La double championne du monde des moins de 23 ans Debora Annen suit les traces de son père Martin Annen, bien que celui-ci ne voulait pas qu'elle devienne bobeuse. Et elle non plus d'ailleurs.

Avec un papa triple médaillé olympique et double médaillé aux championnats du monde, la fille devait presque inévitablement se tourner vers le bobsleigh. Et pourtant: «Mon père ne voulait pas vraiment que je fasse du bob», confesse Debora Annen, «il trouvait ça trop dangereux».
Ce n'était au départ pas un problème. Debora Annen voulait en fait devenir handballeuse, avec de vraies ambitions. «Je jouais au LK Zoug et je voulais faire une carrière internationale, jouer à l'étranger», raconte la jeune Schwytzoise de 22 ans dans un entretien à Keystone-ATS.
Cependant, son corps, et plus précisément ses coudes, n'ont pas suivi. Même plusieurs opérations n'ont pas permis de la soulager. Le handball lui tenait pourtant tellement à cœur qu'elle a même essayé de jouer de la main gauche lorsque les douleurs au coude droit sont apparues. Mais là aussi, elle a rapidement souffert.
Le plan quinquennal du père
Debora Annen a commencé le handball à la maison, à Goldau, dans le club local, comme sa sœur aînée avant elle et son frère cadet ensuite. Le papa était content: «Le handball, c'était parfait pour lui, il s'amusait déjà dans la salle», raconte-t-elle. Mais son corps, qui n'était manifestement pas fait pour le handball, en a décidé autrement.
Lors d'un trajet en taxi avec un autre ancien bobeur de très haut niveau. Marcel Rohner, elle a finalement attrapé le virus du bob. Elle misait alors encore à fond sur le handball. Mais en décembre 2020, à 18 ans, Debora Annen a dû se rendre à l'évidence: cela n'avait plus de sens.
Sur les câbles de direction du bob, ses coudes ne lui posent plus de problème. Entre-temps, elle a également convaincu son père: «Il était très nerveux lorsque je suis descendue seule pour la première fois. Mais après l'école de bob, j'ai dit que c'était ce que je faisais. C'est depuis là qu'il m'a soutenue à fond».
L'expertise de l'ancien pilote d'élite est bien sûr inestimable pour elle. «Nous nous sommes tout de suite assis ensemble et avons fait un plan pour les cinq prochaines années, c'est-à-dire jusqu'aux Jeux olympiques de 2026», souligne-t-elle. Jusqu'à présent, ce plan a parfaitement fonctionné.
Pour sa première saison complète de Coupe du monde, Debora Annen a déjà obtenu deux 4es et une 5e place en monobob, ainsi qu'une autre 5e place en duo. De plus, elle a atteint son grand objectif et a été sacrée championne du monde des moins de 23 ans dans les deux disciplines à Altenberg. «Je suis super contente», glisse-t-elle d'ailleurs. Bien sûr, certaines choses ne se sont pas déroulées de manière optimale. Mais «dans l'ensemble, ça a été une saison très cool pour nous.»
Il reste encore une course à disputer, les championnats du monde de bob à deux qui se dérouleront vendredi et samedi à Lake Placid. Elle poursuit son apprentissage sur l'exigeante piste du nord de l'Etat de New York, où elle a encore nettement moins de descentes que la majorité de ses concurrentes. En monobob, elle a d'ailleurs dû se satisfaire d'une 13e place.
Que le sport jusqu'aux Jeux olympiques
Jusqu'à présent, le plan quinquennal se déroule de manière optimale, les JO 2026 devraient être une réalité. D'ici là, Debora Annen deviendra une professionnelle du bob, après avoir travaillé l'été dernier dans le restaurant de son père et commencé sa formation hôtelière. Cet été, elle effectuera l'Ecole de recrue pour sportifs d'élite et pourra se concentrer pleinement sur le sport.
Et ensuite? Debora Annen rigole: «Nous ferons alors un nouveau plan», lâche la Schwytzoise, qui veut en tout cas continuer au moins jusqu'aux Jeux olympiques de 2030, lorsque les courses auront lieu à La Plagne. A 28 ans, elle aura alors l'âge idéal pour le bobsleigh et ne sera définitivement plus une apprentie.