Alex Frei et «son» FC Bâle vont au-devant d'une semaine décisive avec deux matches à l'extérieur programmés contre Grasshopper. La situation de la légende du club rhénan pourrait devenir intenable en cas d'échec en 8e de finale de la Coupe de Suisse mercredi.
C'était le calme avant la tempête. Tandis que les tambours des supporters du FCB marquaient sourdement le rythme de la vaine vague offensive finale des joueurs bâlois samedi soir, les derniers préparatifs étaient en cours dans la salle d'interview à quelques mètres du terrain du Parc Saint-Jacques.
Peu après 22 heures, le coup de sifflet final de l'arbitre Luca Cibelli sonnait le glas des espoirs du FC Bâle, battu pour la première fois depuis près de huit ans à domicile par le Lucerne (3-2). «J'en ai marre», pouvait-on entendre résonner plusieurs fois dans les couloirs.
Le capitaine s'énerve
Les nerfs étaient à fleur de peau. Sur le terrain, de nombreux joueurs bâlois ont évité le passage obligé devant la Muttenzerkurve pour remercier les fans de leur soutien. Ce qui a fait sortir de son habituelle réserve le capitaine bâlois Fabian Frei, qui s'est même disputé avec Taulant Xhaka.
Lors de la conférence de presse, le chef de la communication du FCB Simon Walter a tenu à souligner que tout allait bien entre Fabian Frei et Taulant Xhaka. Il a précisé que le premier s'était simplement énervé contre les joueurs qui avaient disparu sans remercier les fans.
Dans une interview pleine d'émotion, le capitaine bâlois a ensuite parlé d'un «no-go absolu» dans le comportement de certains de ses coéquipiers. Il a évoqué une éducation déficiente et un manque de respect envers les supporters qui avaient fait le déplacement malgré un froid glacial.
Fabian Frei en est venu à un sujet qu'il avait déjà souvent abordé: le manque d'efficacité devant les buts adverses. Mais il a très vite prononcé une phrase qui révèle que les soucis du FC Bâle sont bien plus graves qu'une passe imprécise ou un tir raté: «Si nous devons discuter de choses comme remercier les supporters après le match, le fait de marquer des buts n'est même pas notre plus gros problème».
La patience de Degen
Président du conseil d'administration et copropriétaire, David Degen avait assuré avant la reprise que tout irait mieux dans cette nouvelle année. Après deux matches et un seul point gagné, le FCB semble plutôt se retrouver au creux de la vague, ce qui soulève la question de savoir si les Bâlois devront trembler pour se qualifier pour une compétition européenne.
La première moitié de la saison de Super League s'est officiellement terminée avec le match contre Lucerne, pour un bilan on ne peut plus décevant: 22 points en 18 matchs, pour une 6e place provisoire. Depuis l'introduction de la Super League en 2003, jamais le FCB n'avait réalisé un premier tour aussi faible.
Il est ainsi presque surprenant que, dans un tel contexte, le mécanisme le plus courant dans ces périodes sportivement insatisfaisantes n'ait pas encore été appliqué. L'entraîneur Alex Frei est toujours en poste. Son prédécesseur, Patrick Rahmen, a été licencié il y a tout juste un an, alors que son équipe occupait la 3e place avec 40 points, et après une victoire 3-0 contre Lausanne.
Le fait que Degen se montre plus patient avec Alex Frei s'explique notamment par le fait que le meilleur buteur de l'histoire en équipe de Suisse possède un statut de légende au sein du club, et qu'il entretient des relations amicales avec Degen. De plus, un licenciement de Frei pèserait sur le budget, qui prévoit à nouveau une perte de 1,2 million de francs pour 2022.
Quelles solutions?
Un remaniement du staff d'entraînement irait à l'encontre des plans d'économie. D'autant plus qu'il est difficile d'imputer au seul Alex Frei toute la misère bâloise, bien qu'il se soit identifié lui-même comme le principal coupable à plusieurs reprises devant les médias: «C'est toujours de ma faute. Pas de problème», dit-il. «Je dois chercher des solutions».
Dans un effectif qui semble déséquilibré, avec de nombreux jeunes joueurs prêtés par des clubs étrangers, cela semble être une tâche herculéenne. Cette constellation recèle un potentiel conflictuel à plusieurs niveaux: d'une part, les jeunes sont généralement plus sujets aux erreurs. D'autre part, ils ne s'identifient pas au club, ce qui serait pourtant essentiel pour fidéliser les supporters.
Mercredi, le FCB se rendra chez les Grasshoppers pour les 8es de finale de la Coupe, avant que les deux équipes ne s'affrontent à nouveau samedi en championnat au même endroit. Ces deux dernières années, les 8es de finale ont toujours été synonyme de fin de parcours pour les Bâlois.
Alex Frei survivrait-il à une nouvelle désillusion? Rien n'est moins sûr. La patience de David Degen, qui voulait rendre le FC Bâle moins «cher», former des talents, ramener le succès et les titres, générer des millions et jouer la Ligue des champions, a ses limites. Il a sans doute réussi son premier objectif, mais semble plus éloigné que jamais des autres.