui, de trouver des asticots et des moisissures dans la nourriture. En octobre, 21 personnes y ont contracté le Covid-19.
«Pourquoi ne lui avoir rien dit avant qu'il vienne en Australie? Pourquoi maintenant? J'ai beaucoup de questions. (...) J'aime l'Australie mais ce que vous faites maintenant, c'est une honte pour vous», s'est emportée Gordana, une Serbe ayant vécu 26 ans en Australie, auprès de l'AFP.
Au moins une personne a été appréhendée alors que les forces de l'ordre tentaient de disperser les manifestants. Le père du numéro 1 mondial, Srdjan Djokovic, a appelé à une autre manifestation de soutien pour «Nole» à Belgrade.
«Le plus grand scandale de tous les temps», selon la Serbie
Le sort réservé à «Djoko» est également très mal passé du côté de la Serbie. Son président Aleksandar Vucic a écrit sur Instagram que «toute la Serbie était avec lui (Djokovic)» et que «les autorités prenaient toutes les mesures nécessaires pour que le mauvais traitement du meilleur joueur de tennis du monde cesse aussitôt que possible».
Le quotidien serbe Informer a titré en Une «une honte»: «Le plus grand scandale de tous les temps ! Le meilleur joueur de tennis de la planète sera déporté d’Australie.»
Nadal et Medvedev réagissent
L'Espagnol Rafael Nadal, qui a contracté le Covid le mois dernier malgré deux doses de vaccin, a exprimé peu de sympathie pour son rival serbe. «Si vous êtes vacciné, vous pouvez jouer l'Open d'Australie et partout, et à mon avis le monde a suffisamment souffert pour ne pas respecter les règles», a déclaré Nadal. Djokovic «a pris ses propres décisions, et tout le monde est libre de prendre ses propres décisions, mais ensuite il y a des conséquences», a-t-il ajouté.
«S'il a une exemption, alors il devrait être ici. Si quelque chose a cloché avec ses papiers et qu'ils ne l'ont pas laissé entrer, eh bien cela arrive parfois», a pour sa part philosophé le Russe Daniil Medvedev. «J'ai eu beaucoup de problèmes de visa dans ma carrière», a-t-il confié.
De son côté, l'entraîneur de Djokovic, Goran Ivanisevic, a publié sur Instagram une photo de lui et d'autres membres de son staff en train de patienter à l'aéroport pendant que le joueur était questionné par les services d'immigration. «Ce n'est pas le voyage le plus ordinaire 'Down Under'», a commenté l'ancien champion de Wimbledon.