Champion du monde 1998, exploit fondateur d'un destin singulier, Zinédine Zidane est né sous une bonne étoile. Mais le génial meneur des Bleus, devenu entraîneur triomphant au Real Madrid, s'est souvent montré imprévisible, à tel point qu'une arrivée au PSG de l'enfant de Marseille semble crédible.
Cet art du contre-pied, l'icône du football français (49 ans) l'a entretenu en tournant le dos à son adolescence de minot marseillais, à cette ville qui l'avait consacré en 1998 avec un portrait géant sur la Corniche, face à la Méditerranée. Le voilà proche, selon Europe 1 et RMC Sport, d'un accord avec le PSG, le rival honni, mais dont les ambitions européennes cadrent mieux avec celles de «ZZ».
«C'est ce en quoi je suis atypique: je n'ai pas de plan de carrière», confiait Zidane à l'AFP en 2020. «J'ai juste des envies, j'ai juste le même plaisir à m'entraîner aujourd'hui que quand j'étais joueur. Et quand ça n'ira pas, ou qu'il faudra faire autrement, je ferai autrement.»
Par le passé, Zidane a déjà dribblé les voies toutes tracées. Il a quitté le banc du Real à deux reprises, au moment où les Madrilènes s'y attendaient le moins: en pleine gloire fin mai 2018, quelques jours seulement après un troisième sacre consécutif en Ligue des champions (2016-2018), exploit inédit pour un entraîneur. Puis à nouveau au printemps 2021, après un nouveau mandat de deux ans couronné de succès mais pas exempt de critiques.
Coup de théâtre et coup de tête
Ce côté déconcertant est une constante de ses deux carrières, le propre d'un talent immense qui a toujours déboussolé adversaires et spectateurs.
Comme quand, après avoir pris sa retraite internationale en 2004, Zidane est revenu soudain en équipe de France en 2005, jusqu'à conduire les Bleus jusqu'en finale du Mondial 2006 contre l'Italie. Ce coup de théâtre s'est achevé par un coup de tête sur l'Italien Marco Materazzi en mondiovision et un carton rouge clôturant étrangement sa carrière de joueur.
Dans sa seconde vie, Zidane aurait pu confortablement jouir de sa célébrité et de ses partenariats publicitaires. Mais «Zizou» voulait se former, étudier, gagner par mérite ce que l'on lui offrait par notoriété. Il a donc passé ses diplômes d'entraîneur à Limoges, en France. «J'ai arrêté l'école très tôt, je me devais de me préparer», confiait-il.
Installé à Madrid où ses quatre fils ont successivement porté les couleurs du Real après lui, le Marseillais a occupé tous les postes au sein de la «Maison blanche»: conseiller du président, directeur sportif, entraîneur adjoint, entraîneur de la réserve, jusqu'à s'asseoir en janvier 2016 sur le banc de l'équipe première avec la réussite que l'on sait.
Meneur d'hommes
Qui aurait pu prédire un tel destin en voyant le jeune «Yazid», comme l'appellent ses proches, pousser ses premiers ballons au pied des immeubles de la Castellane, cité de Marseille occupée à l'origine par des dockers et rapatriés d'Algérie?
La vie de ce garçon réservé aux yeux perçants, issu d'une famille de cinq enfants aux parents originaires de Kabylie, a basculé le soir du 12 juillet 1998, quand deux buts de la tête ont porté l'équipe de France sur le toit du monde (3-0 face au Brésil). A 26 ans, «Zizou» devient l'idole d'une foule en liesse sur les Champs-Elysées, le porte-drapeau de la triomphante génération «black-blanc-beur», dont l'euphorie est prolongée deux ans plus tard par un sacre à l'Euro-2000.
En 2001, le «divin chauve» rejoint ce qui deviendra «le club de (sa) vie», le Real Madrid, recruté, déjà, par le président Florentino Pérez, à qui il offre la C1 2002 d'une reprise de volée mémorable de son «mauvais» pied, le gauche. Le début d'«une histoire d'amour belle et éternelle», selon les mots de Pérez à l'AFP, prolongée dans le rôle d'entraîneur où Zidane révèle un vrai potentiel de meneur d'hommes et une aura inégalable.
Joueur taiseux devant les micros, «Coach Zizou» devient un as de la communication, à coup de sourires mystérieux et de phrases toutes faites. Longtemps, ses détracteurs en Espagne l'ont dépeint en simple «remplisseur de feuille de match», bien aidé par sa «fleur» (sa bonne étoile) et les buts de Cristiano Ronaldo. Un à un, il les a fait taire.
«Il comprend les joueurs parfaitement. C'est l'un des meilleurs entraîneurs, c'est certain», confiait à l'AFP Luka Modric, Ballon d'Or 2018.
La suite semblait écrite: Zidane, qui soignait sa condition physique une raquette de padel à la main, aurait dû prendre les rênes de l'équipe de France après Didier Deschamps. «Ça se fera naturellement», disait-il. Mais par un nouveau contre-pied, le voilà proche du PSG.
ATS