Ski alpin Saalbach 1991 : des tragédies, la guerre et une querelle suisse

ber, ats

30.1.2025 - 10:25

Les derniers Mondiaux disputés à Saalbach-Hinterglemm, en 1991, occupent une place particulière dans l'histoire du ski alpin. L'événement s'est déroulé dans une période de tragédies et de guerre.

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Keystone-SDA, ber, ats

L'anticyclone, qui a offert un temps magnifique pendant près de deux semaines, ne convenait pas vraiment. Malgré le soleil, il y avait beaucoup d'ombre dans la vallée de Glemm de la fin janvier jusqu'au début du mois de février. Les drapeaux en berne étaient le signe visible de compétitions disputées dans un contexte hors normes.

La secousse mondiale n'était qu'une question de temps. Quatre jours avant une cérémonie d'ouverture finalement annulée, les mauvaises craintes devenaient réalité. La deuxième guerre du Golfe commençait, une coalition dirigée par les Etats-Unis lançait une contre-attaque contre l'Irak qui avait annexé le Koweït l'été précédent.

Le sport était relégué au second plan, les débats sur le sens et le non-sens d'un championnat du monde dans de telles circonstances étaient ouverts. Mais le gouvernement autrichien et la Fédération internationale de ski (FIS) se sont rapidement mis d'accord pour maintenir le programme à Saalbach-Hinterglemm. Tout le monde s'accordait à dire qu'une annulation n'aurait résolu aucun problème.

La tragédie de Reinstadler

Les réflexions sur les conséquences possibles de l'éclatement de la guerre dans la péninsule arabique n'ont toutefois duré que quelques heures. Il n'y avait déjà plus de place pour elles, du moins dans le cercle de la famille du ski, après la tragédie qui s'est déroulée à Wengen où l'horreur a fait place à la tristesse.

Le 19 janvier, soit trois jours avant le début des Mondiaux, le Tyrolien Gernot Reinstadler, 20 ans, succombait à l'hôpital d'Interlaken aux graves blessures (abdominales) qu'il avait subies la veille lors de sa chute lors des qualifications pour la descente du Lauberhorn.

Gernot Reinstadler était décédé à trois jours de l'ouverture des championnats du monde de ski à Saalbach.
Gernot Reinstadler était décédé à trois jours de l'ouverture des championnats du monde de ski à Saalbach.
KEYSTONE

Les images terribles de l'Oberland bernois n'ont évidemment pas pu être occultées à Saalbach-Hinterglemm, pas même par les succès des skieurs locaux qui, dans des circonstances normales, auraient assuré une fête du ski inoubliable. Pour la première fois depuis treize ans, l'Autriche retrouvait sa place de numéro 1. Grâce à onze médailles, cinq en or et trois en argent et en bronze, les athlètes de l'ÖSV remplaçaient la Suisse en tête du classement par nation.

De leur côté, les Suisses n'ont pas déçu: trois médailles d'or, une d'argent et deux de bronze. Le bilan était conforme aux attentes, voire légèrement supérieur. Franz Heinzer, trois fois 4e aux Championnats du monde, remportait enfin l'or en descente, Vreni Schneider en slalom et Chantal Bournissen en combiné.

Il aurait été bien trop présomptueux de comparer ces résultats avec ceux obtenus quatre ans plus tôt à Crans-Montana, où les Helvètes avaient déclassé la concurrence en remportant huit titres et en montant au total 14 fois sur le podium. D'autant plus après les retraites de Pirmin Zurbriggen, Michela Figini et Maria Walliser.

Le conflit avec Frehsner

La délégation suisse n'a pas seulement fait parler d'elle grâce à de solides performances sur la piste, mais aussi en dehors. Le conflit qui couvait à l'époque depuis environ un an entre Karl Frehsner, l'entraîneur en chef de l'équipe masculine, et Paul Berlinger, le chef du sport d'élite, avait franchi une nouvelle étape.

Frehsner avait une nouvelle fois critiqué Berlinger en public. L'Autrichien n'acceptait pas Berlinger comme son supérieur et demandait qu'il soit directement subordonné au directeur de la Fédération suisse Kurt Brudermann. La direction de la fédération, avec son président Max Steinebrunner, rejetait ce souhait en expliquant qu'il fallait s'en tenir à la hiérarchie en vigueur. La collaboration avec Frehsner a finalement pris fin en juillet.

Au sein de la solide équipe d'Autriche, un skieur qui n'avait pas encore gagné en Coupe du monde s'est distingué: Stephan Eberharter, âgé d'à peine 22 ans, est devenu le grand homme de ces Mondiaux grâce à ses victoires en super-G et en combiné. Son règne en super-G a d'ailleurs duré cinq ans, annulation de cette épreuve à Morioka 1993 et report d'un an des Mondiaux de la Sierra Nevada obligent.

La tragédie de Nierlich

Rudi Nierlich faisait alors également partie de l'équipe autrichienne. Deux semaines et demie avant son 25e anniversaire, le surdoué du Salzkammergut a même défendu avec succès le titre qu'il avait remporté à Vail en slalom géant. Deux ans auparavant, il avait également décroché l'or en slalom dans le Colorado.

«Quand ça va, ça va», avait coutume de dire Rudi Nierlich. Mais le destin a frappé de manière tragique trois mois et demi seulement après son troisième sacre mondial: il trouvait la mort dans un accident de voiture, près du domicile de ses parents, par un sombre matin pluvieux.