Révélée à Madrid puis remarquée à Roland-Garros, la jeune Russe Mirra Andreeva affiche modestie, insouciance et timidité avant d'aborder lundi à 16 ans le premier huitième de finale en Grand Chelem de sa carrière, à Wimbledon.
Dimanche au troisième tour, Andreeva s'est offert une deuxième tête de série du tournoi, sa compatriote Anastasia Potapova (N.32), après avoir bénéficié de l'abandon de Barbora Krejcikova, la numéro 10, au tour précédent, contre qui elle menait 6-3, 4-0. «Evidemment, ce n'est pas la façon dont j'aurais voulu gagner ce match. Mais il n'empêche, je passe au tour suivant, donc j'en suis heureuse», avait-elle commenté.
Elle était alors devenue la troisième plus jeune joueuse issue des qualifications à atteindre un troisième tour de Grand Chelem dans l'ère Open (depuis 1968), après Kim Clijsters en 2009 et Coco Gauff en 2019.
Face à Potapova, dans un match décousu, avec 30 balles de break au total des deux côtés, dont 9 concrétisées, elle s'est montrée la plus solide, remontant au score alors qu'elle était menée 4-2 au deuxième set pour l'emporter 7-5.
«J'ai trouvé le bon rythme»
Sa couverture défensive du terrain et ses frappes en contre ont prouvé ses progrès fulgurants sur une surface qu'elle a découvert avec les trois tours des qualifications.
«Quand j'ai joué mon premier match des qualifications, je n'avais aucune attente particulière parce que c'était mon premier match sur gazon. J'ai juste essayé de tout donner sur le court. Depuis ce premier match, j'ai trouvé le bon rythme. Maintenant, je peux dire que ça marche plutôt bien», a-t-elle reconnu.
Elle affrontera au prochain tour une vraie spécialiste de la surface avec l'Américaine Madison Keys (18e mondiale), qui a remporté le tournoi d'Eastbourne pour la deuxième fois de sa carrière, juste avant le début de Wimbledon.
Si les journalistes osent déjà un parallèle avec la Britannique Emma Raducanu, qui avait remporté l'US Open en 2021, à 18 ans, après être sortie des qualifications, Andreeva ne se laisse pas griser. «Evidemment, elle avait fait un boulot extraordinaire», a admis Andreeva. «Tout le monde était impressionné (...) c'était incroyable».
«Mais moi, je ne veux pas y penser. Je pense que ça me perturberait, ce type de pensées. J'essaye juste de jouer chaque match sans penser jusqu'où j'ai avancé dans le tournoi ou quel tour je vais disputer, contre qui je vais jouer», a-t-elle assuré.
Trop intimidée pour parler à Murray
Même la présence des caméras de Netflix, qui la suivent au quotidien pour un documentaire, ne semble pas déstabiliser l'adolescente qui dit passer beaucoup de son temps libre sur la plateforme de diffusion vidéo.
«Ce sont des gens super gentils», a-t-elle assuré au sujet des caméramen qui la suivent. «Si je ne veux pas qu'ils filment quelque chose aujourd'hui, ils sont super cool sur le sujet (...) Ils me laissent de l'espace. Avant, je n'étais pas très à l'aise mais, maintenant, j'aime plutôt ça», a-t-elle reconnu.
Il y a malgré tout un domaine où Andreeva n'a pas réussi à garder son naturel désarmant, c'est lorsqu'elle s'est retrouvée à proximité de son idole Andy Murray. Elle avait raconté, à Roland-Garros, lui avoir envoyé un message lorsqu'il avait remporté un tournoi Challenger à Aix-en-Provence en mai, et avoir reçu en retour ses souhaits de bonne chance pour le tournoi parisien.
Mais du virtuel au réel, la transition a été plus délicate. «J'ai rencontré Andy Murray ici», avait-elle confié après le match contre Krejcikova. «Mais je suis trop timide pour lui parler. Quand je le vois, j'essaye de quitter le bâtiment super rapidement, juste pour ne pas avoir à lui parler parce que je suis hyper-timide», avait-elle avoué, dans un sourire.